Un bon MJ est il forcément un salopard ?

BOUM et ouais ! Chez Homo-Ludis, on balance, pas de langue de bois ! Bon plus sérieusement c’est un cliché récurrent le « méchant MJ », celui qui tue ses joueurs, qui leur met des bâtons dans les roues, etc. Pour Préambule, n’hésitez pas à relire cet articles sur mes commandements du JDR ainsi que celui ci sur le MJ.

Du rôle du MJ :

Le maître du jeu est dans un rôle particulier au sein d’une partie de JDR. Il est l’animateur de la partie, l’interface entre le jeu et les joueurs. C’est lui qui pose les obstacles et les éléments qui font avancer l’intrigue.

C’est à cause de cela que parfois, le MJ est vu comme « le méchant » ou l’opposant aux joueurs. Cette confusion peut venir soit des joueurs eux-mêmes soit du MJ.

NB je ne parle pas des jeux type Sombre ou Dés de Sang ou autre, dans lesquels le MJ est clairement là pour tuer du PJ qui doit essayer de survivre comme il peut.

Or c’est un contresens qui a amené à une perversion de ce rôle.

Cependant, le MJ doit parfois faire des choix forts et prendre des décisions sévères… Alors parlons en :

Donner du sens :

Quand, en tant que MJ, vous prenez une décision forte, dans l’instant (tuer un PJ) ou prévue (mettre consciemment un monstre plus fort que le groupe dans votre scénar), c’est un choix qui doit être fait avec de bonnes raisons.

Par exemple, je fais souvent jouer l’Appel de Cthulhu (AdC), j’entends trop souvent dire « on va tous mourir » « c’est un jeu pour MJ sadique » « faut que tu aimes tuer tes joueurs » etc. Bon… Alors … Je n’aime pas tuer mes personnages, mais dans AdC les PJ sont fragiles et font face à des dangers mortels. La mort peut donc arriver rapidement.

La plaque tombale de vos joueurs ?
RIP les PJ

Mais mon but est que les joueurs jouent et passent du bon temps ! Lorsque je mets en face d’eux un danger, je sais qu’ils peuvent mourir et lorsque les PJ ne triomphent pas, j’applique les conséquences froidement. Mais il est très important pour moi que leur mort (ou leur affaiblissement) ait du sens. C’est à dire qu’elle leur permette soit d’avancer (en découvrant ce qu’il ne faut pas faire, en leur donnant un indice, etc.) soit qu’elle permette un départ en fanfare (Dédicace à ce joueur qui est mort en crachant au visage d’un dieu). Je déteste quand vient le moment d’abattre un PJ de façon gratuite, je met tout en place pour que ça n’arrive pas. Pire encore lorsque c’est moi en tant que joueur qui me fait assassiner sans avoir compris le pourquoi du comment.

Par contre, comme disait un GNiste que j’avais croisé un jour : « quand je commence une partie, je réfléchis d’abord à comment réussir ma mort plutôt que mon scénar » 😉

Quand être un salaud a du bon :

Pour autant, un MJ ne doit pas être un bisounours qui chouchoute ses PJ. Si votre scénario est bien construit, ils ont toutes les cartes en mains pour éviter la mort assurée, s’ils se plantent, la sanction doit être immédiate (nouvelle dédicace aux PJs qui courent dans les donjons).

Être dur avec les PJs en laissant peu de place à l’erreur est aussi un moyen de poser une ambiance tout de suite, on est pas ici pour rigoler (enfin si, mais bon vous m’avez compris) comme je l’avais évoqué ici.

Cela permet aussi de gérer le niveau de votre groupe. Toutes les équipes ne sont pas égales et ne se gèrent pas de la même façon. Les brutaliser peut avoir du bon pour orienter un groupe dans la direction que vous souhaitez. Parfois aussi, mieux vaut relâcher la pression pour les laisser reprendre leur souffle si c’est un groupe plus fébrile.

Grumpy Cat MJ
Ne soyez pas cette caricature 😉

Soyez prudents cependant à ne pas tomber dans l’excès et devenir un MJ qui prend plaisir à tuer ses PJs pour un oui ou pour un non. Vous risquez de faire fuir vos joueurs qui ne passeront pas forcément un bon moment avec vous. Essayez d’équilibrer tout ça 😉

Le cas des jeux antagoniques :

J’appelle un peu pompeusement les jeux antagoniques ceux qui mettent en opposition plus ou moins claire le MJ et les PJ. Je citerai notamment Sombre, Dés de Sang ou Star Marx (on va en reparler bientôt 😉 ). Si vous avez d’autres exemples, mettez les moi en commentaire, ça m’intéresse !

Ces jeux prennent le parti de jouer la survie des joueurs contre un jeu impitoyable animé par un MJ implacable. Il n’y a pas d’adversité directe, le MJ ne peut pas avoir pour but de tuer les PJ, car techniquement il peut le faire immédiatement. Cependant, on pousse dans ces jeux assez loin l’aspect « salopard » du MJ, sans que celui-ci doive verser dans le sadisme, sinon le plaisir peut disparaître (à moins que vous fassiez d’autres jeux de rôles, auquel cas ça ne regarde que vous :p ).

La dynamique de jeu ainsi créée est bien différente, le MJ prenant ainsi un rôle, ce qu’il ne fait pas habituellement et les PJ se retrouvent à former une équipe qui doit être soudée pour survivre. Ici être un salopard fait partie du délire et est acceptable. Du fonctionnaire corrompu au tueur psychopathe, il y en a pour tous les goûts ! Alors allez-y !

Voilà pour ce sujet ! N’hésitez pas à partager l’article et mettre en commentaire vos trucs, astuces et anecdotes ! A très bientôt 🙂

Guillaume COEYMANS

Faut qu’on conv’ #3 : Le Salon Fantastique – L’anti Paris Games Week

Aujourd’hui, je vous raconte le Salon Fantastique ! Un salon dédié aux cultures de l’imaginaire sur Paris, en même temps que la Paris Games Week, perso, mon choix est fait 🙂

Préambule :

Le Salon Fantastique est d’une autre ampleur que les autres conventions dont on a pu parler jusque là et du coup l’approche sera forcément différente que pour la conv’ familiale et locale.

Ensuite, pour ceux qui ne me connaissent pas, j’ai travaillé longtemps pour l’organisation d’évènements de ce type en région bordelaise aussi mon point de vue sera forcément biaisé par mon expérience 🙂 Mais je pense que ça vous apportera un regard plutôt différent de ce que vous avez l’habitude de lire !

Le Salon qui fait du bien :

Pour une première convention dans la capitale, me voilà parti armé de mon billet dans les dédales du métro et la grisaille parisienne jusqu’à l’espace Champerret dans le 17°.

