La Horde du Contrevent : Tempête dans un verre d’eau ou Tornade Révolutionnaire ?

Horde du contrevent

Ça faisait longtemps que j’avais pas trainé ma plume du côté de la littérature ! Et c’est l’œuvre culte d’Alain Damasio qui m’a donné envie de m’y remettre 🙂 Alors on se penche sur cet ouvrage hors norme.
Attention, une section SPOILERS est prévue dans l’article, vous n’aurez qu’à cliquer pour la sauter 😉 Sinon pas de risques de vous faire divulgacher.

Et mon culte, c’est du poulet ?

Alors par où commencer ? Déjà, je pense, par détailler un peu la notion d’œuvre culte, au plan personnel. Partout, vous entendrez dire par ceux qui ont lu La Horde du Contrevent, que c’est un ouvrage culte, un incontournable pour eux.

C’est ce « pour eux » qui va faire toute la différence. Je vais y revenir, plus loin, mais sachez d’ores et déjà que j’ai beaucoup apprécié le roman. De là à en faire une œuvre culte ? Peut être mais pas pour moi. C’est là qu’on va rentrer dans le détail.

Il y a deux types d’œuvres cultes : celles qui ont marqué une société, ou un époque (toute ou partie). Ce sont celles qui apportent quelque chose de plus à leur médium, celles qui transcendent leur genre et brisent les codes, ou du moins les appliquent avec une telle virtuosité que l’ensemble du genre en est bouleversé.

Typiquement, pour prendre un exemple classique : Jurassik Park est une œuvre culte dans le cinéma. Il y a un avant et un après, le film a amorcé une transformation du cinéma qu’on ressent encore de nos jours.

Et c’est là que vient la distinction avec la deuxième catégorie des œuvres cultes. En effet, on peut reconnaître le statut culte d’une œuvre sans qu’elle le soit pour soi-même. Pour prendre un exemple personnel ; j’aime bien Iron Maiden, je reconnais leur talent et leur innovation, pourtant ce n’est pas un groupe que j’irai voir, quand bien même j’en aurais l’occasion. Tout simplement parce que leur musique ne m’a pas parlé assez fort au moment où je me suis construit en tant qu’amateur de Heavy Metal pour acquérir ce statut.

Ainsi nous avons chacun d’entre nous notre corpus d’œuvres qui nous ont marqué à plusieurs niveaux et dans différents genres. Pour reprendre mon exemple, je n’ai jamais lu Le Seigneur des Anneaux (en entier) car je l’ai découvert un peu tard. J’avais déjà eu mon expérience de grand cycle de Fantasy, avec notamment La Belgariade (que je n’hésiterai pas à défendre bec et ongles face au plus acharné des Tolkienistes ) durant mon adolescence. Du coup, même si je reconnais l’immensité de l’œuvre littéraire, de ce qu’elle a de novateur, de brillant et tout autre superlatif au niveau de l’art littéraire, pour moi dans ma construction de background littéraire et ludique, ce n’est pas culte (contrairement aux films). Déso pas déso.

Dumbledore gandalf Belgarath
Une réunion culte ! Par Anneth Lagamo

D’ailleurs, n’hésitez pas à me partager dans les commentaires quels sont, pour vous, vos ouvrages cultes personnels !

La Horde du Contrevent tombe exactement dans ce cas. J’ai découvert l’existence de roman il y quelques années et bien sûr, on me l’a survendu. Sauf que je n’ai plus l’âge d’être marqué aussi durablement que je l’étais plus jeune. Mais, l’occasion se présentât de mettre la main sur l’ouvrage et de le lire, je me suis donc dit que j’allais enfin découvrir ce bijou.

Sauf que, tellement teasé par tous et toutes autour de moi qui m’en chantaient les louages, j’ai mis du temps à m’y mettre, par peur d’être déçu car conscient que mon culte n’est pas celui des autres. Alors qu’est ce que ça a donné ? Et bien voyons ça :

Un livre atypique :

On m’a beaucoup vendu la « forme » du livre, comme étant pleine de choses incroyables et unique. Il est vrai que c’est un livre un peu particulier, alors reprenons tout ça :

La Horde du Contrevent est un roman (fantastique, ou de SF, chacun a son avis dessus) écrit par Alain Damasio en 2004. Dans l’édition que j’ai, il fait 701 pages (édition poche) numérotées à l’envers. Il a été publié aux éditions La Volte dans un premier temps puis Folio SF.

