Etude : les rôlistes et les nouvelles technologies

Il est temps de parler serious business maintenant. J’ai créé ce  blog d’abord par plaisir, mais aussi pour mes études. Je prépare un mémoire de recherche sur les rôlistes et les nouvelles technologies. C’est donc le moment d’attaquer sérieusement les choses.

Je vous présente donc l’étude en quelques mots : je m’intéresse à l’arrivée des nouvelles technologies dans l’univers du jeu de rôles.

Une étude originale :

Il s’agit, à ma connaissance, d’une des seules études qui s’intéressent à ce que font les rôlistes et non à ce qu’ils sont. Cette différence est fondamentale : il ne s’agit pas de savoir le fameux « Mais qui sont les rôlistes ? » (rabâché depuis des années) mais bien de prendre pour fait établi que les rôlistes existent et qu’ils sont un groupe social à part entière.

La question est donc de savoir maintenant que font-ils ? comment évoluent-ils ? quelles sont les perspectives face aux nouvelles technologies ? etc. …

Une étude participative

Et oui ! J’ai besoin de vous, je vais vous faire travailler 🙂 En effet, la documentation sur les rôlistes reste assez faible en Europe. De toute façon, je ne conçois pas un travail comme celui là sans faire appel à vous pour avoir les données les plus fiables possibles. Pour participer, plusieurs façons de faire :

  • Un questionnaire. Cela me permet d’avoir une vue d’ensemble de la population rôliste.
  • Des rencontres plus approfondies avec des rôlistes de tout bords.
  • Enfin, une enquête de terrain avec une observation en direct des habitudes des rôlistes.

N’hésitez pas à remplir le questionnaire juste : ICI

Ainsi l’étude se veut la plus complète possible. Pour la rendre encore plus solide et légitime, j’ai besoin de vous pour répondre au questionnaire et surtout le partager et le diffuser autour de vous ! Je vous en serais très reconnaissant, et vous aurez ma gratitude éternelle (c’est plus pratique et moins cher que de vous offrir un verre à tous 😉 ) !

Guillaume Coeymans 

Carton Rouge : Sans Détour, Mais où va-t-on ?

Ok alors aujourd’hui, je ne suis pas content. Sans Détour, éditeur de jeux de rôles ayant déjà fait sensation avec son crowdfunding pour la 7 édition de son jeu de rôles phare l’Appel de Cthulhu, lance un nouveau financement participatif pour une campagne inédite, les 5 supplices. Mais il y des choses qui me gênent méchamment ce coup-ci, je m’explique :

Précisions pour cet article, je pars du principe que vous avez lu mon article sur le CrowdFunding ou sur Sans Détour et son « succès surprise« , si ce n’est pas le cas, allez y jeter un œil =) 

Le « foulancement », comme on devrait dire en français, est un moyen de financer un projet qui n’existe pas et qui n’existerait pas sans ce système. Il permet ainsi de créer du contenu grâce à des fans.

Or l’éditeur est tombé dans un écueil qui est le suivant : le produit existe et le financement participatif n’est qu’un argument marketing. Explications :

Le produit est déjà financé, comme Sans Détour l’avait indiqué pendant la campagne de la V7, par l’argent de la précédente souscription. L’angle choisi est donc que si les joueurs souhaitent avoir tout le matériel, ils doivent souscrire. Tout le matériel existe déjà pourtant ! Les scénarios sont écrits, les partenaires trouvés, etc.

Qui plus est, l’objectif fixé est encore une fois terriblement bas ! Le premier palier était à 10 000 euros, sachant que la version la plus vendue (et non la plus financée, puisqu’on ne parle plus de financement ici mais de vente) est à 150€. Au vu des précédents succès, Sans Détour savait pertinemment que sa base de fans ferait tomber ce palier très vite (soit moins de 100 financements). A l’heure où j’écris ces lignes, on a dépassé les 80 000€ et le financement est à 823%. Ce qui est, soyons honnêtes, totalement absurde. La prise de risque est nulle, c’est donc à des années lumières de ce qu’est le financement participatif.

On n’est plus dans le financement d’un projet mais dans l’édition limitée déguisée. Je n’ai rien contre une édition limitée, j’en ai pas mal et je pleure celles que j’ai ratées, mais c’était des produits vendus clairement comme tels. Ici, je ne peux pas m’empêcher d’avoir l’impression de me faire avoir quelque part. Je n’ai plus l’impression d’aider une structure, vu que les produits existent. J’ai l’impression que l’on me « force » à payer pour avoir un produit complet, et que si je ne paye pas j’aurai une édition au rabais.

De plus Sans Détour profite de l’écho marketing qu’est « un financement participatif record ! » alors que l’on distord le concept pour en faire un outil marketing. Alors je pense qu’ils vont essayer de faire bonne impression à base de « on ne s’y attendait pas » et « on a pensé aux boutiques, des offres leur sont spécialement destinées ».

Comme le dit très bien Le Thiase, on n’aide pas une petite maison d’édition sur un JDR avant-gardiste mais l’un des JDR les plus populaires et les plus diffusés. Autant vendre les produits directement au prix fort, on aura l’impression que c’est honnête, même si c’est cher.

Bref pour conclure, je ne cautionne pas cette démarche et je prédis que si ce genre d’initiatives se multiplient, le monde du JDR va droit dans le mur, sans détour.

Guillaume Coeymans 

Bimbo, ou le JDR qui casse les codes

Cet article fait suite à ma participation aux Martian Bimbo Awards à Bordeaux ce week-end, organisé par les copains de Cent Balles et Un Mars. J’ai eu l’occasion de jouer avec son auteur et de tester ce JDR atypique.

Bimbo, c’est quoi ?

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Bimbo est l’oeuvre de Grégory Privat, produit par Sans Détour. C’est un jeu de rôle un peu atypique. En effet, sur le modèle d’Oltréé!! le maître du jeu n’a que peu d’informations sur le déroulé du jeu : juste une ligne directrice, le système de jeu et c’est parti ! L’univers est celui des films « grindhouse« , ces films de séries B, populaires dans les années 70-90, avec des actrices charmantes défouraillant du méchant à tour de bras en petite tenue.

La particularité de Bimbo est qu’il est un jeu au système qui en fait un jeu… compétitif. Quoi ? Comment ça ? Un JDR ou l’on doit battre les autres ? Mais c’est contre l’esprit du jeu !

Et bien, en effet, mais ce n’est pas si mal !  Dans Bimbo, vous jouez donc une starlette qui souhaite avoir le premier rôle dans le film du Réalisateur (MJ). Je ne vais pas m’appesantir sur le système de jeu pour en faire une critique exhaustive, d’autres l’on fait bien mieux que moi (ici, , où là ). Ce qui m’intéresse le plus dans ce jeu c’est la façon de jouer et de narrer l’histoire, plus que les règles elles-mêmes. Les rôles habituels du MJ et du joueur sont bouleversés ! Voyons ça en détails :

Un MJ fainéant (ou pas)

Lorsqu’on regarde un peu les livres de scénarios, il y a de quoi être décontenancé. Il faut compter 3-4 heures de jeu environ. Le système de jeu fait que les parties ne sont pas plus longues et ne s’y prêtent de toute façon pas. Le scénario tient sur une page et demi, deux pages maximum. Ce scénario (ou film) est découpé en 3 à 8 scènes, tenant en quelques lignes avec un objectif à remplir. Autant dire que si, comme moi, vous aimez avoir un gros livre exhaustif et complet, ça peut surprendre.

