Toboggan et Bac à sable

Aujourd’hui, comme c’est les vacances, je vous propose de parler de ces deux attractions 😀 Non en vrai on va parler de deux façons de voir le JDR et les jeux narratifs en général !

Préambule :

Avant de commencer, je voudrai clarifier quelque chose dès le départ.

Comme souvent, il ne s’agit pas ici de deux pôles absolus, uniques et binaires mais plutôt d’un curseur que l’on place entre ces deux extrêmes. Comme aucun jeu n’est 100% narrativiste, ludiste ou gamiste, aucun jeu n’est 100% toboggan ou bac à sable.

Il faut voir ces différences comme une forme de carte de positionnement 3D avec en X, en Y et en Z ces différents axes.

Au cours de la même partie on peut très bien osciller de l’un à l’autre en fonction du contexte.

Enfin bien sûr : la haine primaire d’un pôle ou d’un autre n’a aucun intérêt…

Toboggans, on embarque !

Un JDR toboggan est un jeu où l’on fonce dans une aventure assez linéaire dont on ne peut pas (ou alors assez peu) s’écarter. C’est un peu le principe du train fantôme. On embarque et c’est parti.

Le MJ dans ce genre de parties est seul maître à bord et opère un contrôle assez fort sur les évènements. Il ou elle veut que vous fassiez quelque chose, il vous amène d’un point A à un point B.

Un bon toboggan est mené par un MJ solide qui a préparé ses effets, ses rencontres et chaque possibilité avec soin et précision. Généralement, il ou elle a tout préparé à froid (musiques, illustrations, dialogues) avec minutie, a bêta-testé son scénario, l’a revu et corrigé.

Toboggan de JDR !
Alors oui y’a des sensations fortes, des revirements, de la vitesse, mais pas de déviation 😉

Il a aussi été borné temporellement et scénaristiquement. Le scénario commence ici et finit là, pour une durée prédéfinie. Il a une fin définitive après laquelle rien n’est prévu.

Ainsi, un tel scénario vous fera vivre (normalement) une belle histoire maîtrisée et intense. Vous y serez, en tant que joueurs, moins sollicités, mais vous avez pour vous de vivre à fond la proposition qui vous est faite.

Avantages et Inconvénients :

Avantages :

  • Une histoire forte et maîtrisée
  • Une cohérence à toute épreuve
  • Une ambiance assurée

Inconvénients :

  • Un côté « couloir » , de manque de liberté
  • Le risque d’avoir un MJ insuffisamment préparé ou au contraire démiurgique et tyrannique
  • Une implication moins forte si on ne rentre pas dans le délire

Tu viens jouer dans le bac à sable ?

Tiens d’ailleurs vous pouvez aller voir un article connexe sur les mondes ouverts 😉

Vous êtes probablement bien plus familier avec le principe des bacs à sable qu’avec les toboggans. L’idée du bac à sable est relativement transparente : le maître du jeu vous propose un bac à sable, un espace ouvert (plus ou moins délimité) dans lequel vous êtes libres de vous déplacer, de construire et de créer.

Il faut un peu de travail en amont de la part du MJ pour préparer le setting et maîtriser le système de jeu. Puis une fois la partie lancée, le MJ n’a pas grand chose à préparer et à faire.

Il est désormais dans le pur rôle d’interface entre le monde et les joueurs. Cela demande de la part des joueurs un talent de proactivité certain, qui doit être explicité au début de la partie. Le MJ est aussi animateur, dans le sens où il doit stimuler les joueurs si ceux-ci perdent un peu d’énergie ou ne rentrent pas rapidement dans le jeu.

L’immersion passe ici par la capacité des joueurs à sentir l’univers et à celle du MJ à le rendre tangible, à la capacité qu’ils ont de faire quelque chose qui influe sur l’univers de façon réelle.

Ce type de jeux repose aussi sur une certaine part d’improvisation. Les histoires, d’un point de vue purement narratif, peuvent être un peu plus fragiles. Forcément, le scénario, l’histoire ou le donjon sont parfois inventés à la volée à l’aide de tables aléatoires et de discussion avec le groupe.

Alors oui c’est pas hyper joli ni hyper fignolé, mais c’est MON château et on va y vivre une belle aventure inventée 😀

De fait, un bac à sable n’a pas de durée, pas de bornes (ou alors elles sont très très larges) autres que l’imagination et les objectifs que se fixe le groupe.

La puissance des parties et de l’histoire vient donc de l’implication des joueurs et de leur capacité à se projeter.

Avantages et inconvénients

Avantages :

  • Un grand sentiment de liberté pour le groupe
  • Une souplesse à toute épreuve
  • La sensation d’avoir une prise sur le monde

Inconvénients :

  • Des « scénarios » plus fragiles narrativement
  • Certains groupes peuvent ne pas être proactifs
  • Demande une certaine préparation en amont pouvant être rébarbative

Conclusion :

Il y a beaucoup à dire encore sur ces deux systèmes que je vous propose ici succinctement. N’hésitez pas du coup à me dire en commentaire ce que vous, vous pensez de cette approche.

J’espère aussi que cet article vous aura plu ! Partagez le sans modération 🙂 C’est aussi ça qui fait vivre le blog 😉

Guillaume COEYMANS

Le JDR serait-il le meilleur moyen de supporter la canicule ?

Dans mes pénates Bordelaises, la chaleur est plus que palpable et lors d’une nuit à presque 25°, en cherchant le sommeil, l’idée me vint : Le JDR est-il LA solution pour supporter la canicule ? On regarde ça en détails !

Pour se faire, nous allons nous appuyer sur les conseils du ministère de la santé :

Quelques conseils pour survivre à la canicule, adaptés au JDR

Mouiller son corps et se ventiler :

Le JDR est l’activité parfaite pour ça ! Entre les joueurs qui brassent de l’air, les feuilles de personnages qu’on tourne et retourne et les postillons de chacun, nous pouvons sereinement dire qu’une partie de L’Appel de Cthulhu vous protégera de la canicule !

Donner et prendre des nouvelles de ses proches :

A l’instar d’un Farador, organiser une partie avec vos ami-e-s que vous n’avez pas vus depuis longtemps est à la fois un super moyen de prendre de leurs nouvelles, de jouer et de se retrouver !

Et qui n’a jamais rêvé de voir Mamie Josianne en barbare demi-orque mouliner du gob ?

Ne pas boire d’alcool :

Les rôlistes étant des ascètes au mode de vie parfaitement sain, ce point est tout à fait respecté bien entendu ! Chaque participant et participante est libre d’amener sa boisson détox préférée et son jus de goyave, aucun souci !

Fermer ses volets le jour :

C’est bien connu, nous, rôlistes vivons dans les caves des facultés et dans nos grottes ludiques, tels des troglodytes modernes !

Une partie de JDR est donc l’endroit idéal pour être au frais ! En plus le soleil ça fait des reflets sur les écrans donc c’pas pratique…

Manger en quantité suffisante :

Peut être devrons nous faire un effort, car comme je le disais, nous sommes des ascètes ! Mais grâce à Homo Ludis vous savez quoi manger en partie de JDR !