Le lieu est plutôt sympa, moderne, grand (pas assez mais on en reparle plus tard) et une bonne ambiance règne. Ce qui me frappe tout de suite c’est l’abondance de boutiques. Au début un peu circonspect car c’est pour moi un des gros défauts des évènements de cette ampleur. On trouve généralement un tas de boutiques vendant mugs, T-shirts et autres porte clés « geeks » de qualité médiocre et hors de prix. C’est un peu le niveau 0 de la créativité et de la culture geek (on en reparlera un jour 😉 )

Mais pas ici ! A vue de nez une centaine de boutiques et de stands, essentiellement des créateurs, artisans et éditeurs. C’est un vrai rafraichissement que de voir autant de bonne volonté, de créativité et de fraicheur.

Vue du Salon

Le salon est plutôt orienté fantastique et med-fan qui ne sont pas forcément les univers qui me parlent le plus mais le simple plaisir de retrouver la force créatrice de la culture geek me ravit énormément.

Dans ce vent de fraîcheur je prend plaisir à flâner dans les allées, de l’artisan du cuir à la bière artisanale en passant par les origamis vernis, il y en a pour tout le monde ! Notons aussi le bel espace dédié aux activités physiques, du GN, de l’escrime, etc, toujours quelque chose à voir sur place.

J’ai voulu m’approcher de l’espace conférence pour suivre quelques interventions qui m’avaient l’air très intéressantes. Et là, les choses se gâtent, l’espace en lui même n’en est pas vraiment un, plutôt un espace dégagé avec un bureau et une cinquantaine de chaises. Vous devriez déjà voir venir le souci : le salon étant assez densément peuplé, suivre une conférence était déjà compliqué dans le bruit et le passage ambiants (sans compter l’absence d’écran, obligeant à projeter les supports sur le mur latéral). Mais surtout l’espace était clairement insuffisant du coup je n’ai pas pu assister à une seule conférence … C’est bien dommage !

Pour finir sur les stands : gros big up aux agriculteurs proposant des cookies et autres pâtisseries médiévales, c’était gavé bon #TeamChocolatine !

Ensuite niveau ludique, je m’étais réservé mon dimanche pour participer a des démonstrations, de J2S et de JDR, car beaucoup de tables étaient disponibles et pas mal de stands de démonstration aussi. Du coup, grosse envie de faire le tour de tout ça. Mais la malchance frappa et suite à des contingences imprévues je ne pus me rendre sur le festival qu’en milieu d’après midi, le festival fermant ses portes à 18h, ce fut trop bref pour tenter quoique ce soit.

Je soulignerai simplement la présence de beaucoup d’associations de passionnés, avec beaucoup de jeux variés, ce qui fait super plaisir à voir. Étaient aussi présents beaucoup d’éditeurs, ce qui est toujours source de belles rencontres. Je note aussi les superbes cosplays que j’ai pu croiser (mentions spéciales aux crinolines dans les allées étroites).

Le coup de cœur : Star Marx

Au détour d’une allée, une pile de livres rouges m’attire et à coté de cette pile, trois énergumènes avec des casquettes de l’URSS. Il s’agit ni plus ni moins que de « Star Marx – Le Soviet des Étoiles » par Maximilien et La Moitié aux Editions Leha. Mais qu’est-ce que c’est donc ? Il s’agit à la base d’un jeu de rôle amateur partant du principe simple : l’URSS a gagné la course à l’espace.

Jeu de rôle déjanté à l’univers barré, je l’ai découvert peu avant le Salon Fantastique par hasard, et je découvre sur place que les Editions Leha éditent un « Guide de Voyage de l’Aventurier des Mondes Imaginaires » pour présenter son univers. Illustré par David Cochard c’est un ouvrage court mais très drôle et une mine d’or d’inspirations et de fun.

Je vous conseille donc de mettre la main sur cette ouvrage et sur le JDR Star Marx. Merci aux auteurs pour cette super dédicace !

Autographe SM

Ce message a été approuvé par le Politburo

Conclusion :

Le Salon Fantastique est donc une super découverte, qui a le parti pris rare de remettre la création au centre de son ADN et c’est un vrai vent de fraicheur. A des années lumières des conventions et festivals plus proches d’un supermarché que d’une réunion de passioné-es.

Le Salon souffre de quelques défauts encore, un espace un peu trop étriqué (qui semble être résolu pour l’an prochain) et des conférences difficilement accessibles. Je noterai aussi les quelques stands de goodies et fruits secs (??) qui étaient quand même présents, bien que largement minoritaires.

Je vous conseille donc fortement d’aller visiter ce Salon dès que vous en avez l’occasion ! Enfin un gros merci à Emma pour son boulot ce week-end 😉

Merci de m’avoir lu et pensez à partager cet article au max !

Guillaume COEYMANS

X-cards, safe space, etc … Débat d’idées ou débat bidet ?

Disclaimer : au vu de la sensibilité du sujet, je vais me montrer extrêmement vigilant quant aux commentaires qui seront faits. Je vous invite à rester respectueux et diplomates dans vos propos.
Je verrai immédiatement ceux qui commentent après avoir lu l’article et les autres. Je n’aime pas avoir à faire cela mais vu les réactions épidermiques que cela provoque j’y suis bien obligé.

De quoi on parle ?

Quelques mots pour revenir sur les faits qui agitent la communauté rôliste depuis quelques temps. Il est question d’ajouter aux parties de JDR des moyens de protéger les joueurs dans certaines situations.

Pour être clair, prenons l’exemple des X-cards : il s’agit de façon très simple, pour un joueur de stopper la partie (ou la scène, selon le problème) sans explication, car cela provoque chez lui-elle un malaise (lié en général à un traumatisme antérieur). Proche des « Trigger Warnings » qu’on croise sur les réseaux sociaux, c’est un outil au service du bon déroulement d’une partie.

En quoi ça pose problème ?

On arrive ici au cœur du problème. En gros on trouve deux positions polarisées et quasiment irréconciliables, et c’est pour ça que j’ai décidé de limiter les commentaires sur le sujet, car le débat est quasiment impossible, donc non pertinent.

Les çasertarientistes fragilistes :

Ce sont les opposants à ce type de procédés. Chez eux, j’ai décelé trois arguments ou plutôt trois inquiétudes principales :

« Je connais mes joueurs je sais où je vais »

Il s’agit de partir du principe que notre groupe de joueur est connu et rodé, on sait donc parfaitement anticiper leur réactions et leurs limites. Cela pose plusieurs questions : quid d’un groupe d’inconnus ? Du jeu en convention ? Mais surtout : êtes-vous vraiment sûrs de tout connaître de vos joueurs, y compris leurs traumas ?

Argument proche, le « en 30 ans ça m’est jamais arrivé, je vois pas pourquoi je changerais » argument contre-balancé par mon expérience perso de plus de 10 ans ou ça m’est arrivé deux fois. Donc bon, ça veut pas dire grand chose.

« Vos problèmes psy, allez les régler ailleurs »

Aussi connu sous le nom de « trop de fragiles ». Bon alors … Ni vous ni moi ne sommes des psy-chiatres/chologues/chanalystes (sauf si y’en a qui me lisent auquel cas votre avis m’intéresse 🙂 ). On ne peut donc pas préjuger de la santé mentale des personnes autour de nous. Une personne ayant eu un trauma ancien, suivi depuis toujours et ayant réussi à le dépasser, peut malgré tout avoir une réaction, au mieux de léger malaise au pire de crise avec des stimuli qui peuvent sembler bénins.