Cependant, comme je vais en parler après, ce sont les joueurs qui créent le scénario au fil de l’aventure. Le réalisateur tient les principaux éléments du scénario (qui sont les ennemis, leur valeur et les jalons scénaristiques), ainsi que les parties « compétition », à savoir les points « star système » (que l’ont peut assimiler à des points de victoire) et les points de réussite/échec du film. Il doit aussi gérer l’argent que lui donnent les joueurs et les effets que cela aura dans le film (augmenter les effets spéciaux, arrivée d’une star, etc. ).

Mais, là où son rôle se corse c’est qu’il doit gérer chaque vedette, chacune ayant son égo, ses envies et ses objectifs secrets, les « clichés ». Le MJ a donc bien un rôle de réalisateur, décidant où braquer la caméra et jouant sur la fluidité du jeu. C’est cet aspect qui en fait un jeu exigeant pour le réalisateur, obligé de jongler de star en star, d’idée en idée tout en gérant les points, l’argent, etc. Un vrai défi !

Des joueurs proactifs

Après avoir créé leur avatar starlette (on peut tout à fait jouer un homme, mais jouer une femme est bien plus dans l’esprit du jeu) la partie peut commencer sur les chapeaux de roues avec la première scène !

Vous l’avez compris, c’est aux joueurs de créer l’histoire dans laquelle ils évoluent en fonction du peu que leur donne le réalisateur. Pour cela, il y a quelques astuces. D’abord, tout ce que vous dites se fait, sauf opposition. Ne dites pas « je vais prendre mon fusil et viser le type » mais « j’épaule mon fusil et je tue ce type » si personne n’y voit d’inconvénient, cela se fait. Si il y a besoin d’un jet, celui-ci se fait. Si une autre vedette estime que c’est elle qui aurait dû avoir cette scène, elle peut tenter un « Coupez! On la refait ! » qui permet de refaire une scène avec un nouvel angle. Ainsi les joueurs doivent compléter leurs objectifs, engranger un maximum de points de victoire tout en étant sous le feu des projecteurs. Leur intérêt est que le film sorte pour toucher un maximum d’argent.

Car en effet, il y a des sousous en jeu. Chaque vedette a un pécule de départ qu’elle peut investir dans le film et récupérer à la fin de la partie, avec un bonus si le film est sorti et un autre bonus si elle est la tête d’affiche. A quoi sert cet argent ? A payer des doublures par exemple pour éviter de vous mettre en danger sur une action dont vous n’avez pas la compétence, à engager de meilleurs figurants, de meilleurs effets spéciaux, etc…. C’est grâce à cela que vous pourrez transformer un film de série B en super-production ! Le but étant d’en mettre plein la vue et d’être LA star !

J’ai évoqué les compétences, je reviens dessus car le système de ces compétences est particulièrement sympathique. En effet, vous avez autant de compétences qu’il y a de mots dans votre « rêve de star », chaque mot étant une compétence (3 au choix vous donnent des bonus supplémentaires). Par exemple, si dans votre BG vous avez le mot « pied », vous pourrez vous en servir pour donner un coup de pied, faire du pied, ou encore bouturer une planque ou n’importe quoi d’autre ! Il suffit que le réalisateur soit d’accord, mais le principe est de tordre chaque mot pour être la plus polyvalente possible ! C’est très très drôle, parole de linguiste !

Les Martian Bimbo Awards

Un mot sur cette convention : organisée par les copains de Cents Balles et Un Mars, comme dit dans l’introduction. Cette association de GN a su reconnaître le potentiel compétitif de ce JDR afin de faire un « vrai » tournoi de Jeu de Rôle. Mais comme ils aiment bien faire les choses, il y avait tout un décorum, tel une soirée mondaine, valets en tenue offrant rafraîchissements et coc… farine aux participants. Cérémonie en bonne et due forme donc, avec maître de cérémonie, projections et interruptions par des vedettes en mal de gloire. Les joueurs et joueuses se sont pour la plupart pris au jeu et ont revêtu des costumes de stars et créé de fausses affiches de films de série B pour compléter le tableau. Puis, bien entendu les prix remis aux réalisateurs et aux meilleurs rôles féminins. Tout cela fort bien organisé, très drôle et comme toujours convivial ! Vous pourrez retrouver les photos de la journée ICI.

AfficheBA1Mon affiche de personnage-joueur … j’ai un peu honte mais c’était drôle ! 

Un grand merci donc à toute l’équipe pour m’avoir fait découvrir ce jeu dans de telles conditions ! C’était idéal !

12182563_930715823643304_7477363116303487503_o(défi : me retrouver dans cette photo 😉 )

Bimbo et les filles :

Dernier point, et je marche un peu sur des œufs, mais je pense que c’est intéressant de le noter. J’ai constaté pendant cette journée des Martian Bimbo Awards, une surreprésentation des joueuses. En général, on tourne à environ 30% de joueuses dans ce type de convention. Ici, nous avions presque la parité. Cela m’a vraiment étonné alors que le jeu, pris au premier degré, est plutôt macho (en vrai il ne l’est pas, bien au contraire, mais ce n’est pas l’objet ici). Cela viendrait-il de l’organisation ? (En effet, l’association organisatrice est à la base créatrice de GN, plus paritaires). Du jeu en lui même, car la thématique parlerait plus aux femmes ? Ou tout simplement le début d’un mouvement de fond qui verrait les femmes arriver en JDR en même nombre que les hommes ?

C’est en tout cas quelque chose à creuser et à surveiller dans les années à venir !

Pour conclure, Bimbo est un très bon jeu, très particulier et je ne peux que vous recommander de le tester de ce pas ! J’espère que cet article vous aura plu ! N’hésitez pas à le partager sur les réseaux et commenter si vous le souhaitez 🙂

Guillaume Coeymans

MJ : De Maître du Jeu au Manager du Jeu

Encore un article qui vient de ma casquette de rôliste/communicant. J’ai vu des ponts évidents entre JDR et management. Je pense qu’il est important d’essayer de formaliser cela et de se dire qu’une partie se manage (presque) comme une équipe. 

Management n’est pas un gros mot :

Vous avez peut être tiqué à l’idée d’intégrer des concepts « barbares » comme le management au sein du noble art du JDR. Pourtant, pendant un JDR, un MJ gère une équipe comme un manager gère la sienne au final. Votre objectif est que l’équipe avance au mieux et réalise les siens dans les meilleures conditions.