Éviter les efforts physiques :

Le lancer des dés étant un exercice difficile mais maîtrisé par les rôlistes, vous ne prendrez aucun risque au cours de votre partie de JDR.

En plus tout les efforts seront faits par votre personnage, vous pourrez tranquillement rester au frais tandis que votre investigateur souffrira, quoi de mieux ? 😀

Voilà, j’espère que cet article un peu plus décalé et humoristique vous aura plu ! Bien sûr, pour tous les camarades qui sont en plein cagnard (comme on dit chez moi) faites attention à vous et hydratez vous !

Guillaume COEYMANS

La clé d’une partie réussie est plus simple que vous ne le pensez

Récemment, j’ai fait une partie dans un univers personnel de cape et d’épées avec 6 joueurs et joueuses. Système assez léger ayant pour but d’être épique, personnages variés et bigarrés, pas mal de choses partaient bien. Pourtant il a manqué quelque chose, surtout dans un groupe si grand, du liant, de la « texture » dans le scénario pour qu’il s’emballe et devienne excellent. Du coup ça m’a fait réfléchir et je vous raconte ça !

Une erreur classique :

Vous avez sûrement déjà vécu ce genre de parties un peu frustrantes où l’univers est super intéressant, le système vous correspond et les personnages sont tops.

Pourtant quelque chose ne marche pas. Comme disent les anglophones, « it doesn’t click ». Chacun joue un peu dans son coin avec le MJ, n’entrant en contact avec les autres que lorsqu’il y a une utilité pragmatique.

A contrario, un jeu qui vous paraît bancal avec un système bifbof et un univers manquant de cohérence donne parfois de super parties. Là tout fonctionne avec fluidité, le groupe est soudé, impliqué et motivé.

Alors il y a beaucoup d’explications possibles à ces deux situations : un excellent MJ, un contexte favorable et bien d’autres.

Mais moi j’ai envie de me pencher sur un cas précis : les relations entre les personnages. C’est la partie que je mentionnais plus haut qui m’a donné l’envie d’écrire sur ce sujet précis.

Un groupe gravé dans le marbre
Pour que votre groupe finisse gravé dans le marbre, les relations sont indispensables

Story time :

Je reviens sur cette partie que j’évoquais dans l’introduction.

On avait donc un univers de cape de d’épées, avec des personnages prétirés forts. De tête, un ancien pirate (moi), une princesse, un chevalier désargenté, une chevalière (vous voyez Brienne dans GoT ? bah pareil), un inquisiteur et un mousquetaire.

Un groupe plutôt éclectique donc, ce que je trouvais intéressant. D’autant que mon BG m’indiquait que j’avais une bonne raison d’être là. C’est à dire que mon personnage était, en gros, criblé de dettes et ses créanciers l’ont envoyé ici avec pour promesse d’effacer une partie de sa dette.

Histoire sur les relations entre mes personnages

Et c’est là que ça commence à coincer. Rien dans les infos que j’ai ne me relie aux autres. Rien même d’évoqué, alors qu’il y avait de la place pour ça.

Du coup la partie s’est principalement déroulée entre le MJ et chaque PJ, non avec le groupe. Je n’avais aucune raison de rentrer en contact avec mes comparses hormis pur pragmatisme.

Pour m’amuser et meubler aussi les parties où je n’étais pas en discussion avec le MJ, j’ai improvisé quelque chose avec un autre des personnages. Mais c’est resté superficiel. C’est dommage !

La clé est dans les relations :

Vous le savez déjà !

Vous avez compris, je crois, où je veux en venir. Essayez de vous souvenir dans les récits que vous connaissez, tout média confondus. Cherchez ceux qui a priori se passent dans un contexte que vous n’attendiez pas et qui ont su vous embarquer, tant dans leur univers que dans leurs personnages. Ça y est, vous l’avez ?

Moi ce fut, récemment, Chernobyl (original…). Le contexte pourrait être lourd, la série technique et barbante malgré un peu d’action. Pourtant des personnages bien écrits qui fonctionnent les uns avec les autres, avec des enjeux clairs et une entente (bonne ou mauvaise) très forte et paf ça fait des chocapic.

Vous quand vous pensez aux exemples de relations que j'ai donné pour vos JDR
Vous quand dorénavant vous penserez aux relations entre vos personnages…

Par exemple, micro-spoil : quand Legassov parle avec Chtcherbina dans l’hélicoptère qui l’amène sur le lieu de la catastrophe. On voit Legassov, stressé, qui n’ose pas parler au bureaucrate. Pourtant, celui-ci, conscient de l’importance du personnage, lui demande des explications. On comprend qu’ils ont besoin l’un de l’autre. Son exposé fini, Chtcherbina lui dit « Maintenant je peux vous tuer » (en gros). Ils ont besoin l’un de l’autre, parce que Chtcherbina est conscient que ces explications ne sont pas suffisantes pour se passer de Legassov. Pourtant on a compris. Il y a une domination hiérarchique et symbolique entre ces deux personnages.

Plus fort encore ! L’évolution de la relation entre ces deux personnages qui finissent unis par une amitié forte est très bien écrite et clairement un point fort de la série. FIN DE SPOIL

Exemple hors spoiler que vous connaissez tous. Legolas et Gimli. Hors du scénario, il est plus que passionnant de suivre leur relation évoluer et changer au fil du temps et des films. Pourtant les aficionados savent que ces personnages ont été profondément réécrits pour les films.

Mettre les relations en scène

Cela vaut, à mon sens, pour les MJ qui écrivent des prétirés, les organisateurs de GN et toute personne qui écrit des scénarios avec des personnages. Et pourquoi pas aussi aux improvisateurs 😉

Ma solution sera simple : NE NÉGLIGEZ PAS LES RELATIONS ENTRE LES PERSONNAGES. C’est aussi simple que ça.

Dans l’exemple que j’ai pris, les personnages étaient développés et intéressants, avec un passé, des motivations et un vrai caractère. Avait juste été négligée la relation aux autres.

On peut le faire de façon un peu artificielle, toujours dans le même exemple, en indiquant que j’avais perdu un frère en mer et que je le cherchais depuis. Puis d’ajouter dans le lore d’un autre qu’il avait perdu la mémoire suite à un accident en mer. Ok c’est un peu artificiel mais ça crée du liant dans le groupe ! Et ça c’est essentiel.

Le forge des relations
Les relations entre vos PJs sont le creuset dans lequel votre groupe va se forger

Trouvez une raison à vos personnages d’être ensemble. Cela n’inclue pas forcément qu’ils se connaissent, c’est indépendant de ça, comme l’exemple de Chernobyl cité plus haut.

Des gens appartenant à des camps opposés ou au contraire appartenant à la même minorité opprimée. Des connaissances en commun ou autre. A vous d’être imaginatifs ! J’ai bien confiance dans les créateurs et créatrices pour avoir de super idées.