Pour prendre un exemple volontairement différent mais explicite : un ancien militaire souffrant de SSPT peut revivre son trauma avec simplement une porte de voiture qui claque.

Le JDR permet une grande immersion, qui peut donc résonner de façon inattendue auprès de quelqu’un ayant des fragilités. Et soyons clairs, on NE PEUT PAS anticiper ça autour de soi, on ne connait pas les joueurs (a fortiori des inconnus) suffisamment pour être sûrs de leurs traumas. Parfois eux-mêmes peuvent être surpris par leur propre réaction face à un stimulus.

Pentes glissantes et hommes de paille

« A ce rythme on pourra bientôt plus parler de [insérer liste incroyablement longue de sujets divers et variés] », « bientôt on devra aussi faire des parties sans gluten », « ouais bientôt on subira 4 x-cards par partie » etc, etc.

On présuppose ici de conséquences énormes d’une pratique. C’est bien sûr absurde parce que l’utilisation de X-cards est faite pour faire face à une situation rare mais existante – et qui surtout peut avoir d’importantes conséquences.

En vrai, si vous mettez en place ce type d’outil, il ne servira très probablement jamais (et c’est tant mieux). Mais le jour où, cela permettra à la soirée de jeu de se conclure sans malaise. C’est tout, ni plus, ni moins. L’argument présuppose aussi qu’une partie de JDR finie prématurément signifie la fin de l’amusement. Bon, a priori le JDR se fait avec des gens qu’on apprécie, aussi je vous fait confiance pour trouver autre chose à faire, jouer à du J2S, jeux vidéos, ou juste discuter autour de chips .

Ce type d’argument vient notamment d’un mauvais exemple utilisé dans l’article cité plus haut, où un joueur en sevrage tabagique joue une carte quand un personnage fume. Il en découle les faux exemples comme quoi tout et n’importe quoi peut être utilisé comme prétexte pour une x-card.

Pourtant, si l’instigateur de la X-card dans la partie fait bien son boulot d’explication, elle ne sera jamais utilisée à mauvais escient. Les joueurs sont conscients que cette carte est puissante et son usage très spécifique, il faut simplement leur faire confiance.

Voilà pour la partie « contre ». Il y a d’autres arguments, notamment le sempiternel « cétémieuavant », les parallèles avec l’écriture inclusive, le « point Mireille Dumas » (sérieusement ?) et les attaques personnelles.

Les çachangerientistes :

Vous l’aurez compris, je me place plutôt dans cette catégorie 😉

On trouve ici deux types d’arguments : la bienveillance et la continuité.

Bienveillance obséquieuse ?

L’argument de vouloir le bien des joueurs se tient, au risque parfois de paraître paternaliste et obséquieux. L’usage de ce type de carte serait donc un moyen de plus de surprotéger des joueurs qu’on voit comme de petites choses fragiles.

Bon, si ces outils sont bien amenés et utilisés, les joueurs ne se rendront même plus compte qu’ils les ont. En revanche, le jour où vous avez à votre table un-e joueur-euse susceptible d’avoir besoin d’une x-card, il ou elle sera rassuré-e par la simple présence de la carte, et si un déclencheur se présente, sera en confiance pour soit l’affronter, soit stopper là.

Pour moi, même dans un jeu d’horreur, le bien-être des joueurs est essentiel. La barrière entre joueur et personnage est peut être très solide mais jamais totalement étanche. Autant prévoir une carte qui ne servira à rien plutôt que de se retrouver avec un-e joueur-euse qui se sent mal voire pire en cours de partie.

Qu’est-ce que ça enlève au jeu ?

C’est la question qui me taraude le plus quant aux opposants farouches : qu’est ce que la présence d’une simple carte (que vous oublierez probablement dans les plis de votre fiche de perso) changera à votre façon de jouer ?

Dans les faits, à mon avis, la présence d’une x-card ne change absolument rien. Comme je l’ai dit plus tôt, en pas mal d’années de pratique, je n’ai été en présence de ce type de situations que deux fois, deux parties qui auraient pu s’arrêter (ou pas d’ailleurs) sur une x-card, c’est clairement négligeable. Mais j’en ai malheureusement gardé un souvenir pas top, mais quid des joueurs-euses concerné-és ? Elleux peuvent en avoir carrément un mauvais souvenir voire du ressentiment.

Au final, que dire ?

Du contrat tacite :

Lorsqu’on se lance dans une partie de JDR, la plupart du temps, un contrat tacite se lie entre les joueurs et le MJ. Si je vous fait jouer du Z-corps vous saurez a priori que des zombies seront dans les parages. Si cela vous pose un souci vous n’irez pas à ma table (déjà vécu), et il n’y a pas de soucis avec ça.

Les X-cards sont du même acabit, elles servent, à mon sens, surtout dans les cas où l’on recherche la surprise et la rupture de ton. Si je veux vous faire jouer un slasher et garder l’effet de surprise, je ne vais pas vous le dire avant. Or cela peut « piéger » des joueurs sensibles à certains thèmes (si vous jouez un remake de Délivrance, comme celui fourni dans Bimbo, je vous laisse imaginer quelles scènes peuvent choquer). La x-card permet de se prémunir de ça.

Le contrat peut aussi être plus explicite et dès le début dire de quoi on va parler. Cela peut être du spoiler, donc ce n’est pas toujours la meilleure solution, néanmoins je la trouve intéressante, lorsque le scénario ne repose pas sur des twists et des ruptures de ton.

Ça existe déjà !

Des dispositifs de protection des joueurs sensibles existent déjà, ils ne sont juste pas spécialement formalisés comme la X-card. Certains mettent en place ce que j’appelle la « règle SMS », en gros si quelque chose ne va pas, la personne concernée envoie un texto discret au MJ. D’autres mettent des avertissements dans leur descriptifs de partie, interdisent leur tables aux mineurs, etc etc.

Ce qui « trigger » donc les anti X-cards (ironique non ?) c’est, je pense, la formalisation d’un tel outil et la « peur » de le voir s’intégrer à leur jeux préférer et ainsi les « dénaturer ». Hors, dans les faits, ils croisent déjà des « x-cards like ».

Irréconciliables :

Le fin mot de l’histoire est simple : on ne peut pas trancher le débat. Les deux pôles sont trop arc-boutés sur leurs positions (moi compris) et le sujet trop brûlant pour en faire quoi que ce soit de constructif pour l’instant.

En attendant, j’encourage ces pratiques et je pense qu’à terme elles vont se démocratiser sans se généraliser.

Si vous me lisez et que vous êtes concerné-e par l’usage de x-cards, guettez les mj qui les utilisent (ou d’autres outils de ce type). Si vous vous en battez les glaouis et bien allez y, la présence d’une X-card ne vous gênera pas et son absence non plus (on revient donc au fait que ça ne change rien au jeu).