Le management d’équipe est en plus un domaine proche de la psycho-sociologie, domaine de recherche particulièrement observé. Dans ce domaine il y a de plus de quoi trouver des quantités de techniques, astuces etc. afin que votre partie se déroule au mieux et que votre groupe soit des plus cohérents.

Il n’y a pas de honte donc à chercher des techniques de management efficaces sur des groupes réduits, que vous pouvez adapter au JDR.

Manager

Quelques conseils :

Prenez de la hauteur :

En effet vous, maître du jeu, devez « dominer » la partie afin de vous placer en position supérieure. Pourquoi  ? Pour que, lorsqu’il faut faire preuve d’autorité, vous soyez naturellement en position d’avoir un ascendant psychologique sur votre équipe.  Lorsque le groupe s’emballe, discute, n’écoute pas, ou lorsque vous devez décrire quelques chose d’important, vous devez pouvoir imposer le silence. Pour cela quelques techniques :

  • Levez-vous ! : C’est un des conseils les plus simples. Si vous êtes debout et les joueurs assis, vous allez être naturellement en position supérieure. Bien sûr, ça peut être difficile lorsqu’on joue longtemps ou que l’on a des douleurs, etc. … Trouvez d’autre techniques, comme de surélever le fauteuil et vous tenir bien droit. Cet ascendant vous permettra, croyez-moi, d’imposer votre présence quand c’est nécessaire.
  • Enclavez-vous ! :  Décalez vous par rapport au reste du groupe. Soyez en bout de table ou sur un fauteuil et non sur un canapé avec les autres joueurs.  Marquez bien votre espace avec votre écran et ne tolérez pas que l’on passe derrière même « juste pour voir » . Ainsi vous vous marquez comme étant à l’extérieur du groupe de joueurs : vous n’êtes pas à leur niveau, vous faites partie d’un autre cercle.
  • Imposez-en ! : Vous êtes le maître de la partie. Votre équipe a probablement un « leader » qui s’est dégagé. Cependant vous êtes au-dessus de ce leader, vous devez vous imposer à lui lorsqu’il le faut. Pour ça, pas de mystère: travaillez votre voix, soyez capable de parler fort et clair, ouvrez vos épaules et adoptez une posture sûre de vous, parvenez à mettre un terme à une discussion qui tourne à « l’enculage de mouche » (passez-moi l’expression).
  • Tranchez ! : Votre but n’est pas de tergiverser, d’interpréter et de discuter pendant des heures la moindre décision. Vous avez les cartes en main, vous savez où vous allez, pas vos joueurs. N’hésitez donc pas à arbitrer une décision. Vous verrez que le jeu n’en sera que plus fluide.
  • Asseyez-vous : Quoi ? Comment ça ? Je contredis le premier point ? Oui et non … En vous asseyant lorsque les joueurs sont en pleine réflexion-débat, c’est comme si vous vous « cachiez » derrière votre écran pour les laisser faire. Cette discrétion donne à vos joueurs la liberté et l’espace dont ils ont besoin. Ils sont en confiance et se sentent entre eux. Et lorsque vous vous relèverez pour enchaîner, le silence se fera de lui même.

Développez votre empathie

L’art du management est un art d’empathie. Vous devez être capable de « sentir » votre groupe afin de pouvoir vous comporter au mieux pour que tout glisse.  Pour cela pas de mystères :

  • Soyez attentifs : Votre groupe est un artefact social comme n’importe quel groupe de personnes. Repérez les leaders, les grandes gueules, les intellectuels, ceux qui parlent peu mais bien, l’optimisateur (ou grosbill), etc. … Les identifier vous permettra de gérer votre groupe au mieux.
  • Distribuez la parole : Lorsqu’une décision est prise ou que vous parlez avec vos joueurs, soyez attentifs à tout le monde, que tout le groupe se soit exprimé. Cette attention plaira aux joueurs plus réservés et leur permettra d’être plus à l’aise dans le groupe, car il seront écoutés quoi qu’il arrive.
  • Ménagez vos joueurs : Vous voulez finir le scénario parce que vous avez prévu un méchant super badass ? Un twist à couper le souffle ? Une superbe fin pleine de philosophie ? C’est super ! Mais sentez votre groupe, si celui-ci se fatigue, se disperse etc. … C’est à vous d’être capable de le recentrer et de le recadrer intelligemment pour que la partie s’enchaîne. Mais c’est aussi votre boulot de savoir quand lâcher prise. Comme je le dis ICI, si votre partie s’éternise, arrêtez les frais et reprenez plus tard. Ce peut être une simple pause de 15′, un passage au McDo acheter des sandwichs ou une remise à la semaine suivante. Au final vos parties n’en seront que plus agréables !
  • Soyez humble : Les joueurs autour de vous ont une vision différente du monde, du jeu au sens large et de ce que vous êtes en train de faire. Acceptez ce que font et ce que  proposent les joueurs, mettez-vous à leur place. Vous serez a priori en position supérieure si vous suivez mes conseils. Si vous ne faites pas preuve d’humilité, vous passerez pour quelqu’un de froid, distant et assez vite désagréable. Soyez ouvert, fun et accessible, équilibrez ça avec votre place de « maître » et vous verrez que vos parties seront mémorables pour vos joueurs. Indépendamment du jeu !

 

Bonus :

  • Soyez multi-tâches : Effectivement, être MJ c’est écouter plusieurs conversations, suivre plusieurs intrigues, gérer le scénario, les personnages et les joueurs. Le conseil que je peux vous donner c’est d’essayer d’en savoir le plus sur le plus de sujets possibles plutôt que de vous focaliser sur un en particulier. Ainsi vous aurez une vue globale du jeu et votre rôle de MJ va vous permettre de temporiser si vous devez chercher une info précise (dans le livre, auprès d’un joueurs en aparté, etc. )
  • Eclatez-vous : Pas de mystères non plus, vous devez vous amuser sinon le groupe en pâtira.
  • Maîtrisez la partie : Pour cela, ne laissez pas votre scénario partir n’importe comment : vous l’avez lu, bossé, voire même écrit, et s’il devient l’opposé de ce que vous vouliez, vous ne passerez pas forcément un bon moment. Quid de la liberté ? Me diriez-vous. C’est à vous de choisir un scénario permettant de la liberté ! Et non de prendre un scénario et de le laisser partir en vrille parce que trop cloisonné, il pousse les joueurs à « briser » les cloisons. Cependant un scénario a généralement un but à atteindre et si personne ne l’atteint, la frustration peut être réelle. Si les joueurs font n’importe quoi et ne sont pas cadrés, ils penseront que vous êtes un mauvais MJ. À l’inverse si votre scénario est trop « couloir, ils vous trouveront tyrannique. A vous de choisir et d’écrire avec intelligence pour proposer des parties équilibrées.

Voilà en somme une série de conseils qui viennent de mon expérience personnelle ! J’espère que cela vous a plu, et n’hésitez pas à vous abonner et commenter cet article si vous le souhaitez !