En épaississant ainsi les relations entre vos personnages, vous donnez de la texture à votre aventure, du relief à votre groupe et surtout cela permettra à votre groupe de devenir un personnage supplémentaire avec qui interagir.

En JDR et en GN, si le MJ/orga ne l’a pas prévu, il ne faut pas hésiter à tisser ces relations entre vous et d’accepter de faire ce que le MJ n’a pas prévu. Ainsi vous vivrez une expérience plus riche et plus forte.

J’espère que ce focus sur les relations entre personnages vous aidera à vivre des parties plus fortes et plus intenses ! N’hésitez pas si vous avez des commentaires ou des expériences à partager !

Guillaume COEYMANS

Le contrat de table : une révolution ?

Article qui me traîne en tête depuis longtemps, mais comme vous l’avez vu, on est peu actifs ces temps-ci par manque de temps principalement. Mais nous revoilà ! Avec peut être ce qui peut clouer le bec à tous et toutes, en toute modestie bien entendu.

Un concept simple :

Comme son nom l’indique, le contrat de table est un accord que vous mettez en place entre les gens qui participent à votre table de jeu.

Cet accord vise simplement à expliciter le style de jeu et les conditions dans lesquelles vous souhaitez que la partie se déroule. Cela avant même le début de la partie.

Ainsi chacun et chacune sait où l’on va, et l’on est sûr d’avoir un groupe en phase avec l’ambiance et le style de la partie.

A quoi ça sert ?

Avoir un contrat de table explicite s’inscrit dans la mouvance actuelle qui remet le joueur au centre du loisir. A l’instar des PBTA, des jeux à fonction de MJ diluée, sans dés, etc., le MJ n’est plus forcément le seul maître à bord (après Gary) : la responsabilité est partagée entre les participants et participantes.

Avec un contrat de table, vous ne prenez pas vos joueurs et joueuses par surprise.

L’idée bien sûr n’est pas de « spoiler » votre scénario mais simplement de parler de votre vision de la partie à venir.

Ainsi vous serez à même d’attirer ceux qui sont intéressés par vos thématiques et celles et ceux qui ne sont pas du tout « dedans » passeront leur chemin. Idéal pour avoir un bon groupe.

Tous d'accord pour le contrat
La vie est simple comme des gens d’accord

Là où ça peut être très utile, par exemple, c’est lors d’une convention. On a souvent le descriptif d’une partie, avec le nom du jeu et un synopsis. C’est chouette mais souvent peu suffisant. Car vous le savez, avec le JDR on peut tout faire. Du coup quand on vous dit :

« Tridents et Wyrms, MJ : Jean-Miche, Synopsis : Vous êtes des aventuriers qui vont à la recherche d’un trésor perdu. »

Bon, pourquoi pas, mais en vrai on ne sait rien de la partie qui va se dérouler. C’est là qu’intervient le contrat de table. Rajoutez à cette description simplement : « Aventure, simulation, combats violents. Attention : on joue by the book »

On a déjà une meilleure vision de ce qui nous attend. On peut même aller plus loin en ajoutant « Univers medfan classique, possibilité de violences psychologiques fortes ».

Là on est bien. Si cela vous est égal, vous pouvez aller jouer sans inquiétude. Si vous êtes sensible à l’une des thématiques (perso du medfan By the Book, je fuis), vous passez votre chemin. Enfin si vous n’êtes pas encore décidé, vous pouvez toujours aller en parler avec le MJ.

Notons qu’ici il n’y a pas de spoiler !

C’est donc ça qui est pratique avec un contrat « écrit », c’est un filtre pour vous permettre de constituer une équipe qui sait où elle va.

Un outil flexible :

Une multitude d’usages

Juste avant, je vous ai montré un exemple de contrat de table. Mais vous pouvez faire bien plus simple ! Une fois vos camarades attablés il vous suffit de dire « Alors on va parler de ça et ça, les règles je m’en sers un peu mais je privilégie l’histoire à l’application stricte. A priori il n’y a pas de sujets graves, mais si quelque chose vous gêne, dites le » et hop on sait où on va.

Vous pouvez imaginer toutes sortes de mise en place pour expliciter ce que vous voulez faire. J’ai souvenir par exemple d’un MJ qui nous a proposé une partie avec le livre de scénario ouvert devant lui, sans écran et qui nous a dit directement ce qu’on allait faire, dans le détail.

Il nous a laissé le choix du scénario, nous indiquant que l’un d’eux pouvait être assez choquant car il s’inspirait du film « Délivrance ». Après discussion, nous avons décidé de faire celui-là en étant tous d’accord dessus.

On pourrait hurler au spoiler, au sensibilisme et à la fragilité (je vois pas trop pourquoi mais bon…). Pourtant ça a été une des meilleures parties de JDR que j’ai jamais faite. Le contrat était clair, on était tous d’accord et du coup ça a matché parfaitement !

C’est de la communication humaine basique, somme toute ! Quand vous êtes MJ vous avez une idée précise de ce que vous voulez. Pensez juste à la partager, tout le monde n’est pas dans votre tête ou ne vous connaît pas très bien 😉

C’est un outil qui peut être moins « intimidant » que la X-card et qui ne repose sur aucun « matériel » mais simplement sur la confiance et la transparence.

Si vous voulez surprendre vos joueurs, dites leur. Cela paraît paradoxal mais si vous annoncez « JDR surprise ! », seuls ceux qui sont prêts à se faire surprendre viendront. Encore une fois, c’est le meilleur moyen d’avoir une belle table !

Un outil pour aller plus loin :

Grâce à un contrat clair, on peut en réalité faire beaucoup plus de choses que sans. Pourquoi ? Parce qu’on s’enlève la pression de « plaire à tout le monde ». Vous avez envie d’une table où vous jouez des blobs cotonneux qui parlent yiddish ? Vous pouvez ! Vous êtes sûr-e que les PJ qui viendront à votre table sauront à quoi s’attendre.

Bien entendu, et c’est là que c’est important, il en va de même pour les tables mettant en scène de la violence brute, des sévices psychologiques ou des settings dérangeants. En étant clair sur ce que vous proposez vous réduisez drastiquement le risque de joueurs ou joueuses qui quittent la table, qui vivent mal la partie ou qui juste ne passent pas un bon moment.

Ainsi, vous et vos joueurs seront aptes à se débrider et aller vraiment très loin dans l’horreur, la violence ou autre car ils savent qu’ils auront l’aval du groupe qui est d’accord pour aller dans ce sens.

Enfin, vous pouvez aussi partir dans des concepts beaucoup plus perchés et philosophiques. Par exemple, ne lancez pas une partie de Sens : Hexalogie sans avertir un minimum votre groupe des thématiques et du style de jeu. Sinon le risque de vous retrouver avec un groupe qui pensait faire un Tales Of Equestria-like peut venir vous gâcher la partie.