Je conclurai donc sur deux citations :

Une de sagesse populaire

Ce qui va sans dire, va toujours mieux en le disant

Ensuite une tirée du blog Suck My Dice

Le JDR C’est comme la baise, […]avec le consentement c’est mieux

Pour aller plus loin :

Voilà pour ce sujet compliqué, je vous rappelle que vu à quel point sont irréconciliables ces points de vue, de bien vous relire avant de commenter.

Merci de m’avoir lu ! Et à très bientôt pour d’autres articles plus légers 🙂

Guillaume COEYMANS & Sarah GHANIMI

Quelques nouvelles !

Bonjour à tous ! Il est temps de faire un petit point sur les activités et avenir du blog !

Actualité éditoriale :

Maintenant que deux comparses m’ont rejoint pour écrire de temps en temps sur le blog, on espère tenir un bon rythme de publication : trois à quatre articles par mois serait idéal en multipliant les formats.

Le dossier Lovecraft me prend plus de temps que prévu, une forme de saturation s’étant mise en place autour du sujet, mais on va y revenir !

Quelques articles sont aussi dans les tuyaux dont certains risque d’aborder des sujets qui fâchent 😉

Le Podcast :

Annoncé au moment du changement de plate forme du site, l’idée du podcast existe toujours, mais à cause de mon émigration en région parisienne, il est plus difficile que prévu de réunir l’équipe pour l’émission. Celle-ci a déjà un titre et un format, donc le projet est juste en stand by pour le moment, soyez patients 🙂
Il y aura dans un premier temps un format reportage radio avant l’émission en elle même.

Nous rencontrer :

Nous allons essayer de nous faire de plus en plus présents dans les différents événements des cultures de l’imaginaire, plutôt dans le sud-ouest de la France et la région parisienne. Nous étions à Terres d’Ouest le week-end dernier et notre envoyé spécial va sûrement nous proposer un super compte rendu !

Ensuite je serais présent au Salon Fantastique à Paris pour me frotter (mais pas trop) aux amateurs de l’imaginaire parisien ! Le programme, de conférences notamment, est très intéressant et on vous conseille d’y faire un saut.

N’hésitez pas à nous dire si vous serez là et à venir nous faire coucou !

Enfin, vu que nous souhaitons être de plus en plus présents « en vrai » n’hésitez pas à nous conseiller vos adresses et vos dates ! On se fera un plaisir de venir !

Merci de votre lecture et à très bientôt !

Guillaume COEYMANS

L’impossible Cinéma : Chroniques du Maître (3/4)

Suite du dossier sur H.P. Lovecraft ! Aujourd’hui on va parler de comment il est (im)possible d’adapter Lovecraft au cinéma !

Première partie du dossier : La BD

Deuxième partie : en audiobook

En préambule je vous propose de visionner la série assez complète et particulièrement cool de l’excellent Gillus « Cthulhu for President » sur les films lovecraftiens, c’est une de mes bases de travail, en plus d’être super à regarder 🙂

Est il possible d’adapter le Maître au cinéma ?

Question épineuse. Certains serait tentés de vous dire « non pas du tout », d’autres diront que « rien n’est inadaptable ». Bon comme toujours, la réalité est quelque part entre les deux (à mon sens). Comme je l’ai évoqué ici, la peur, notamment au cinéma, se fait selon deux vecteurs principaux : la peur viscérale et la peur immédiate. L’horreur Lovecraftienne est principalement une horreur viscérale, une ambiance, une toile de fond qui vous prend aux tripes et vous plonge au cœur du cauchemar.

Ce type d’approche, au cinéma surtout d’horreur, est clairement marginale bien que certains films ayant recours à ce type d’ambiance aient connu un succès notable (The Mist de Frank Darabont, Alien le 8eme passager, etc. )

Aussi, au cinéma on parlera plus souvent « d’ambiance lovecraftienne » plutôt que d’adaptation littérale d’HPL. Même si certaines adaptations existent (notamment l’excellent « Die Farbe« ), elles sont encore plus marginales que les films relevant d’une ambiance Cthulhuesque.

Mais du coup c’est quoi une ambiance « à la Lovecraft » ? On parle souvent d’ « horreur cosmique » pour parler de son style. C’est assez vrai, bien que ça ne soit pas forcément très explicite comme terme.

TV filming

Pour moi cela consiste en une ambiance générale de mystère et de menace indicibles. J’entends par là, une menace gigantesque qui plane sur le monde ignorant. Les protagonistes découvrent peu à peu que cette menace existe et sont dépassés par elle. Lutter contre elle, c’est mettre à mal son esprit, c’est la certitude de mourir, voire pire, face à cette menace sourde. Il peut s’y ajouter un complot ou une secte à plus ou moins grande échelle qui abondent cette menace. Le fantastique y est central mais à la marge, paradoxal ? Pas vraiment, car dans cette vision de l’horreur on ne peut pas appréhender la menace qui, par définition, nous dépasse.

Bien sûr, c’est mieux avec des exemples.

Exemples réussis :

Je vais vous parler ici de quelques exemples réussis d’œuvres inspirées de Lovecraft, sans redire ce qui a été dit par Gillus dans ses vidéos.

J’ai volontairement cherché des films assez connus pour vous montrer que l’œuvre d’HPL se trouve parfois là où on ne l’attend pas et comment son influence se fait sentir.

La cabane dans les bois (Drew Goddard, 2012)

Je commence avec cet exemple volontairement atypique. Ce film est un projet de Joss Whedon, réalisateur d’Avengers. C’est une sorte de « cadeau » fait par les studios pour remercier l’auteur du succès de ses films.

Aussi avec son ami Drew Goddard, il se lance dans un projet pour lequel il a un budget réduit, mais une liberté totale. Ce film est un hommage aux Slashers des années 90, de type Massacre à la Tronçonneuse, Vendredi 13 et compagnie.

Dès le début on peut (ou du moins on croit pouvoir) deviner qui va mourir en premier, qui va vivre, etc.

[toggle title= »Zone Spoiler »]Mais en vrai le film joue avec les codes du slasher et nous expose que ces meurtres font partie d’un plan d’une administration tentaculaire et mondiale pour empêcher l’éveil des « Anciens ».[/toggle]

Ce qui en fait une belle œuvre d’inspiration lovecraftienne. En effet, ce n’est pas le « canon » de l’horreur cosmique propre à HPL, mais ça fonctionne, c’est drôle et c’est bien fait. On valide !

The Mist (Frank Darabont, 2007)

Adapté de l’autre Maître de l’Horreur : Stephen King, plus précisément de la nouvelle Brume du recueil éponyme. Disponible aussi en noir & blanc (ce qui rajoute pas mal de saveur).

On est ici en présence de quelque chose de plus quotidien, en ce que les protagonistes sont des gens ordinaires dans une situation extra-ordinaire. En gros, suite à une tempête très violente, une petite ville du Maine se trouve plongée dans une brume épaisse dans laquelle la mort rode. Les héros sont enfermés dans un supermarché avec une centaine d’autres personnes.