Guillaume Coeymans 

 

Mes 5 commandements JDR

Bonjour à tous ! Après un long moment d’absence dû à une surcharge de travail et une panne d’inspiration, me revoilà avec un petit best-of de mes pratiques préférées pour faire passer un bon moment de JDR, joueur ou MJ ! Bien entendu tout cet article est subjectif et reflète seulement ma façon de faire 🙂 Bonne lecture !

5 commandements

5 – L’intensité tu privilégieras :

Trop souvent je vois des parties de JDR qui s’éternisent parce qu’il faut « terminer le scénar », à défaut de l’intensité des joueurs. Je vais en reparler un peu plus tard dans un autre article, mais la réussite d’une partie tient, pour ma part, au niveau d’énergie qu’on est capable de maintenir dans la partie. Si ce niveau baisse, la qualité du jeu baisse. Alors, MJs mais aussi PJs, n’hésitez pas si vous sentez que l’intensité de la partie baisse, à arrêter la partie. Je préfère de loin faire une partie en deux séances courtes et intenses qu’en une qui laisse une impression de « on était crevés on a fini à l’arrache ». Vivez votre partie, sentez votre partie, gardez votre énergie et vos parties en seront bien meilleures !

4 – Clair et concis tu seras :

Pour conserver l’énergie dont je parlais juste avant, il est nécessaire de ne pas trop délayer. Que vous soyez MJ et que vous ayez écrit 1 000 pages de livre d’univers (vécu) ou PJ et que vous ayez pensé chaque détail de votre personnage, il est important de garder cet « arrière-plan » en arrière justement. Ne sortez pas votre Background (BG, arrière-plan, histoire de fond) à la moindre occasion. Après tout, dans la vie on ne raconte pas les moindres détails de notre vie et de notre région d’origine 😉 Distillez avec intelligence les informations : si le tout est cohérent cela coulera de source. De même, soyez clair ! N’utilisez pas trop de formes alambiquées ou de citations obscures. Après tout, la plupart des descriptions ont lieu hors jeu, pas la peine de garder un langage ampoulé. Vous garderez ainsi une bien meilleure dynamique !

3 – Ton temps tu prendras :

En opposition au point précédent, il est parfois nécessaire de poser l’ambiance et de prendre le temps de décrire et raconter. Joueur ou Maître, c’est le moment de sortir votre BG, de mettre votre musique d’ambiance et de raconter une belle histoire. Un panorama, une ville nouvelle, un personnage important, tout cela nécessite de prendre le temps de s’y attarder. Mais ne tombez pas dans l’écueil de la lecture plate d’une description. Un bon équilibre entre le commandement 4 et 3 est indispensable pour une partie efficace.

2 – Des règles tu t’affranchiras :

Pour moi, les règles sont juste un outil pour guider la partie. Parfois, certains joueurs ou maîtres abusent du recours aux règles pour justifier leur action au détriment de la fluidité du jeu. Des joueurs qui font « Je peux faire ça, c’est dans le livre de base 3° édition chapitre X … » ou des MJ qui souhaitent absolument appliquer une règle précise et stoppent le jeu pour se référer au livre. Tout cela, à mon sens, nuit au jeu. Soyez souples avec les règles, tant que c’est pour le jeu et que cela est juste. N’oubliez pas, en revanche, que c’est toujours le MJ qui tranche, car lui seul connaît le déroulé du scénario et donc sait ce qui peut passer ou pas 🙂

1 – Des combats point tu n’abuseras :

C’est le point qui m’irrite le plus quand je vois certaines parties. C’est un peu la synthèse des 4 premiers points. Beaucoup de scénarios trouvent leur longueur dans la quantité industrielle de combats mis en scène. J’ai même envie de dire que ce sont des combats non-justifiés. Pensez, MJs, avant de programmer un combat, à vous poser ces questions : « Quelle est l’utilité de ce combat ? Est-ce que cela va leur permettre de prendre de l’expérience ? Est-ce qu’ils vont pouvoir récupérer des infos ? Est-il nécessaire de les affaiblir car ils sont devenus trop forts ? Etc. … » et surtout pas de « Zut, la partie est bien partie pour se finir dans 1h, alors qu’on avait prévu plus long, voilà 5 orcs pour les ralentir ! ». Surtout que des combats trop longs ou trop fréquents risquent de faire perdre le fil aux joueurs, voire décrocher les joueurs les moins à l’aise avec le système de combat. Une partie plus courte que prévue est l’occasion de boire un coup, débriefer, faire un J2S ou autre 🙂 Un combat, au même titre qu’une séance de RP, est un engrenage qui permet de faire fonctionner la partie =) Je ne parle pas du combat final ou de la scène finale, car là, c’est un autre sujet !

Bonus – Les accents tu éviteras :

Pitié, une pensée pour tous ces gardes/agents de police/guets qui ont un accent du sud x)

Merci de m’avoir lu ! Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager et à me rejoindre sur Twitter ! Si vous avez une question, une remarque ou quoi que ce soit d’autre, n’hésitez pas à commenter cet article ! =)

JDR 2.0 (suite), 8 solutions pour s’y mettre en douceur !

Bonjour à tous !

Je vous expliquais il y a peu, dans mon article JDR 2.0 : Echec Critique, comment le marketing et la com’ peuvent faire bon ménage avec le JDR (non ce n’est pas un gros mot que de dire ça !).  Il y a eu beaucoup de réactions toutes intéressantes, et je pense que la « peur » qu’inspirent ces méthodes est totalement injustifiée. On m’a notamment dit que les structures étaient trop petites et donc ne pouvaient pas faire de webmarketing, community management, etc. … Ce à quoi je réponds : C’est faux ! Et je ne sors pas cela de ma manche, quelques articles sont sortis sur le sujet il y a peu, je les partage pour que vous vous fassiez votre idée  🙂 Bonne lecture !

Tout cela peut paraître un peu barbare mais je pense que tout cela a sa place dans le monde du JDR et du J2S : l’exemple de Sans Détour et de son crowdfunding record représente bien la réussite que peut amener une campagne digitale efficace (on va y revenir dans un article futur). N’hésitez pas à commenter et partager cet article s’il vous a plu !

Guillaume Coeymans 

Transmédia, Crossmédia, Le jeu de plateau 2.0 ?

Trois semaines pour sortir mon article alors que je me fixais un rythme hebdomadaire … Plusieurs raisons : beaucoup de travail qui m’a ralenti et le succès de mon dernier article qui m’a un peu « effrayé ». Rajoutez à cela un thème pas évident à traiter et vous obtenez du retard. Dès aujourd’hui je reprends un rythme plus régulier ! 

L’idée de cet article m’est venue en constatant depuis peu que pas mal de jeux (plateau et JDR) étaient réédités en jeu vidéo, que ça soit une adaptation stricte des règles, ou un enrichissement du jeu. Si vous ne le savez pas encore, je suis passionné de Cross-média et Transmédia  (je vais y revenir) et je me suis donc demandé si il y avait une part de trans/cross média dans le jeu de société… Ci-suit donc le fruit de ma réflexion ! Bonne lecture 🙂 

Transmédia et Crossmédia ? Kessessé ?