Conclusion :

Le contrat de table n’est donc pas une révolution, c’est juste la formalisation de quelque chose que beaucoup d’entre vous pratiquez déjà ! Par contre sa généralisation est une bonne chose et cela permet de clouer le bec à « moi je fais pas comme ça ». Bah ouais, chaque table a son contrat, si celui-ci est explicite et accepté, y’a rien à dire 🙂

Pour finir le « take home message », ce que vous devez retenir c’est : en tant que MJ pensez à partager votre vision et en tant que joueur, essayez d’en savoir plus que le simple synopsis ! Vous irez sûrement dans des parties que vous ne seriez pas allé voir spontanément !

Et inversement vous éviterez toute mauvaise surprise. C’est gagnant gagnant !

 

Guillaume COEYMANS

 

La forêt des araignées tristes – Critique

Aujourd’hui c’est littérature ! Avec le roman de Colin HEINE : La Forêt des Araignées Tristes. Un roman avec un univers inédit sur le blog : le SteamPunk. Cet ouvrage m’a été envoyé par le service presse des éditions ActuSF, merci à eux 🙂

Un univers envoûtant :

Pour tout vous dire, je ne suis pas un grand fan du steampunk. Ce n’est pas le genre qui m’a le plus parlé au cours de mes expériences de l’imaginaire. Je confesse d’ailleurs une certaine ignorance des codes du genre. Mes goûts et expériences m’ont plutôt amené vers la période des années folles (en tout cas du XX° siècle) plutôt que dans l’ère victorienne.

Mais ce roman faisait une promesse d’un univers inquiétant, avec une intrigue mêlant aventure, politique et horreur. Surtout, il proposait un volet « critique sociale », ce qui me parle beaucoup, de par mes convictions d’abord et ensuite parce que le steampunk (je répète que je connais mal donc c’est sûrement un a priori faux) m’a toujours semblé très artisto-centré.

La forêt des araignées tristes couverture
Une belle couv’ ! Décrit-elle bien l’ouvrage ?

Alors en selle ! Dans quel univers Colin Heine nous plonge ? Et bien un monde où la sur-utilisation de la « vape » (vapeur + un composant chimique) a amené le monde au bord de la destruction totale. Depuis, l’univers est recouvert de brume dans laquelle apparaissent des dangers inconnus. Mais c’est de l’histoire ancienne et le monde s’est rebâti en hauteur, au dessus de la vape, et malheureusement, retombe dans ses travers surproductifs.

Enfin, on a une partie « sociale » avec une lutte des classes façon Angleterre du début du XX° qui se déroule entre les ouvrier trimants dans les usines et les possédants vautrés dans le luxe.

Une intrigue … Surprenante :

Je ne vais pas vous raconter de façon exaustive l’histoire ou les personnage. Parce que si vous me lisez régulièrement, vous savez que ce n’est pas ma façon de faire, je préfère plutôt vous raconter les ressentis et l’impression que dégagent le livre.

Ce qui m’a frappé c’est l’aspect « vaporeux » (ha ha) du récit, un peu évanescent parfois. La brume qui baigne le monde semble étouffer les sons et feutrer les personnages. Ce qui donne une impression vraiment intéressante et très très immersive.

L’intrigue commence assez vite, et ça tombe bien, j’aime bien l’ in medias res et ce qui est étonnant, c’est que le personnage principal subit non pas un mais deux éléments perturbateurs. C’est leur liaison qui va donner à l’intrigue une envergure supérieure.

L’histoire fonctionne bien et on la suit avec plaisir, c’est une réussite sur le plan narratif !

Ce qui m’a plu :

Le sense of wonder :

L’univers est un réel appel à l’émerveillement constant. On sent le côté dépaysant, merveilleux et stupéfiant (au sens qui stupéfait, frappe de stupeur) de ce qui nous est présenté. On y ressent aussi la fragilité de la position de l’Humain dans ce monde, notamment dans le passage au sein des Vaineterres, réellement haletant.

Steampunk Araignées Tristes
Un genre qui invite au voyage

Les différents genres abordés :

Le roman navigue entre plusieurs genres, investigation, aventure, horreur, polar, etc. le tout avec une certaine maîtrise qu’il faut saluer. On a peur quand il faut avoir peur, on est intrigué quand il faut, etc.

Je reviens à ce passage dans les Vaineterres qui n’a rien à envier aux classiques de l’aventure. Mais aussi ce passage où * SPOILER* l’araignée géante pointe le bout de ses chélicères qui est réellement terrifiant *FIN SPOILER*

Mais je vais reparler de ce mélange un peu plus tard 😉

La créativité :

Le monde que nous propose la Forêt des Araignées Triste regorge de petites idées qui rendent l’univers tangible tout en étant, relativement à ma connaissance limitée du Steampunk, assez originales. Les Gargouilles, la cité organisée en Piliers, * SPOILER * La fleur qui rend invisible* FIN SPOILER*.

Mais surtout, cela passe par une excellente utilisation d’un vocabulaire plein de néologismes qui transpirent la réalité. Par exemple : un tram treuillé ? C’est un « treum », un mot qui transpire l’usage et le langage.

Ce qui a coincé :

Oui parce que bon, faut bien que j’assume mon côté râliste 😉

Un salad bowl plutôt qu’un melting pot :

C’est ce qui m’a le plus gêné dans le mélange de styles que propose le roman. On a plusieurs styles qui se suivent, mais qui ne se mélangent pas. Au lieu du coup du « creuset » (melting pot) où tous les éléments se fondent en un alliage unique, on a un « saladier » (salad bowl, vous suivez ? ), c’est à dire que les ingrédients sont en contact mais ne se mélangent pas.

On a donc un récit qui fait une « séquence 1 style A » suivie d’une « Séquence 2 style B », etc etc. On a rarement le mélange. Je dirais même plus : on a parfois même pas de rappel ! La séquence exploration dans les Vaineterres est une parenthèse dont il ne sera quasiment pas fait écho et sera la seule séquence de ce style.

C’est notamment le cas pour la partie « sociétale » du livre qui est réduite à quelques allusions et une séquence, certes très cool, mais isolée du reste du récit. Et des petites choses comme ça il y en a plein ! C’est vraiment dommage …

Des personnages un peu lisses :

Dans un univers avec tant de relief et d’épaisseur il est vraiment dommage que l’accent sur les personnages n’ai pas été plus appuyé. Notamment pour les personnages principaux !

Certaines secondaires (le capitaine balafré, l’Horloger, etc.) sont tellement plus charismatiques que l’équipe qu’on suit de l’intérieur. Pourtant le livre est épais et dense, il y avait donc la place de mieux creuser les personnages. Qui sont d’ailleurs peut être trop nombreux. Certains pouvant même être fusionnés à mon sens.

Conclusion :

Ce livre m’a plu, vraiment. J’ai été enchanté par son univers, ses styles et son intrigue. Certes il a des défauts, indéniables. Peut être auraient-ils pu être évités en séparant le livre en deux volumes qui auraient pu aller plus au fond de leur thématique ?

En tout cas, je vous le conseille, c’est un bon roman Steampunk !