[toggle title= »Zone Spoiler »]En réalité, la région abrite une base secrète de l’armée qui a ouvert inconsidérément une porte vers une dimension parallèle où vivent des créatures hostiles et cyclopéennes. Même ici je vous réserve la toute fin du film, qui est encore plus hardcore que le livre (c’est rare). En tout cas on est dans du Lovecraft quasi pur. [/toggle]

Ainsi hormis les personnages qui ne sont pas très « typiques » de ce qu’écrit HPL, l’ambiance y est, l’horreur désespérée et l’ambiance prennent aux tripes. Un incontournable.

Pacific Rim (Guillermo Del Toro, 2013)

« Wow, wow wow, la Cabane dans les Bois passe encore mais là, c’est juste des robots et des gros monstres »
Alors… Oui.

But wait, there’s more ! On peut y réfléchir quelques minutes et se dire que les Kaijus représentent finalement une menace cosmique et indicible, planant sur le monde. Monde qui a dû se modeler à leur présence.

Ils viennent d’une dimension parallèle et sont incompréhensibles malgré les efforts des scientifiques. Parmi les protagonistes on retrouve des professeurs, même s’ils sont secondaires. Aussi je vous défie de me dire qu’il n’y a pas une bonne touche de HPL la dedans 😉

Del Toro HPL

Cela se ressent d’autant plus lorsqu’on sait que Del Toro était sur un projet très sérieux d’adaptation de la nouvelle du Maître « Les Montagnes Hallucinées », projet abandonné, puis non puis si, enfin peut être.

Donc regardez ce film, en plus y’a un robot géant qui poutre un Kaiju avec un bateau…

Au final :

Lovecraft est dur à adapter directement, mais pourtant son empreinte est visible dans beaucoup d’œuvres cinématographiques. Ce média s’avère pourtant adapté dans la mesure où il est respecté et compris (oui Alone In The Dark d’Uwe Boll, c’est toi que je regarde).

J’aurai pu aussi citer pêle-mêle, The Thing (John Caprenter), Stranger Things (série TV Netflix), Le Territoire des ombres : Le secret des Valdemar (José Luis Alemán) ou Hellboy I & II (Guillermo Del Toro, encore) et pas mal d’autres.

Lovecraftian movie festival

Et vous quels sont les films que vous trouvez Lovecraftiens ?

Merci de m’avoir lu et pensez à partager l’article !

Guillaume COEYMANS

Murmures dans les ténèbres : Écouter Lovecraft (Les chroniques du Maître 2/4)

Bonjour à tous ! Suite du dossier sur Howard Philips Lovecraft, je vous conseille vivement de lire le premier article ou du moins l’introduction de celui-ci. Aujourd’hui on parle d’adaptations audiophoniques

Au coin du feu

Pourquoi parler du média radiophonique (ou du moins audio) alors que les grandes heures de la radio et des sagas MP3 semblent être passées ?

Bon déjà parce que la radio vit toujours très bien et que les sagas MP3 reviennent un peu en force, avec l’Épopée Temporelle de Cyprien ou le futur Clyde Vanilla d’Antoine Daniel.

Mais aussi pour deux autres raisons : 1) récemment, France Culture a sorti des adaptations absolument excellentes que je me dois de vous présenter. 2) Également car les écrits du – pas si – reclus de Providence (comme on surnommait parfois HPL), se prêtent particulièrement à l’art du storytelling. Par le vocabulaire, la rythmique et le format (relativement) court, son œuvre est un plaisir à raconter et à écouter.

Nous allons nous pencher ainsi sur deux types d’adaptations : les audiobooks et les adaptations comportant de la mise en scène.

Lovecraft en audiobooks :

Vous pouvez en trouver assez facilement gratuitement sur le net, parfois avec des lecteurs connus. Je vais être assez bref sur ce sujet car il s’agit principalement de lectures assez neutres.

Le plaisir d’entendre ces histoires (d’autant plus si vous trouvez des VO) est réel et nous plonge bien dans l’univers de Lovecraft. Dans l’obscurité, avec vos meilleurs écouteurs sur les oreilles, on peut facilement se laisser emporter dans d’autres mondes !

Livre Audio

Cependant ces lectures sont souvent assez plates et peuvent s’avérer un peu soporifiques dans le cas de longues séances.

Contrairement au second format :

Les adaptations radiophoniques

Les adaptations mises en scène. Principalement portées par France Culture, ces adaptations sont fidèles au texte d’origine, malgré quelques écarts. Mais ces écarts sont parfaitement justifiés par la spécificité du média et ne trahissent pas l’œuvre.

Enfin d’autres écarts tiennent plus de l’actualisation des traductions que de la licence poétique. En effet les traductions dans le commerce (à part la dernière vague de nouvelles versions récemment initiée) datent un peu et retranscrivent parfois assez mal la plume du Maître.

Mais surtout, ces adaptations proposent une mise en scène digne des meilleurs sagas MP3 pour vous plonger au sein de l’univers de HPL.

Radio Ancienne

Pour vous convaincre, petite anecdote : j’étais dans la maison familiale, j’écoutais « La Couleur tombée du ciel », dans un premier temps seul, puis quelqu’un est revenu et après quelques mots, s’est assis sans mot dire et nous avons écouté la fin de l’histoire dans un silence religieux. Il restait pourtant presque 1h de programme.

Tout cela est dû, à mon sens, à un bon jeu d’acteurs, un travail sonore et musical efficace tout en restant minimaliste. Enfin, c’est aussi le choix des nouvelles qui se prêtent le mieux dans la cosmogonie de Lovecraft.

Voilà pour les adaptations audio du maître !  Comme vous voyez, je vous conseille très fortement de vous pencher sur les adaptations de France Culture :).

Vous pourrez retrouver les adaptations ainsi que d’excellentes émissions sur Lovecraft ICI !

N’hésitez pas à me suggérer d’autres formats dans les commentaires et merci de m’avoir lu !

Guillaume COEYMANS

 

Lovecraft en BD : Zoom sur 4 oeuvres (Chroniques du Maîtres 1/4)

Bonjour à tous, aujourd’hui n’est pas coutume ; on va parler de littérature, et plus précisément de BD. Et plus plus précisément de Howard Philips « Le Maître » Lovecraft, peut être mon auteur préféré, à travers 4 opus de BD assez différents. Ce sera le début d’une série d’articles sur Lovecraft qui vont venir au fur et à mesure 🙂

Lovecraft, inadaptable ?

“The oldest and strongest emotion of mankind is fear, and the oldest and strongest kind of fear is fear of the unknown”
― H.P. LovecraftSupernatural Horror in Literature

Je vais faire très rapidement une biographie et présentation de Lovecraft (que j’appellerai parfois HPL ou Le Maître ;). Je vous renvoie sur le bon article Wikipedia mais surtout sur l’excellente série de France Culture qui lui est dédiée .