Commençons par le début, Le Crossmédia :

Au début, était le Crossmédia (que l’on appelle aussi parfois le multimédia, terme qui ne désigne plus la même chose). C’est une stratégie marketing qui décline un univers, une marque, un concept sur plusieurs médias afin de créer une image cohérente et complète. Chaque itération sur chaque média est une représentation complète de l’univers qui l’inspire. Typiquement, on aura, une bande-annonce, une affiche et un spot radio par exemple. Chacun reprend tous les éléments constitutifs du produit et n’en augmentent pas l’univers.

C’est le principe de base de la plupart des campagnes de com’. De nos jours, personne ne fait « juste » de l’affichage ou du spot TV. D’autant plus que depuis la fin des années 90 (vous l’avez peut être aussi remarqué mais c’est subtil) est apparu un nouveau média, Internet (drôle de nom ?) et depuis quelques années, les réseaux sociaux. Ils ont radicalement changé la façon de communiquer son univers et son image, de part la création de communauté et l’interactivité qu’offre ce média.

Une transition toute trouvée pour :

Le Transmédia, héritier légitime du crossmédia :

Le Transmédia lui, est plutôt à caser dans ce que l’on appelle le storytelling. C‘est une forme de narration interactive ou chaque média de communication ajoute une pierre à l’édifice, à l’image que bâtit une marque. Chaque contenu est différent et permet de créer un tissu de médias, un canevas avec lequel l’utilisateur tisse l’histoire de la marque. C’est une excellent moyen d’impliquer l’utilisateur et de raconter de belles histoires (marketing certes, mais belles histoires quand même !). Par exemple, vous dégottez sur le net un site sympa dont le contenu vous plaît, puis l’univers de ce site apparaît à la TV ponctuellement et enfin à une application dédiée sur votre smartphone qui propose encore un contenu différent (Le Gorafi fais ça plutôt bien, entre son site et sa chronique au Grand Journal, la série Lost en était aussi un bon exemple !). Et je ne cite même pas Star Wars et son « univers étendu » ou encore Matrix !

La com’, le marketing, OK, mais quel rapport ?

L’imaginaire ludique, un nid d’initiatives trans/crossmédia

Et oui, depuis l’essor des cultures de l’imaginaire, on note une réelle volonté d’étendre les univers sur plusieurs médias. Des livres aux films, en passant par les séries ou jeux vidéos, tout est prétexte à aller de plus loin dans la création. Comme évoqué juste avant, Star wars est l’archétype de ce genre d’extensions. On compte des jeux vidéos, des jeux de figurine, des livres, des films bien entendu et même des séries animées. Ce qui est particulièrement intéressant dans ce cas, c’est que chaque média apporte une pierre à l’édifice pour concevoir ce que l’on appelle « l’univers étendu de Star Wars« .

L’autre univers que j’aime à citer comme bon exemple de Transmédia c’est l’univers Games Workshop (en particulier les licences Warhammer et Warhammer 40.000). A la base un simple Wargame (jeux de stratégie avec figurines), il s’est peu à peu étendu en jeux de plateaux, livres, jeux vidéos, JDR, etc… Encore une fois, chaque média participe à l’univers en général.

Cependant, ces cas restent l’exception, et la majorité des adaptations tiennent plus du cross média que du transmédia. Pensons par exemple au Seigneur des Anneaux. Globalement, les films sont des adaptations des œuvres de Tolkien et n’apportent pas de substance significative. De même, les jeux de plateaux et jeux vidéos ne permettent que de revivre des morceaux d’histoires. Ce n’est ni mal ni bien, c’est simplement une perspective différente. D’autant que l’œuvre de Tolkien est largement assez vaste pour fournir du contenu à tout un tas de supports.

Si vous regardez bien, la plupart des adaptations sur d’autres médias, sont justement des … adaptations et non des constructions supplémentaires. Je le répète il ne s’agit pas d’un jugement de valeur, j’essaie simplement de faire le tour de ce que je vois en termes de multimédia dans l’Imaginaire Ludique. Et, de plus, le transmédia s’installe de plus en plus grâce aux facilité d’accès aux différents médias et à l’importance du Storytelling.

Les initiatives qui me plaisent le plus :

Pour continuer sur Games Wotkshop, je vais parler de Space Hulk, un jeu de plateau très sympa sorti dans les années 80, devenu culte pour beaucoup, entre autres parce qu’il n’a jamais été réédité. Il a été adapté en jeu vidéo il y a bien longtemps, adaptation classique du crossmédia à l’époque convertissant un jeu de stratégie en FPS (jeu de tir subjectif). Puis la licence est tombée dans l’oubli jusqu’en 2013 où une nouvelle adaptation sort. On est sur de l’adaptation littérale à la règle près du jeu original. Certes on retrouve l’esprit du jeu, mais ce qui est adapté à un Jeu de Plateau ne l’est pas forcément à un jeu vidéo, et celui-ci apparaît donc assez ennuyeux et répétitif… Qu’à cela ne tienne : l’éditeur prend le problème à bras le corps et sort l’année suivante une nouvelle version qui part des règles de base mais y inclut des notions de RPG et une dose de dynamisme en plus. Cette nouvelle version est elle, un succès.

Je cite aussi un exemple inverse mais proche, Blood Bowl, qui lui propose soit une adaptation stricte des règles soit un mode plus libre, et pour le coup, l’adaptation stricte des règles est bien plus sympathique ! Mais, on apporte aussi des nouveautés grâce à l’introduction de nouvelles races qui n’existaient pas dans la jeu de plateau.

J’apprécie aussi le jeu de plateau XCOM adaptée de la licence éponyme (sans parler de X-Corps JDR, adaptation officieuse, mais très sympa !). Ce jeu de plateau à la particularité de se mixer avec une application smartphone/tablette permettant de suivre les informations de jeu, ou encore via l’application, jouer contre une IA. Le jeu n’est pas encore sorti en France mais je suis assez impatient, cela me paraît vachement intéressant comme concept !

Voilà pour un petit tour d’horizon du trans/cross média, je ne pense pas que ça soit une révolution du J2S mais plutôt une évolution, un chemin à prendre vers de nouvelles interactions ! Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à partager (vous avez les boutons sous l ‘article), à commenter et me suivre (sur WordPress ou les réseaux sociaux à droite). Merci de m’avoir lu ! =)

Guillaume Coeymans 

Pour aller plus loin : 

– http://www.starwars-holonet.com/ : Star Wars Holonet, excellente ressource quasi exhaustive sur l’univers de SW.

– http://fr.lexicanum.com/ : Le Lexicanum, encyclopédie participative des univers Games Workshop

Sources : 

http://gusandco.net/2014/08/12/jeux-de-societe-transmedia-un-top-ou-un-flop/

http://gusandco.net/2014/04/03/tendance-le-crossmedia-lavenir-du-jeu-de-societe/

Cross(média) et Trans(média) sont sur un plateau

http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/24006/HERMES_2006_44_33.pdf?sequence=1

http://www.culturecrossmedia.com/strategies-cross-canales/definition-crossmedia/

JDR 2.0 : Echec Critique

Comptes sur les réseaux vides, absence de publicité, sites hors d’âge et j’en passe ! Il est temps que l’univers du Jeu de rôle se mette enfin à communiquer réellement. Petit état des lieux et avis personnel =) Bonne lecture ! 