Guillaume COEYMANS


Lâchez-nous la grappe avec vos mondes ouverts SVP merci

Aujourd’hui ça balance ! On parle JV ou du moins création d’univers ludique, et …. Et bah on balance parce qu’à un moment voilà quoi, y’a des pratiques qui m’épuisent et notamment les mondes « ouverts ».

Open world = open flemme

Je vais pas vous faire l’affront de vous rappeler ce qu’on appelle un jeu (ou une œuvre) à « monde ouvert« . Je vais cependant revenir sur la mode récente, permise par les avancées techniques, de proposer un univers de jeu immense, riche et fouillé. Au delà de l’argument marketing (OUI ON A CRÉÉ 183571358123752935723459273529068 éléments donc forcément notre jeu est bon !) et de la performance réelle de code et game design, on a là une vraie problématique : ces jeux sont injouables.

Repensez aux dernières grosses sorties « mondes ouverts » depuis The Witcher 3, Red Dead Redemption, GTA V et compagnie. En vrai, quand je vois un jeu qui se gausse de ses « 238519357236923467 heures (ouais j’ai un sens de la mesure aujourd’hui) pour finir le jeu ! » très honnêtement je soupire et je me dis « ça a l’air chouette mais flemme quoi ».

Open world - monde ouvert
Trop grand, beaucoup trop grand !

Un tel contenu, si qualitatif soit-il, est un vrai problème. Son seul but est de vous garder captif de son univers et pas forcément pour de bonnes raisons (ouais y’a des DLC à acheter et des micro-transactions à rentabiliser).

Du coup quand le futur jeu Triple A sort avec son immense monde ouvert et qui me fait baver d’envie, je sais aussi que, au final, j’aurai pas envie d’y jouer. Parce que flemme quoi.

Alors ouais, j’ai pas parcouru ces grands univers ouverts, tant pis pour moi. Mais est-ce que ça doit être une gloire d’avoir poncé les trouze milliards de quêtes annexes à l’intérêt plus que limité ? J’en doute…

Game ouverts

Récemment, j’ai mis la main sur Fallout 4. Bon ok plusieurs années après la guerre (nucléaire). C’est un monde ouvert somme toute classique, dans un univers que j’apprécie particulièrement.

Le jeu démarre sur les chapeaux de roues, guerre, panique, protéger sa famille. Puis notre fils est kidnappé ! Misère ! Je dois aller le chercher le plus vite possible !

La porte de l’abri s’ouvre. Et là, plus rien à faire de l’histoire.

Je peux littéralement jouer des dizaines d’heures sans me préoccuper de la quête principale. Certains me diront ‘MAIS T’AS RIEN COMPRIS C’EST CA QU’EST GÉNIAL »

Ouais non. Le jeu nous fait comprendre et met en scène notre objectif, dans ce cas là : retrouver mon fils. Si le jeu veut que je me balade librement, faites ce choix. Comme Minecraft, ou l’excellent Mount and Blade (monde ouverts les deux !) de nous laisser maître de nos destins.

Un monde ouvert oui, mais pas sans histoire
Un monde ouvert oui, mais pas sans histoire

Quand on fait le choix de me raconter une histoire, svp faites-le. Les quêtes annexes je veux bien, j’en redemande même ! Certaines sont même très sympas. Mais elles doivent avoir un impact sur le monde qui m’entoure et en particulier la quête principale qui doit pâtir de mon retard.

Un monde ouvert ne doit pas se faire au détriment du storytelling et de l’expérience de jeu. Racontez moi des histoires ! Surtout dans des univers aussi passionnants 🙂

Mais alors, en fait tu veux que des jeux couloir c’est ça ?

Non.

Je vais prendre quelques exemples de jeux qui vous proposent des choix, forts et importants mais dans un univers clos.

J’aime beaucoup par exemple, Along The Edge (C’est un jeu indé, peu connu, mais tip top méga groove). Dans ce jeu, vous allez avoir des choix. Pleins. Graves et importants. Or pour maitriser la narration, le jeu va vous cadrer. Mais grâce à ce cadrage, vos choix auront une vraie importance dans l’histoire. Le simple fait de prendre du retard sur certains choix influera sur le déroulé du scénario. Pour vous dire, certaines décisions m’ont littéralement paralysé pendant plusieurs minutes avant de pouvoir choisir.

Autre exemple, Life Is Strange (dont j’ai parlé et et dont je vais reparler bientôt parce que j’aime bien). L’univers vous laisse aussi une certaine liberté d’évolution. Vos choix restent très importants et les sensations que va vous proposer le jeu ne sont possibles que grâce à ces limites qu’il vous pose.

Les choix dans un monde ouvert
Faites des choix, et par pitié faites les compter

Dans les JDR :

Ouais parce qu’à un moment faut bien revenir au fond de l’affaire !

L’idée est la même en gros. Si dans votre JDR, l’idée est de me raconter une histoire, merci de le faire. Je sais que le JDR c’est top parce que le monde est ouvert et qu’on peut faire « tout ce qu’on veut ».

Mais si votre but est de raconter une belle histoire, cadrez ce monde ! Si votre but c’est de faire de l’exploration ou du gameplay émergent, faites-le, mais ne venez pas me vendre un scénario ! (« Oltréé ! » fait ça très bien par exemple, en nous proposant des « terrains de jeu » plus que des scénarios).

L’idée reste d’être cohérent dans votre approche et de ne pas avoir peur d’imposer des choses à vos joueurs pour les amener dans le chemin que vous voulez leur faire emprunter.

Alors les mondes ouverts oui, mais gérez votre approche 🙂

Tout est contrat

Maintenant que j’ai (beaucoup) pesté, il est temps de réfléchir un peu.

En fait, ce que révèle ce que je viens de raconter, c’est qu’il est important lorsqu’on propose un divertissement d’être clair sur le contrat qu’on pose.

Quand vous ouvrez une partie ou un jeu, clarifiez le contrat que vous souhaitez. Si vous me dites « ouais on fait du Warhammer ». Ce n’est pas suffisant. Je veux savoir si on va faire beaucoup d’action, de l’horreur, du PMT, etc.

Avec ce type d’initiatives, je pense que les parties gagneront en cohérence. De même, le risque d’avoir un joueur ou une joueuse qui s’ennuie en partie ou qui ne retrouve pas ce qu’il ou elle voulait en est réduit.

Contrat d'agrément au jeu ouvert
C’est quand même la base de partir sur l’accord de tout le monde

Quid de la surprise ?

Surprendre un joueur n’est pas forcément idéal à mon sens. Les quelques fois où je l’ai (bien) été c’est soit quand j’ai décidé de faire un « JDR mystère » donc je ne savais clairement pas ce que je voulais faire et du coup je suis ouvert à tout. Soit quand j’ai décidé de me faire surprendre. Typiquement « tiens ce jeu, je connais pas, son approche a l’air originale, je tente » ou « tiens j’ai pas fait de PMT depuis longtemps, je tente celui là ! ».