Pour faire simple HPL est le pionnier de la littérature fantastique et horrifique du début du XX° siècle. Peu connu de son vivant, il a surtout publié dans des magazines « pulps » (publications bon marché dans lesquelles on retrouvait des récits d’aventures, fantastiques, etc). Son style se caractérise par une horreur cosmique et indescriptible, où l’homme n’est qu’un grain de poussière dans un univers peuplé de créatures cauchemardesques. En gros son écriture fait peur, très peur (je suis navré de résumer autant, mais n’hésitez pas à consulter mes sources si vous souhaitez en savoir plus).

Il a aussi une correspondance gargantuesque avec des milliers de lettres envoyées à travers tous les USA sur des sujets aussi variés que l’astronomie, la littérature, la politique, etc.

Son style, très axé sur la description de l’indescriptible et à l’échelle cosmique, rend difficile toute adaptation sur des médias visuels, car tout repose sur la suggestion, la montée dramatique et l’effet que produisent ces révélations. Il a aussi créé toute une cosmogonie avec des dieux, créatures et lieux qui reviennent en toile de fond de ses œuvres et de ceux de ses continuateurs, que l’on appelle souvent « Le Mythe de Cthulhu » ou juste « le mythe ».

En revanche, son empreinte stylistique se retrouve dans énormément d’œuvres, principalement dans des productions dites « de genre ». On peut citer notamment la saga Evil Dead et son Necronomicon, les jeux vidéos, la saga Amnesia notamment et bien d’autres.

Aujourd’hui, donc nous allons nous attaquer de BD, avec 4 œuvres :

Neonomicon : à deux doigts du carton rouge

La première BD que j’ai lue en rapport avec Lovecraft se présente comme une modernisation du mythe de nos jours. Plutôt alléchant au premier abord, surtout avec Alan Moore au scénario.

A mettre à son honneur : des dessins magnifiques de Jacen Burrows qui rendent bien l’univers proposé sans en faire trop. Mention spéciale aux hallucinations assez bien rendues, ainsi qu’à la composition des planches. La structure du scénario est aussi intéressante, respectant une structure connue chez Lovecraft : description d’un fait, fast forward sur l’enquête, et retour aux premier protagonistes avec de nouvelles relations.

Ensuite : le reste. Par où commencer ? Le premier personnage introduit, central par la suite, ressemble au Maître. Bon on apprécie le clin d’œil mais c’est un peu facile. Surtout que par la suite, à chaque page (sauf dans le dernier quart même si c’est présent) on nous assène des dizaines (parfois 10 par page ! ) de références à l’œuvre de HPL. C’est vraiment le niveau 0 de la référence, c’est comme si l’auteur vous disait « T’as vu, t’as vu, j’ai dit ça, et ça ! Je suis cool hein ?? » Non vraiment, c’est lourd. Aucun effort d’imagination à ce sujet, c’est presque un bingo du mythe.

L’intrigue est relativement basique, et je n’ai pas de problème avec ça. Elle mélange plusieurs œuvres de HPL de façon un peu bâtarde, donnant parfois une impression de fouillis et de manque de continuité.

Cependant, elle traîne des thématiques que je trouve hors sujet en plus d’être, dans la BD elle-même, inintéressantes. En effet, l’histoire tourne beaucoup autour du sexe, de la sexualité et du viol. Prenant pour prétexte les écrits de Lovecraft, qui regorgeraient de sous entendus sexuels, la BD s’en donne à cœur joie (à déconseiller aux âmes sensibles, l’ouvrage étant très explicite).

C’est pourtant oublier que HPL était lui-même un puritain (« le dernier des puritains » disait-il lui même) peu porté sur le sexe et même sur les relations hommes/femmes, son œuvre ne comportant quasi aucun personnage féminin. Mais dans l’absolu pourquoi pas, pour « moderniser le mythe », cela aurait pu être un moyen intéressant. Sauf que c’est fait de manière grossière, quasiment gratuite, trop explicite (suggérer est toujours mieux que montrer), et parfois inutile.

Difficile pour moi donc, de vous conseiller cette BD, mais si vous êtes un collectionneur, pourquoi pas. En revanche si vous cherchez à retrouver ce qui fait le sel du Mythe de Cthulhu, passez votre chemin.

Providence 1 – La peur qui rode : à un doigt du carton rouge

C’est l’une des raisons qui font que cet article a mis du temps à sortir. En effet, je possède la BD depuis un moment et j’ai voulu la relire avant de rédiger cet article.

J’avais un souvenir plutôt négatif de cette histoire, mais là je n’ai tout simplement pas pu la re-finir.

Avec la même équipe de Neonomicon derrière, je m’étais dit à la base qu’ils ne pouvaient que faire mieux. Spoiler : non.

Déjà, le héros qui reprend les traits de HPL. Pourquoi pas, m’enfin niveau imagination on repassera. Pourtant le début (j’entends par là les 5 premières pages) était plutôt bien : le héros est un journaliste dont l’écriture est proche de ce que Le Maître a pu écrire. Mais dès la 6ème page, on est déjà dans du sexe graveleux et explicite… Pour rien en plus. Même si le dessin en lui même reste tout aussi agréable que dans Neonomicon, c’est bien dommage.

Par la suite, l’intrigue se développe de façon confuse, car elle mélange plusieurs œuvres de HPL, de « La Peur qui rôde » jusqu’à « l’Abomination de Dunwich » en passant par « Horreur à Red Hook » et quelques autres. Ces récits aux styles différents et donc assez peu compatibles donnent une impression de fourre-tout désagréable.

Le héros tombe dans les bras du premier homme qui passe, sans plus d’explications que cela, juste parce qu’il est beau gosse (rappelons le, HPL était un puritain) ce qui le rend peu sympathique, car son attirance n’est que charnelle.

Enfin le récit est ponctué de pages du journal du héros… Qui ne fait que répéter ce qui a été montré dans le chapitre précédent. Ennuyeux.

Il y a eu des suites, que je n’ai pas lues encore, mais pourquoi pas, pour voir si le niveau remonte… Enfin, à part aux fans, je ne peux pas vous conseiller cette BD non plus.

Weird Detective : Là je dis oui !

Étrange … Voilà ce qui caractérise cette BD bien nommée. Je l’ai découverte au hasard du Bordeaux Geek Festival, sur le stand d’Akileos, en présence du dessinateur (merci à lui pour sa dédicace d’ailleurs !). Une BD, qui s’appelle Weird Detective (rappelant le magazine Weird Tales où Le Maître a été publié) et sous titrée « The stars are wrong » rappelant aussi une formule bien connue de HPL, ne pouvait que me plaire.

Le style graphique rappelle les comics pulps et fait bien honneur à son contenu. Le trait est agréable et les couleurs très belles.

Au niveau de l’histoire, on suit un détective étrange (ah bon ?), devenu d’un coup excellent investigateur alors qu’il était médiocre avant. Il semble disposer de facultés supérieures et d’un esprit unique pour résoudre ses enquêtes, il est appelé suite à une série de meurtres bien singuliers. Je n’en dévoilerai pas plus 🙂

Retenez simplement que l’histoire se passe dans un monde qui pourrait être celui d’HPL mais aujourd’hui. Les références au mythe sont explicites mais aucune à l’œuvre du Maître (l’exact opposé des deux précédentes BD). Les personnages y sont intéressants, l’action prenante et l’intrigue… intrigante.  Les touches d’humour sont tout à fait pertinentes (si vous avez la BD, je vous dirais juste « Il est canadien » 😉 ).