2014-05-06-socialmedia

des_jdrRéseaux sociaux, une terre de mission :

Au vu de la spécificité du public rôliste, éclaté, (relativement) peu nombreux mais très très motivé pour participer à la vie rôliste, les réseaux sociaux et la présence en ligne sont vitaux à l’heure du web 2.0. Que ça soit pour les boutiques, magazines ou éditeurs, le boulot à faire est encore très important, mais cela peut tout à fait porter ses fruits et faire entrer le JDR dans le 21° siècle. Faisons un petit tour de ce qu’il se fait :

Des blogueurs au point

On va commencer par ce qui marche bien, c’est à dire les blogueurs. Je citerai simplement pour l’exemple Saint Epondyle, Gus&Co ou Kerlaft. Ces blogs sont complets, bien alimentés et ont une réelle ligne éditoriale. De plus, consciemment ou non, ils mettent en place une vraie stratégie de contenu avec diffusion de leurs articles, suivi et animation de leurs pages/comptes/blogs. En termes purement techniques, leurs blogs sont généralement agréables, bien fichus et au point.

Des boutiques qui font le boulot

Les boutiques spécialisées dans la vente de JDR sont étonnamment présentes sur les réseaux et plutôt efficaces. Le meilleur exemple à ma connaissance, c’est la jeune boutique Game Fu Saint Médard ( Ici, là et ). Pas grand chose à redire: comptes animés, avec chacun leur contenu, site ergonomique et agréable, personnel accessible. Vraiment, pas grand chose à redire. Sinon, en cherchant un peu sur Twitter on trouve nombre de boutiques qui alimentent un contenu avec leur public (généralement local) et créent un vrai lien de proximité.

Des éditeurs à la traîne …

Nous l’avons vu, les blogs et les boutiques sont dans le coup, dans le mouvement. Mais les éditeurs, les poumons du monde rôliste, eux, ont un vrai retard à combler dans ce domaine. Je suis pas mal d’éditeurs sur les réseaux (notamment : Black Book, John Doe ou Edge) et à part certains … Et bien c’est le désert: une news tous les 2 mois, mal formulée et sans interaction. Voire carrément une info hors sujet ou n’intéressant que très très peu de gens. Leurs twitters (quand ils existent) sont soit morts, soient vivotent automatiquement sans aucune interactivité. Les sites sont (désolé si vous êtes éditeur et que vous me lisez) généralement navrants, issus directement de la fin des années 90 et n’ont pas réellement évolué depuis.

Ce qui me fait particulièrement mal, c’est l’absence de community management. Vous l’avez peut-être senti en lisant le paragraphe précédent, l’interactivité est quasi-nulle avec la communauté. Or, la communauté rôliste est justement la force de ce milieu et les éditeurs passent, je pense, clairement à coté d’une occasion de se donner une visibilité et une image bien meilleure que celle communément admise dans l’imaginaire populaire.

Une communication traditionnelle particulière :

 Il faut rendre à César ce qui est à César

En effet, la communication dans l’univers du JDR a ça de particulier que c’est un secteur de niche. La communauté est restreinte et peu médiatisée, le grand public n’y est quasiment pas sensible. Cela réduit donc les possibilités de destinataires de dossier de presse, communiqué de presse, etc… Une autre particularité est que les principaux magazines papier (notamment Casus Belli) sont tenus par des éditeurs, ce qui fait qu’il est un peu compliqué de communiquer pour la concurrence. Bon, dans les faits, la concurrence dans le milieu est loin d’être un nid de frelons ; il y a une certaine porosité.

Il en va de même pour tout ce qui va être de la Publicité sur Lieu de Vente (PLV). On en trouve en général un peu dans les boutiques spécialisées, pour les sorties des « gros » JDR par exemple (Appel de Cthullhu, Donjons et Dragons, Pathfinder, …). Mais ça reste toujours très modeste. De façon générale, tout ce qui est print est assez limité sauf lors de manifestations particulières. C’est donc une transition toute trouvée pour

L’événementiel, charnière de la communication rôliste

Comme dans beaucoup de secteurs de niche, la communauté rôliste et les acteurs du milieu se retrouvent lors d’événements dédiés ponctuels. Au delà de la communication externe quasi inexistante pour ces événements, c’est la présence toujours forte des professionnels sur place. Les éditeurs sont prêts à faire de la route (parfois même à traverser toute la France) pour être sur une journée ludique et y tenir un stand. C’est généralement pour le public de rencontrer les gens qui éditent les livres qu’ils aiment et de faire des bonnes affaires. C’est là qu’on va trouver de la bonne PLV (Kakemono, stands bien achalandés, posters, etc. …). Le nombre de ces événements étant assez élevé (parfois appelés rencontres, conventions, etc. … ) les éditeurs sont relativement accessibles et font une part de leur promotion de cette manière. Cependant, cela ne touche qu’une part seulement des rôlistes: ceux qui se déplacent en convention. Les autres, eux, n’ont pas accès à ce type de communication.

 

Qu’en conclure ?

Un public spécifique

Ce qui me paraît essentiel c’est de tenir compte de la spécificité de la communauté et du public rôliste. On doit connaître son public pour communiquer correctement avec lui. C’est une base absolue autour de laquelle on doit structurer la communication. C’est un public relativement restreint et éparpillé, qui a une certaine prédisposition à la discrétion. Le rôliste n’est pas présent dans l’espace grand public (sauf exceptions), mais en tant que communauté, il se retrouve souvent dans des espaces spécifiques. C’est notamment le cas des boutiques spécialisées et d’événements dédiés.

Mais, la plupart des rôlistes étant bien connectés, ils se retrouvent beaucoup sur les internets pour échanger, s’organiser (des parties ou des événements) et se retrouver. C’est en général sur des forums mais aussi sur les réseaux sociaux, terrain peu investi par les professionnels.

Une opportunité à saisir !

Clairement, la présence sur les réseaux sociaux et sur internet de façon générale est un point faible des professionnels du jeu de rôle (alors qu’étonnamment, les entreprises de jeu de société sont très performantes dans le domaine). Le community management presque inexistant est un talon d’Achille pouvant réellement nuire aux entreprises.

Mais je suis plus qu’optimiste ! Je pense que la première entreprise, le premier éditeur qui saisira le problème à bras le corps aura clairement un avantage sur les autres ! N’ayez pas peur de la com’ ! N’ayez pas peur du numérique ! N’ayez pas peur du marketing ! Ne pensez pas que parce que vous êtes une petite structure vous n’avez pas les moyens de vous y mettre. Sinon c’est un cercle vicieux « je n’ai pas d’argent pour communiquer, du coup ma boite ne grandit pas, du coup je n’ai pas d’argent pour communiquer, etc… » Il y a du travail, mais cela en vaut la peine !