Si vous voulez être surpris, vous le serez 🙂 Si vous voulez plutôt savoir où vous mettez les pieds, vous pouvez. La liberté, à mon sens, est là.

Enfin pour des raisons de sécurité émotionnelle, être transparent sur ce qu’on propose est nécessaire. J’ai par exemple récemment joué à un jeu excellent (Summerland) et le MJ a clairement indiqué dès le début la couleur. « Ce monde est violent, réaliste et brutal. Les traumatismes psy y ont une place prépondérante ».

Clairement ce jeu n’est pas pour tout le monde. Mais le fait de la savoir permet de prendre une décision en toute connaissance de cause. S’il avait juste été présenté comme un « jeu post apo d’exploration ». Bah pardon mais ça aurait été malhonnête pour les participant et participantes. Certaines auraient pu ne pas du tout apprécier l’ambiance.

Pourtant est-ce que le premier descriptif gâche la découverte, la surprise ou le scénario ? Clairement pas.

 

Au final ce (très/trop, au choix) long article pour dire quoi ? Déjà les jeux ouverts, on se calme. Ensuite soyez transparents avec ce que vous proposez à vos joueurs (de JDR, jeu vidéo ou quoique ce soit d’autre) et votre expérience de jeu (ainsi que la leur !) sera bien plus intéressante et immersive 🙂

Guillaume COEYMANS

 

Et si la résurrection de vieux JDR c’était finalement cool ?

Réflexion qui m’est venue après l’article du Fix (ex di6dent) sur les rééditions à venir de « vieux » jeux de rôles qui pullulent cette année. On pourrait râler en se disant « c’est nul ça joue sur la nostalgie, pas de créativité, patati patata » etc. Pourtant, je pense qu’il y a un truc super intéressant derrière. Alors on y va ! 

Un peu de contexte :

Une tendance … discutable :

On le voit depuis quelques années maintenant, une certaine mode des « remastered », des « on fait comme aux origines » et des « remake à l’identique » dans le monde culturel.

Dans la plupart des situations, je trouve ça plutôt faible créativement parlant, on va dire. Mais surtout, c’est une stratégie qui surfe sur la vague du « cétémieuxavantisme » qui est vraiment une mauvaise vague.

D’autant que par sa nature de sous-culture dans une sous-culture, l’univers des rôlistes a tendance à être très conservateur et à voir d’un mauvais œil tout ce qui pourrait déranger ses habitudes ancrées depuis des années.

Les rolistes sont donc friands de tout ce qui peut flatter leur conservatisme, et donc les rééditions de vieux JDR flattent leur pratique et font recette (en témoignent les Crowdfunding records).

Moi un « vieux » roliste ?

Je ne me considère pas comme un « vieux » rôliste. J’ai environ 15 ans de pratique plus ou moins régulière (j’ai commencé autour de 12 ans et je m’y suis mis très sérieusement vers 19 ans. J’en ai 28, faites le calcul). Pour certains vieux d’la vieille, je suis un p’tit jeune. J’ai pas connu la chasse aux sorcières, les paniques morales, Mireille Dumas et consorts.

Quand j’ai vraiment commencé à me dire « maintenant je fais du JDR sérieusement » on en était déjà à la V6 de Cthulhu, 3.5 de D&D, 3 de Warhammer et compagnie. Le JDR était, à défaut d’être répandu, accessible et varié.

Mais aussi, plein de vieux jeux dont on me parlait parfois étaient tout bonnement inaccessibles ! C’est là que les Herbert West du JDR interviennent !

Dr Franken-jdr

Ils sont éditeurs (Raise Dead), ou indépendants qui passent par des CF ou les rentrent dans leurs gammes classique. Leur point commun ? Ils rééditent de vieux JDR.

De tête je citerai Vermine, Bitume, Rêves de Dragon, Pavillon noir, et bien bien d’autres. Ces jeux, je ne les ai pas connus, alors qu’ils semblent avoir eu un impact certain. C’est donc idéal pour moi de découvrir ces jeux via ces nouvelles éditions. Même pour des jeux plus récents comme Knight, que j’ai raté à sa première sortie, j’ai pu le découvrir grâce à sa superbe réédition.

Frankenstein du JDR
It’s alive !

Parce qu’en plus, ces nouvelles moutures sont enrichies (c’est le cas de le dire) par des financements participatifs records ! Du coup on a souvent droit à des ouvrages de bonne qualité, avec un contenu solide et une édition tiptop.

En théorie bien sûr. Y’a toujours des contre-exemples 😉 Des rééditions paresseuses, pas inspirées ou mauvaises. Mais bon globalement je trouve que c’est, dans mon cas, une excellente porte ouverte sur des JDR que je n’aurais pu connaître que par leur légende !

Alors certes, c’est aussi là pour flatter les vieux rolistes et faire des sorties à peu de risques en étant sûr que le public restera présent. Parfois la créativité est tout juste acceptable. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, ça peut être intéressant.

Mais je vous en CONJURE : n’oubliez pas de regarder les jeux récents et ultra-novateurs qui sortent souvent, de l’essor du PBTA jusqu’aux fameux trucs qui ne sont « pas du JDR« , je suis sûr que vous trouverez votre compte 😉

En tout cas, vous soufflerez un vent de fraîcheur sur votre pratique !

Voilà un article un peu court, mais l’actualité s’y prêtait et je voulais parler de ce sujet depuis un moment ! N’hésitez pas à me partager en commentaire ce que vous pensez de ces résurrections et quels sont vos tops/flops parmi ces dinosaures ramenés à la vie 🙂

 

Guillaume COEYMANS

 

Minuscule, un grand jeu

Avec la sortie du deuxième film ces jours-ci, j’ai bien envie de vous parler de Minuscule à travers ce jeu bien sympa !

Insectophobes, venez !

Minuscule, c’est à la base une série d’animation, puis un film et un jeu de plateau. Dans ces productions, on suit la vie de petits insectes dans une nature vide de tout humain. Invitation à la poésie, la mignonitude et l’aventure, c’est une série et un film que je vous conseille fortement !

Même en tant que rôliste, c’est hyper intéressant, car le pitch du film est ultra simple : une coccinelle trouve une boite de sucre. Point. Pas de paroles, pas d’humains, pas d’anthropomorphisme.

minuscule le jeu
Un casting fort en choupitude

Avec un postulat aussi simple, le film vous fait vivre une histoire touchante, épique, drôle voir effrayante. Le tout dans une choupitude totale et un talent graphique incontestable. Une vraie source d’inspiration 😉

Et le jeu alors ?

Alors pour tout vous dire, je l’ai acheté par hasard. Je n’avais pas atteint le seuil de paiement par CB dans la boutique où j’étais et j’ai pris du coup un autre jeu pas cher pour faire le compte. Ainsi me voila avec Minuscule le jeu.