Excellent hommage, cette BD est un régal ! L’esprit de Lovecraft y est, sans le trahir ni trop en faire. Quelqu’un qui ne connaît pas Lovecraft pourra prendre plaisir à lire la BD, ce qui est plus compliqué pour Neonomicon et Providence.

Lovecraft par Ian Culbard : Carton plein

On parle d’un gros volume, toujours chez Akileos, un pavé comprenant 4 adaptations strictes de HPL par Ian Culbard. Au début circonspect concernant la possibilité d’adaptation littérale, surtout après avoir vu les premiers visuels dont le style me paraissait très « enfantin ». J’ai été surpris une fois l’ouvrage en main de me rendre compte que ça fonctionnait plutôt bien.

Comme il s’agit d’adaptations littérales je ne vais pas développer l’intrigue; simplement tout est respecté. Le style de dessin, qui m’effrayait au début, s’avère au final parfaitement adapté. Les scènes oniriques notamment font tout à fait honneur à l’œuvre originale. Peut être simplement dans les passages horrifiques, les créatures ne sont pas assez… horrifiques justement.

Je recommande donc à 100% cette BD qui ravira les fans du maître. Les néophytes trouveront une belle porte d’entrée vers l’univers d’HPL même s’il faut garder à l’esprit que ça peut être un peu « perché », notamment le cycle du rêve.

Au final ?

Comme quoi lorsqu’on a des critiques négatives à faire c’est toujours assez long, et beaucoup plus rapide lorsque c’est bien 🙂

Au début réticent, le média BD s’avère donc plutôt propice à l’adaptation de Lovecraft. Cependant le fait que de grands noms s’en mêlent n’est pas forcément un bon point, surtout quand il s’agit de mélanger plein de choses.

Gardons à l’esprit le concept de « keep it simple » aller au plus simple : une adaptation ou une œuvre qui se passe dans l’univers. Pas un gros gloubi-boulga de références et d’histoires qui n’ont rien à voir ensemble. Dans le cas des deux premières BDs, la modernisation du propos échoue car il ne suffit pas de dire « rajoute des fesses et des zizis ». Là où Weird Detective réussit bien mieux le pari en modernisant propos et univers. Enfin, l’adaptation stricte de Culbard est une réussite car elle sait saisir ce qui fait l’essence du travail de Lovecraft et le mettre en image.

J’ai ici fait un choix parmi 4 œuvres, n’hésitez pas à me dire en commentaire si vous avez d’autres exemples !
Bien entendu, ces avis ne sont que les miens 🙂

Je vous dis à très bientôt pour d’autres articles et la suite du Dossier de Maître !

Guillaume COEYMANS

Que manger en cours de partie ?

Petite réflexion en passant, presque une « shower thought » comme disent les anglo-saxons : qu’est ce qu’on mange durant un JDR ? Et quelle serait la meilleure nourriture pendant une partie ? C’est aussi parfaitement valable en séance de J2S ! 

Un moment convivial :

Une partie de JDR, en privé ou en convention est un moment convivial entre amis ou entre personnes qui partagent des intérêts. Dans ces moments de partage, la bouffe est un élément important, surtout dans nos contrées de mangeurs de fromages et de baguettes.

Du coup la question se pose : qu’est ce qu’on mange et pourquoi ?

Les problématiques que ça pose:

Souvent dans ces situations, nous amenons de la nourriture traditionnellement qualifiée de « malbouffe »; chips, barres chocolatés, snacks, sodas, frites, burgers etc. Je ne parlerais pas de l’aspect santé car ça ne regarde que vous.

En revanche, ce type de plats a un défaut principal : ça tache, salement. Une feuille de perso salie ça peut parfois se rattraper, mais parfois la fiche devient illisible. Mais passe encore. Maintenant imaginez une grosse tache de chips sauce barbecue sur votre superbe bouquin édition limitée collector crowdfundée à 150 € ? Ou sur votre plateau de jeu importé d’Allemagne à 80€ ? Ou pire, sur votre édition originale de Tunnels and Troll de 1975 ? Ça devient tout de suite problématique…

Bien sûr, le matériel de jeu vis et se patine avec le temps. Cela fait partie du plaisir (mon plateau d’Horreur à Arkham ne tient plus ensemble, mais il n’est pas taché 😉 )

Quelles solutions ?

Je vois deux types de solutions pour remédier à cela, et seulement l’une des deux implique de se passer de chips et de coca 😉

Réserver un temps au repas :

Solution très franco-française, car nous aimons prendre le temps de manger ; il s’agit d’arrêter de joueur une heure, de nettoyer la table et de manger loin du matériel de jeu. Cela peut aussi être d’aller au fast-food du coin ou commander des pizzas.

C’est une solution sûre et pratique car elle permet aussi de faire un break dans une partie, de retrouver son énergie (la fameuse énergie de groupe 😉 ) et d’échanger sur la partie. Principalement quand le jeu se déroule sur une longue période, les personnages ont le temps de parler, alors les joueurs peuvent l’avoir aussi.

Prévoir des aliments « propres » :

Faites une croix sur vos chips et vos Kinder Buenos ! Privilégiez des fruits et légumes frais (surtout en cette saison) de préférence préparés de façon à être mangeables en une bouchée. Typiquement les tomates cerises, les carottes coupées, etc.

Au delà d’être de la nourriture saine, le risque de tache est beaucoup plus faible car ces aliments sont bien moins gras et restent peu sur les mains, et par transitivité tachent moins.

Alors bien sûr il est toujours possible de tacher du matériel avec une carotte, mais le risque est bien moins sévère. Dans tous les cas cela ne nous dispense pas d’être attentif à notre matériel et à veiller à ne pas l’abîmer !

Voilà pour cet article court sur la restauration en partie ! Faites moi part de vos astuces en commentaire !

Merci de m’avoir lu !

Guillaume COEYMANS 

Service Compris, un classique à la hauteur ?

Parce qu’il n’y a pas que les jeux récents dans la vie ! L’envie d’en parler m’est venue après quelques parties récentes et des avis mitigés que j’ai pu voir ici ou là. Alors venez avec moi à la découverte de ce classique ! 

Un classique ?

Service compris n’a rien à voir avec les jeux de plateaux « classiques » tels que le monopoly ou le Trivial Poursuit. Je parle de classique car service Compris fait partie de ces jeux qui étaient très populaires il y a une dizaine d’années, avec Elixir (que je n’ai jamais aimé), Oui Seigneur des Ténèbres, ou dans une certaine mesure, le loup-garou. A mon sens ce sont des jeux qui datent d’avant (ou du début) l’explosion du J2S en France .

C’est donc un jeu que j’ai découvert jeune et que j’ai pu tester à nouveau récemment.

En quoi ça consiste :

Le matériel de jeu est très simple : un « tapis » de jeu représentant la table d’un Ogre, 6×9 cartes représentant des races fantastiques (Troll, Gobelins, etc et pour chacune, un « roi ») et des cartes d’actions.