Et rassurez vous, vous ne vous vendez pas parce que vous faites de la communication, vous ne trahissez pas le JDR parce que vous êtes visibles, vous n’êtes pas un mauvais rôliste parce que vous vous intéressez au grand public et à votre expansion =)

Merci de m’avoir lu !

Guillaume Coeymans

 

Sources : 

Crédits image : https://juliepoupat.files.wordpress.com/

Financement participe-hâtif ?

J’ai eu l’idée de cet article en parcourant des sites de jeux de société et jeux de rôles. En effet, beaucoup utilisent le financement participatif de nos jours. Certains (comme les Ludopathes) s’en font même une spécialité. J’ai du coup décidé de revenir sur le sujet. Si j’ai voulu écrire cet article, c’est, entre autres, à cause de l’explosion du budget du jeu de plateau Conan qui a récolté pas moins de 2.8 millions de dollars sur un budget de 80.000$ demandés ! Autant sur un jeu vidéo, je peux comprendre que plus on a d’argent, plus on peut faire de choses, mais un jeu de plateau reste moins complexe à créer. La création d’un jeu de plateau ne demande pas presque 3 millions ! Et ce sans compter les ventes du jeu ! Que vont faire les créateurs de tout cet argent ? N’hésitez pas à me faire part de votre avis dans les commentaires =)  Bonne lecture ! 

Financement participatif, de quoi on parle ?

Le Monde explique le financement participatif ou crowdfunding comme étant un moyen pour des épargnants de financer en masse un projet via internet. Concrètement, il s’agit de faire une promesse de don à un projet en échange d’un accès dès la sortie de ce projet et de contreparties exclusives selon l’investissement de base (d’un simple remerciement à des cadeaux très chers). Ce type de financement connaît un certain engouement depuis quelques années, avec des sites comme l’incontournable américain Kickstater, le fleuron européen Ulule  ou KissKissBankBank.

Ces sites permettent à de gros projets d’exister, le cas notamment de l’Occulus Rift. Mieux encore, l’histoire d’un des plus retentissants succès Star Citizen  qui, après avoir atteint 2 millions d’euros (soit plus de 430% du budget demandé à la base), a fini par dépasser les 43 millions d’euros de dons ! Et ce n’est pas tout ! Le jeu vidéo a atteint les 70 millions de budget ! ce qui le met en concurrence avec les jeux Triple A (tels que Battlefield ou GTA).

Alors, bien entendu, tout n’est pas rose dans le monde du financement participatif. Pour des projets comme ceux-là, beaucoup n’arrivent pas à leurs objectifs ou y parviennent tout juste. D’autres abusent du système avec des projets absurdes (voir cet Américain et ses 35000$ pour faire une salade).

Globalement, je suis plutôt favorable au principe (j’ai moi même participé à quelques campagnes) mais je reste prudent quant aux dérives du système et au cadre judiciaire complexe.

 

Imaginaire Ludique et CrowdFunding : Exemples

On arrive donc à ce qui nous intéresse. Grâce à ces financements, des projets de petite ampleur peuvent trouver des fonds pour se lancer et vivre grâce à une base solide de fans. Cela paraît donc un système tout adapté aux jeux de rôles ou jeux de plateau. En effet, les fans peuvent être séduits par un concept et sont prêts à donner un peu pour aider à la publication de leur jeu. L’avantage est que, la plupart du temps, les budgets demandés sont relativement peu élevés (de 1500 à 10000€ en moyenne – même si il y a des exceptions). Comme je le disais plus haut, les Ludopathes (éditeur de jeu de rôle français) se sont spécialisés dans ce type de financement (20 projets en 3 ans). Ils créent du contenu de qualité et améliorent le contenu en fonction des objectifs dépassés (ou non).

Citons aussi Sans Détour-Play & Win qui s’est lancé depuis peu dans le financement de jeux de plateau par ce biais là, comme en témoigne leur projet Fireteam Zero et son étonnant succès.

 Perspectives

Il est intéressant de voir qu’en googlant « jeu de rôle financement » on trouve beaucoup de projets. C’est là que çà commence à sérieusement me gêner: ce type de financement ne doit pas devenir la norme. Je m’explique : il est impensable de voir les boutiques se vider de leurs jeux (mis à part les indétrônables, tels que Donjons et Dragons, Munchkin, etc….) au profit de jeux uniquement disponibles aux souscripteurs. Car au final, si cela se poursuit, que risque-t-il de se passer ? Les éditeurs ne prendront plus le risque de publier un livre ou une boite de jeu, sans compter les frais de distribution et les marges des magasins. Ils feront une campagne de crowfunding et fourniront directement par internet à leurs souscripteurs. Et comme leur communication laisse à désirer (j’en reparlerai plus tard dans un autre article) tout cela sera synonyme de renfermement sur soi et de privation de ventes grand public. J’extrapole, mais pas tant que ça … C’est clairement un risque sur ce domaine.

De même, qu’en sera-t-il de l’innovation si l’on doit toujours se fier à ses souscripteurs, qui plus est quand ceux-ci sont des habitués ? Est-ce que tout cela ne sera pas la porte ouverte à des clones réguliers ? Non, je ne pense pas que ça soit aussi marqué que ça. Par exemple 7eme cercle et son tout nouveau X-Corps reprend un squelette quasi identique d’un autre de leur jeu (Z-corps …) mais en sort un jeu relativement différent. Mais sans passer par le crowdfunding ! Alors qu’ils avaient su publier avant Night’s Black Agent (bel exemple de jeu innovant), toujours sans crowdfunding. Et ces jeux se vendent bien et se passent du crowdfunding.

J’entends les arguments exactement contraires me disant que justement, le financement participatif permet à des jeux réellement innovants et nouveaux de voir le jour. A cela, je réponds: l’imaginaire ludique est un monde de niche où ce genre d’innovation est parfaitement possible sans passer par le crowdfunding – en témoignent les publications d’Oltréé!, Dés de Sang ou Parsely. Ces Ovnis ludiques ne pourraient pas être publiés dans des secteurs plus « classiques » (édition traditionnelle notamment) car trop spécifiques et trop peu de chances d’avoir un grand nombre de ventes.

Là où le financement participatif a sa place, c’est à mon avis dans le « revival » de vieux jeux. Je pense surtout aux anciens jeux qui ont marqué leur temps mais qui, par manque de motivation et de financement, n’ont jamais pu être réédités. Le légendaire In nomine satanas / Magna Veritas (INS/MV) est en plein dans cette phase ou le retour de Saint Petersbourg début 2015. Grâce à cela les aficionados retrouvent leur jeu favori et leur distribution en magasin permet de le faire découvrir aux néophytes.

Je ne pense pas qu’il soit trop tard ou que le débat soit clos, bien au contraire. Il y a beaucoup à faire et plein de bonnes choses à prendre dans le crowdfunding. Mais cela doit se faire en bonne intelligence – au risque de s’égarer.