On est en présence d’une jolie boite en acier avec contreforme, un thermo recouvert de velours à l’intérieur. Les illustrations sont vraiment chouettes. Ensuite niveau matos de jeu, on a des cartes assez ordinaires ce qui est un peu dommage, ainsi que des figurines en carton avec leur socle pour les faire tenir.

Chacune de ces figurines représente un des insectes avec lesquels on va être amené à jouer. On a ensuite un livret de règles et quelques pions pour jouer à la variante difficile du jeu.

Le joli plateau de Miniscule
Un plateau simple et clair

Comme à mon habitude je ne vais pas vous parler en détail des règles, d’autres le font bien mieux que moi 🙂 D’autant que celles-ci sont extrêmement simples et efficaces.

Je préfère comme d’habitude m’exprimer sur les sensations de jeu. Et quelles sensations ! Pour résumer, c’est un jeu de course et de positionnement. Chaque joueur a des objectifs secrets (pouvant être les mêmes que celui de quelqu’un d’autre) et cherche à se positionner au mieux.

Force est de constater que ça marche ! Du suspense, des trahisons, des remontadas, bref de la tension. J’ai déjà pu y jouer avec des camarades qui s’amusaient à commenter la partie comme une épreuve sportive, et le rendu était vraiment top.

De plus, le matériel de jeu et les règles est organisés de telle façon que l’on peu y jouer sans savoir lire, sans que les adultes autour de la table ne s’ennuient devant un tableau trop simpliste.

Pour conclure, un jeu simple, efficace et rapide. J’ai presque envie de dire que c’est le « petit jeu » idéal ! Je vous le recommande donc fortement et je vous laisse avec la bande annonce du second film 😉

Vous pouvez trouver le JEU ICI

Guillaume COEYMANS

 

La musique en JDR, comment éviter le canard?

On est tous d’accord, une bonne musique dans une partie de JDR, ça change tout ! Alors, qu’est-ce que c’est une bonne musique ? Et quelles sont les mauvaises pratiques de musique en JDR ?

Prélude

Dans cet article, je vais parler de la musique en JDR. Personnellement, j’ai toujours fait mon possible pour avoir de la musique pendant les parties que j’anime. Et autant vous dire qu’avant l’avènement du MP3, du streaming et des enceintes bluetooth, c’était parfois compliqué.

J’ai parfois mal utilisé la musique et fait beaucoup d’erreurs à ce sujet. J’y ai pas mal réfléchi et je suis arrivé à une forme d’équilibre que je trouve plutôt efficace d’après les retours que me font les joueurs et joueuses à ma table.

DJ MJ pour la musique de la partie de JDR
Un MJ classique en action

J’en suis venu à découper mon approche en trois parties (que, pour filer la métaphore, je vais appeler « mouvements ») à savoir : la musique d’ambiance, la musique de scène et l’adéquation aux contraintes. Puis on finira ( Al finale ) par mes astuces, mes outils et mes sites pour gérer la musique en JDR.

Premier mouvement : musique d’ambiance

C’est la musique « par défaut ». Celle qui va mettre les joueurs dans l’univers que vous souhaitez poser.

L’erreur à ce niveau serait de mettre une musique trop forte, trop connue et trop « riche » (par opposition à la musique minimaliste) et de devoir trop la gérer car les morceaux sont trop courts (n’oubliez pas que la temporalité d’une partie de JDR se compte quand même en heures plutôt qu’en minutes).

On préfèrera ici une musique minimaliste, longue, avec un niveau sonore très faible. En gros dès que quelqu’un parle, la musique doit être couverte par la voix. Si vous avez une playlist, vous devez l’avoir bien préparée et bien anticipée pour qu’elle se déroule sans accroc et sans votre intervention (idéal pour casser le rythme).

JDR pirate musique
Avouez qu’un fond de musique minimale mettrait bien en avant ce personnage

Vous trouverez facilement sur Youtube des vidéos et des playlists s’intitulant « 2h of medieval ambiance » (par exemple) ou « Storm from beyond with jazz music » etc. Idéal pour s’en préoccuper le moins possible.

Croyez moi, cela joue vraiment, quand des joueurs sont dirigés par une musique inquiétante, ils savent instinctivement se comporter en fonction, baissant la voix, parlant vite, leur muscles se tendant inconsciemment.

A l’inverse, quand je fais jouer Star Marx, je commence mon pitch de début de scénario sur l’hymne de l’URSS à plein volume pour directement cadrer le jeu. On va être outranciers, drôles et absurdes. Résultats garantis.

Second mouvement : La scène

Là, c’est une autre temporalité. Vous avez prévu votre scène de combat contre le boss, vous faites votre description et d’un geste subtil et invisible derrière votre écran, tap, la musique commence…

Comme pour le point précédent, l’erreur serait de prendre une musique trop connue, le risque étant de sortir les joueurs de la diégèse pour leur faire un gros clin d’œil plutôt que de les immerger dans le moment.

Duel Musique JDR
*fredonne Duel Of The Fates*

Vous devez être attentif à gérer le volume correctement, s’il doit commencer assez fort pour couvrir les discussions et dire « TADAM le dragon est réveillé ! ». Le volume doit ensuite diminuer pour que vous puissiez parler sans hurler (à moins que ça soit un choix, auquel cas, a vous de voir). Essayez d’être au point sur le timing pour que la ou les musiques ne se répètent pas trop, et que ça passe bien.

Troisième mouvement : les contraintes

C’est une variable capitale. Quelles sont les contraintes dans lesquelles votre partie se déroule ?

En convention, par exemple tout va dépendre de la configuration de celle-ci. Si vous êtes seuls dans une pièce isolée, parfait, éclatez vous. En revanche si vous êtes dans un lieu ouvert avec d’autres tables et beaucoup de passage… Prenez ça en compte et évitez tout habillage musical.

Pourquoi ? Parce qu’au mieux vous n’entendrez pas la musique, et au pire vous allez déranger tout le monde, y compris les autres tables.

Vous devez vous équiper et vous préparer en fonction du contexte matériel de votre placement, etc. pour créer la meilleure expérience de jeu pour vous et vos joueurs et joueuses.

Parfois c’est compliqué à anticiper mais soyez versatiles ! Ne prévoyez pas de musique « vitale à votre scénario » si vous n’êtes pas sûrs que les conditions de jeu le permettront.

Idem, si vous jouez chez un particulier. Est-il en bons termes avec les voisins ? Est-ce que la musique va réveiller le petit dernier qui dort ? Etc. Etc.

Cela a l’air d’aller sans dire, mais ça va toujours mieux en le disant 🙂
Soyez attentifs à votre environnement, car si l’adéquation entre expérience de jeu et expérience de « table » n’est pas bonne, cela peut être frustrant !

Finale : Boîte à musique

Au fil de mon expérience j’ai développé mes trucs, astuces, outils et liens. Je les trouve personnellement utiles, certains les trouveront trop simplistes, d’autres trop compliqués, d’autres encore me diront « TU DEVRAIS FAIRE COMME CI COMME CA BLABLABLALA ». Je n’ai pas la prétention de donner LA meilleure technique, juste MES trucs pour l’ambiance sonore durant un JDR.