Le principe est tout aussi simple : au bout de la table, l’Ogre a faim et chacune des races va se voir dévorée au fur et à mesure. Chaque joueur dispose de cartes actions permettant d’envoyer des membres d’une race ennemie se faire boulotter, ou bien d’accélérer le repas, etc. Chaque joueur dispose aussi de contres afin de pimenter tout ça. La dernière race en jeu est la gagnante.

Et ça vaut quoi ?

Les illustrations ne sont pas des plus inspirées, et le fait que le « roi » soit juste un zoom sur le visage d’un personnage normal est un peu fainéant. Chaque personnage a un nom différent, souvent sous forme de jeu de mots, on aime ou on n’aime pas, moi ça me fait rire !

Cependant, une fois la partie lancée, le jeu déroule bien. Alors oui, il n’y a pas vraiment de hasard et assez peu de stratégie, ce qui fait qu’on peut s’acharner sur un joueur ou avoir une mauvaise main.

Cependant si l’esprit est juste de jouer à un jeu simple, fun et rapide, c’est un excellent jeu. L’ambiance y est vite, chacun appréciant les coups tordus que les autres se font avant d’en subir lui même un.

Il y a une vraie dose de suspense, la partie pouvant rapidement basculer avec certaines combinaisons de cartes ou selon le tirage des cartes.

Rapide à mettre en place, simple et fun, c’est un jeu que je trouve vraiment sympathique. Il a été récemment réédité et est donc facilement disponible, ne cherchez pas plus loin pour un jeu fun et rapide !

Pourquoi tant de critiques  ?

Les principaux reproches que j’ai lus tournent autour du hasard et de la répétitivité du jeu. Pour moi ces arguments ne tiennent pas. En effet, ce n’est pas un jeu fait pour passer des après midis entiers à jouer, en calculant 10 mouvements en amont et où l’on planifie 10 tours à l’avance.

Non, Service Compris est un jeu sans prétention, un jeu à jouer vite pour se chauffer avant, par exemple, de se lancer dans 4 heures d’Horreur à Arkham. Bien entendu ce n’est pas non plus un jeu à mettre avec n’importe quel groupe. Si vous n’avez que de vieux briscards qui ne jurent que par des jeux dont chaque partie fait 2h au minimum, ce n’est pas la peine. Mais pour un public plus jeune ou plus dans l’ambiance de faire un « party game » ça passe très bien .

Donc je vous recommande Service Compris et vous dit à très bientôt pour la suite !

Guillaume COEYMANS 

Mes 4 commandements du Joueur de JDR

Après avoir évoqué ICI les commandements du JDR plutôt orienté vers les MJ, place maintenant à ceux du PJ !

4 – Honnête tu seras

C’est à dire honnête ? Tout bêtement être en capacité de dire, en tant que joueur, à ton MJ ou à ton groupe si tu souhaites faire quelque chose de particulier ou si quelque chose ne te convient pas.

Si tu n’es pas à l’aise avec un style de jeu, une ambiance ou des thématiques il est très important de le dire. En effet, il arrive parfois qu’un joueur n’arrive pas a rentrer dans la partie à cause de ce type de problématiques.

C’est particulièrement vrai dans certains types de jeux ou d’univers pouvant toucher à des thématiques graves. Il m’est déjà arrivé lors d’une partie de Bimbo sur un scénario inspiré du film « Délivrance » de voir des joueurs mal à l’aise avec certaines scènes (si vous avez vu le film, vous savez de quoi je parle, sinon foncez, mais avec prudence, c’est un film très dur).

De façon plus légère, je suis personnellement mal à l’aise avec des personnages de brutes que j’ai du mal à jouer, aussi je n’hésite pas à demander à changer si besoin.

Aussi, dites à votre MJ ce que vous souhaitez ! Il y a toujours moyen de s’arranger 🙂

3 – Des propositions tu feras

Prolongement du point suivant, en tant que joueur il est important d’être force de proposition. Ce conseil s’adresse principalement aux néophytes : PROPOSEZ ! On voit souvent des débutants être timorés ou réservés au cours de leur parties.

Je comprend parfaitement car tout débutant dans n’importe quel milieu peut être impressionné, c’est même une des caractéristiques du débutant. Néanmoins, il ne faut pas hésiter à proposer des actions, des plans, des idées, etc… Rien n’est jamais farfelu ou nul, à tous les coups ça pourra faire avancer le groupe.

Et de toute façon dans un JDR il n’y a pas de notion de victoire, aussi il n’y a littéralement rien à perdre. Donc toute proposition est bonne à prendre.

Tant que les propositions se font en accord avec les autres points, c’est très agréable pour un MJ d’avoir un groupe qui est force de proposition.

2 – La situation tu accepteras

C’est un point plus subtil et je pense qu’à terme, il y aura un article complet sur le sujet. Contrairement à l’idée générale, je pense très sincèrement que le JDR n’est pas un monde ouvert et sans limites. Le rôle du MJ est, entre autres, de restreindre cette liberté afin que les joueurs restent dans le cadre de ce qui a été posé.

Ainsi, il est important en tant que joueur, d’accepter ce que propose le MJ et les autres joueurs. Pour illustrer, je vais me servir d’un exemple vécu lors d’une partie de Cyberpunk, ambiance huis clos étouffant avec risque de se faire démonter par la mafia locale.

Or l’un des joueurs (qui se reconnaîtra s’il me lit 😉 ) a décidé d’arpenter la maison dans laquelle nous étions enfermés en trimbalant un ruban rouge et en le faisant danser dans tous les sens. C’était complètement contraire à l’ambiance posée et a pu nuire à toute la partie. Autre exemple, plus classique, dans l’Appel de Cthulhu il faut accepter que, sauf mention contraire, nos personnages doivent être en mesure de voyager et accepter de poursuivre une quête pouvant les mener à la mort ou à la folie (mais j’en parlerais dans un autre article 😉 ).

Donc acceptez à bras ouverts les contraintes que l’on vous donne et vous verrez que votre jeu ne pourra en être que meilleur !

1 – Écouter avec attention tu devras

Numéro 1, le plus évident mais ça fait du bien de le rappeler. Écoutez ce qu’il se passe, tant au niveau du MJ que des autres PJ. Cela demande de l’attention et un effort certain, mais c’est important d’être dans une position d’écoute et de disponibilité maximale pour que tout se passe au mieux.

Ce n’est pas évident car nous sommes souvent entre amis donc la propension à digresser est énorme, surtout quand la partie commence à durer. Mais c’est pour moi un argument de plus vers des parties au format 4h, mais on en parlera plus tard 😉

Voilà pour ces 4 petits conseils, si certains viennent de l’improvisation théâtrale, ils auront peut être reconnus des points de convergence, c’est normal car je pense qu’il y a du bon à prendre de l’impro vers le JDR !

Merci de m’avoir lu et n’hésitez pas à partager cet article et à le commenter !

Guillaume COEYMANS