Merci de m’avoir lu, n’hésitez pas à commenter pour en discuter et à partager afin que le débat soit le plus riche possible ! 

 

Mise à jour 20/02 : 

Le lendemain de la publication de cet article, Sans Détour annonçait un financement participatif pour la 7eme édition de l’Appel de Cthullhu. Pour rappel, ce jeu est l’un des plus gros et plus ancien JDR et l’un des best sellers du genre. La question d’un financement participatif  se pose donc, est il nécessaire ? Sans Détour affirme que ce n’est pas pour gagner de l’argent mais juste pour permettre aux joueurs d’accéder à du contenu exclusif. Dans ce cas, pourquoi ne pas proposer plutôt des pré-commandes ? Certes avec cet éditeur nous avons une certaine garantie de qualité et je ne crie pas à l’arnaque. Cependant je me demande si il fallait vraiment en arriver la, effet de mode ou politique éditoriale ?

 

 

Guillaume Coeymans

 

Sources :

La finance participative est dans la place

http://www.jeuxvideo.com/news/410585/star-citizen-des-records-des-modules-et-des-potes-pour-la-vie.htm

http://www.jeuxvideo.com/jeux/pc/jeu-46472/news/?p=3

http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/28/grand-cimetiere-projets-crowdfunding-avortes-257374

http://frenchweb.fr/le-crowdbuzzing-ou-abus-des-foules/77528

Acting et JDR sur table

acting

Faire du jeu de rôle, est-ce être comédien ?

L’idée de cet article vient d’un commentaire vu sur le blog du Dr Dandy qui a lancé un petit débat sur le sujet. J’ai décidé de faire part de mon avis de façon un peu poussée… 

Jeu de rôle ou jeu de rôles ?

Au singulier :

Si l’on parle de « jeu de rôle » mon âme de linguiste se réveille et me souffle que grammaticalement, dans ce cas, le « rôle » est la matière dont est faite le jeu. Dans ce cas l’interprétation de son rôle est une condition sine qua non de la pratique de JDR, et donc on ne peut pas être rôliste sans quelque part être acteur. Il faut savoir saisir les enjeux de son personnage, le composer et l’incarner. Le personnage est quasiment en dehors des réflexions du joueur et vit « par lui même » (quitte à paraître un peu schizophrène) . Si l’on se projette ainsi, alors oui, on peut être comédien.D’autant que l’interprétation est dans ce cas une des  finalités du jeu  ! Plus que l’intrigue elle même   Mais, ce qui me  gêne dans cette vision, c’est qu’être comédien implique un public à qui faire vivre notre jeu.

Cet argument est à double tranchant. En effet, les autres joueurs (et donc acteurs) sont aussi notre public tout en étant nos collaborateurs.

Au pluriel :

Ici, c’est un peu différent. Dans cette configuration, les rôles sont des accessoires du jeu. On joue à l’aide de rôles pour arriver à nos fins. La bonne interprétation n’a pas d’autre finalité que de faire avancer la partie et représenter des stéréotypes (dédicace à tous les policiers/gardes etc. … avec l’accent du Sud).  On a généralement dans ce cas une forte perméabilité entre le personnage et le joueur car au final l’interprétation « théâtrale » n’est pas très poussée. L’optique est plus « narrativiste » car interpréter n’est qu’un moyen de faire avancer l’histoire plus qu’une fin en soi. En revanche, l’avantage de cette vision est l’amusement immédiat et l’accessibilité de cette méthode.

Une question de projection

La projection (que l’on appelle aussi roleplay mais qu’en tant que mangeur de camembert chauvin je n’aime pas utiliser) est la capacité à se projeter (Capitaine Évidence) dans l’univers du jeu et dans ses personnages. Plus encore c’est la capacité à ne pas en sortir et de ne pas faire interférer le joueur avec le personnage.

A mon avis, on fait une bonne projection lorsqu’on à une pensée de type « Tiens, je ferais bien ça, mais mon perso ne le ferait pas » (ou l’inverse) mais surtout, et c’est je pense le plus important, quand TOUTE la table joue ainsi. A l’exception du MJ dont le rôle est un peu différent. Lorsque tout un groupe est projeté dans son univers, le jeu devient très très immersif et tout le monde joue son rôle, tout le monde est acteur de la partie.

Cela demande bien sûr une très forte implication et de sortir du « fun » immédiat pour plonger dans quelque chose de plus sérieux. Mais l’amusement est tout aussi fort ! C’est une démarche moins accessible à un débutant ou lors d’une initiation mais qui vaut vraiment l’effort. Dans ce cas, pour moi, on est comédien à ce moment là, on est même dignes de très bons comédiens d’impro, car tenir un personnage sur plusieurs heures est quelque chose de très difficile.

So what ?

Je vous ai présenté mon avis, mais je n’ai pas répondu à la question générale. Alors non, je ne pense pas que faire du JDR c’est être comédien. Prendre un langage ampoulé et un accent improbable ne fait pas du joueur un comédien. C’est le cas de figure le plus rencontré dans la plupart des tables que j’ai vues. Mais cela n’est pas « bien » ou « mal » car les parties se déroulent bien et le fun est présent, c’est ce qui est essentiel !

En revanche, dans certaines formes de jeu, avec des joueurs avertis et préparés (Attention, cela ne veut pas dire expérimentés). On peut créer des choses très proches d’une vraie performance de comédiens. Plusieurs heures de jeu en immersion quasi totale avec une interprétation poussée et des constructions passionnantes. Ces parties sont plutôt à tendance un peu dramatiques (jeux d’horreur, d’investigation, etc. …) et on en sort souvent avec la sensation de « c’était super dur, mais c’était génial ». Elles demandent plus de préparation et d’implication mais sont parfaitement réalisables.

Enfin, ce qui peut gêner la notion d’ « acting » c’est qu’il n’y a pas réellement de public. Certains diront que cela ne change rien, d’autres que c’est mieux ainsi car on cache notre « mauvais » jeu. Il n’y a pas de réponse je pense, c’est à la discrétion de chacun…

Pour aller plus loin :

Je vais vous parler en avant première mondiale ultime de la mort qui tue de mon prochain test qui sera publié ici : « Oltréé! » Publié chez John Doe. C’est un jeu de rôle qui mixe classicisme et méthode de jeu non conventionnelle. Le jeu est basé sur l’improvisation, l’émergence et la persistance. Le système de jeu est réellement intéressant. Dès que je finis de le lire et fait jouer quelques parties, je vous écris un article dessus !

J’ai laissé de côté le JDR grandeur nature car la problématique y est différente. J’en parlerai dans un autre article à venir !

Bon jeu !

Guillaume Coeymans 

Sources :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_r%C3%B4le_sur_table

http://fr.wikipedia.org/wiki/Interpr%C3%A9tation_du_r%C3%B4le

http://lesbonsremedes.overblog.com/2014/12/les-bonnes-idees-de-l-indie-pour-vos-parties.html