Les erreurs que j’ai faites :

  • Ne pas mettre de musique : bien entendu, on peut imaginer une partie sans ambiance sonore, mais cela doit être un choix. Si vous n’en mettez pas parce que vous vous en fichez, peut être passez vous à coté de quelque chose 🙂
  • Mettre de la musique : Parce que ça ne se justifie pas toujours ! Surtout quand j’ai passé ma phase « DJ Homo-Ludis » où je passais plus de temps à chercher la bonne musique/bon effet plutôt que d’animer ma table.
  • Ne pas maîtriser la musique : Un peu comme je l’ai évoqué juste avant. Ne pas maîtriser et préparer sa musique est une faute 🙂 Ça vient avec le temps mais on fini par avoir ses outils, ses playlists et ses timings biens gérés pour être en contrôle et que tout se passe de façon fluide.
  • Bien d’autres erreurs ! Mais l’article est déjà bien assez long 😉
Music Mixer for RPG
Moi quand je Meujeute (allégorie)

Les outils que j’utilise pour la musique :

  • Tabletop Audio : Indispensable, une ressource ultra utile ! Simple, pratique, exhaustif et constamment mis à jour. Une mine d’or ! Ainsi que son petit frère : SoundPad, bien qu’encore en bêta et plus compliqué à prendre en main, ultra prometteur.
  • La chaine de Maxime Lennoz :Même concept, ultra pratique !
  • Deezer : ouais je sais, Spotify c’est mieux. Mais j’ai fait mes playlists sur deezer donc voilà
  • Un enceinte Bluetooth : J’ai longtemps utilisé l’UE Boom 2 (avant qu’un fufu fasse un critique sur ma voiture et qu’elle disparaisse), mais il en existe plein d’autres.
  • Et c’est tout ! Ça fait pas beaucoup mais je les maitrise bien 🙂 D’autres vont utiliser d’autres soundboards ou des applications plus poussées orientées MAO ou production audio. Mais je n’ai malheureusement pas le temps de les appréhender.

Coda

Voilà mes conseils et mes astuces pour utiliser la musique au cours d’une partie de JDR ! J’espère que ça vous sera utile ! J’attends impatiemment vos trucs en commentaire ! 😀

Merci d’avoir lu et n’hésitez pas à partager !

Guillaume COEYMANS

 

 

 

A quoi ça sert un écran de MJ ?

! Bonne question ça ! On en voit partout, c’est presque devenu un indispensable. Un JDR publié = un écran. S’il n’y en a pas, ça couine sur les forums et dans les commentaires pour en proposer un. En carton dur, papier épais, 3 ou 4 volets, format paysage ou portrait etc. Alors la question est légitime : à quoi ça sert ? Voyons ça :

Un écran pratique :

Oui, un écran c’est pratique.

Pour des raisons purement matérielles, on est souvent proches des joueurs et on peut avoir à dissimuler certains éléments. J’ai par exemple en tête un livre de scénario où l’une des illustrations pleine page (grand format A4) est un énorme spoiler. Avouons que si vos joueurs et joueuses voient ça, le plaisir de jeu risque d’être diminué. L’écran, que ça soit celui officiel du jeu ou juste un cahier ouvert posé en équilibre, sert à protéger le scénario (quand celui-ci repose sur une intrigue).

Idem quand vous manipulez vos plans, fiches de monstres, etc. Le mieux, en terme narratif, c’est que vous, MJ, restiez décisionnaire du timing. Imaginez que l’un des PJ voit que le plan derrière l’écran qui s’intitule « MAISON DE JEAN MICHEL TUEUR », ou voit la fiche « Changelin ». Il peut se douter de certaines choses. Alors certes, les PJs font la part des choses entre eux et leur persos mais bon, on sait que ça ne marche pas toujours…

derrière écran
Tous ces spoilers que l’écran protège

La plupart du temps sur les écrans officiels, mais aussi ceux « fanmade », on trouve sur le coté MJ un rappel des règles, des tableaux récaps, des tables de références, etc. C’est souvent bien pratique pour fluidifier le jeu. C’est utile principalement dans les jeux ayant un système assez touffu. Et ça évite au MJ de devoir plonger dans ses 18 bouquins de 400 pages pour retrouver LA règle (bon après du coup on peut pas crâner avec nos éditions collector crowdfundées avec notre nom dedans).

De plus, le fait de lancer les dés à l’abri des regards indiscrets permet soit de cacher la réelle puissance des oppositions, soit d’influer sur le scénario en fonction de ce que proposent les joueurs. Si vos joueurs et joueuses jouent vraiment de malchance, un petit coup de pouce au destin derrière l’écran est possible. Idem si vos joueurs ont une chance insolente et roulent sur le scénario. Même les plus intégristes des MJ « by the book » utilisent ces artifices bien à l’abri de leur écran, croyez moi 😉

Enfin l’illustration de l’écran est souvent de qualité et permet d’aider à l’immersion en proposant une ambiance. Je pense par exemple à ceux de l’Appel de Cthulhu qui sont souvent très beaux (si on exclue celui des 30 ans qui était … différent x) )

Un écran symbolique

Je l’avais déjà évoqué ICI et LA mais, à mon sens, le MJ n’évolue pas dans la même « sphère » que les joueurs. Sans être au dessus ou en dessous, il est juste dans un autre état. De même, le JDR est (toujours pour moi hein) asymétrique. Cette asymétrie est souvent représentée par l’écran.

Celui-ci permet au meneur ou à la meneuse d’être enclavé-e derrière son écran pour marquer physiquement son écart avec les PJ.

écran MJ allégorie
Écran de MJ : une allégorie

Ainsi, bien à l’abri des regards, le MJ marque sa séparation d’avec les joueurs.

Parfois l’écran n’est pas présent et les jets de dés ouverts, mais vous remarquerez qu’il existe quand même cette séparation. Physique parfois, le MJ ayant le-s livre-s ouvert-s devant lui, ou alors car le MJ est debout et les joueurs assis. Bref, au delà de l’écran, le MJ se sépare des joueurs et joueuses.

Et quand y’a pas de MJ ?

Oui… Je sais … la mode est aux jeux sans MJ. C’est vrai. C’est intéressant en plus.

Relisez moi attentivement, surtout dans l’article de définition. Je ne parle pas de MJ directement mais de positions « asymétriques ». J’ai peu joué aux jeux sans MJ à proprement parler donc je ne vais pas m’étendre là-dessus.

Cependant, de ce que j’en sais, il y a quand même une forme d’asymétrie. Un ou une des participant-es a une rôle légèrement différent des autres, même si c’est de manière temporaire.

Alors l’écran n’existe plus à ce moment, mais l’asymétrie, voire la séparation, oui.

 

Voilà un article un peu différent ! Plus reflexif et symbolique, un peu comme l‘article sur les dés. J’espère que ça vous aura plu ! N’hésitez pas à le partager et à commenter !

Guillaume COEYMANS