C’est un livre-concept qui nous propose un monde dans lequel le vent souffle toujours dans le même sens, et nous décrit toute une société articulée pour fonctionner malgré cette contrainte, les vents pouvant être de simples brises mais aussi de puissantes tempêtes et enfin les terrifiants furvents.

Terre de la Horde
Une terre balayée par les vents, aride, rugueuse et sèche

Régulièrement, dans la capitale de ce monde (tous les 30 ans) , sont formés et envoyés un groupe de jeunes gens surentrainés et spécialisés pour affronter les vents et remonter le cours de ceux-ci jusqu’à l’Extrême Amont et trouver la source des vents. Ce sont eux que l’on nomme la Horde du Contrevent.

Le roman est accompagné, dans une démarche transmédia, d’une bande originale composée par Arno Alyvan (dont vous avez un extrait en tête d’article). Excellente idée pour se mettre dans l’ambiance très particulière du roman. Par contre, soyez très prudents, car la BO m’a par deux fois spoilé l’histoire. Sachez donc qu’il ne sied pas vraiment de l’écouter d’une traite, mais plutôt de faire coïncider les début de chapitres avec le morceau correspondant.

Ensuite, dans le cadre de l’univers, il nous est proposé, -à travers les personnages, et notamment Sov, le scribe- une grammaire pour écrire et décoder les vents.

Enfin, la particularité de la narration vient du grand nombre de personnages (autour de 25) qui composent la Horde et tous, à un moment ou un autre prennent part directement à la narration. Quand le narrateur change, il est indiqué en début de paragraphe, de qui il s’agit par un symbole. Par exemple, Ω représente Golgoth et ¿´ représente Caracole. Ce foisonnement fait que le livre est normalement fourni avec un marque-page récapitulatif, sauf que comme moi quand vous faites de la récup’, et bien il faut faire les allers-retour avec le sommaire 😉

Accroché, chahuté, bouleversé, mais pas renversé:

Comment j’ai ressenti ce roman si particulier ? Je vais faire un parallèle un peu léger. Comme Golgoth, le meneur de cette Horde, enfin plutôt le Traceur. Celui qui fait face aux vents en tête de la Horde. Celui qui prend tout dans la gueule et qui pourtant continue à avancer avec une détermination ardente. Protégé par un casque unique et ultra-solide, il avance quoiqu’il arrive.

Et bien je me suis senti comme ça. Protégé par mon passé de lecteur et mes œuvres cultes, j’ai tout pris dans la gueule. Car ce roman c’est ça, c’est une tempête qui charrie rocs et rochers qui viennent vous heurter de plein fouet.

Horde phare
Comme un phare en pleine tempête

Pourtant vous continuez, porté par ces personnages qui évoluent avec vous. Aux vents du roman que sont les Slamino, Stèches et autres Crivetz font échos les émotions des personnages, les situations qu’ils vivent et les rencontres qu’ils font.

Ainsi balloté tout du long de cette quête qui porte en elle quelque chose de profondément absurde mais incroyablement humain vous parcourez le monde, avec la même envie dévorante que les personnages d’aller jusqu’au bout.

J’ai donc été vraiment touché par ce livre qui a su m’atteindre dans quelque chose de profond, et je crois que c’est ça qui en fait une œuvre culte – au delà de la forme, qui s’assimile assez vite. Assez rapidement, on ne lit plus les symboles, la simple façon de parler et penser nous révèle qui parle. Sauf en effet pour ceux qui interviennent moins souvent.

Mais inconsciemment j’ai tenu et la Horde du Contrevent n’a pas eu raison de moi et cela pour plusieurs raisons :

Attention ici zone SPOILERS ! Cliquez ICI pour passer en zone sûre 🙂

Rythmes et fin :

Du mystique qui tique :

Globalement le rythme du livre est assez haletant, la structure du récit amenant les protagonistes d’étapes en étapes. Souvent lors de ces étapes, le rythme du récit change, pour s’offrir des pauses mystiques et métaphysiques. Parfois elles font avancer dans la réflexion des personnages, de l’œuvre et de l’histoire en général et sont plutôt agréables. Souvent malheureusement on tombe dans le verbiage un peu lourd voire même un peu pompeux. C’est dommage, car ce sont des passages que j’ai fini par sauter tout simplement car j’ai trouvé que ça nuisait globalement au rythme de La Horde.

Par exemple j’avoue avoir eu beaucoup de mal à lire la partie dans la Tour d’Aer, qui était longue et lourde pour au final, je trouve très peu d’infos qui seront utilisées par la suite.

De même, comme je l’ai évoqué plus haut, il existe dans le livre une grammaire des vents à base de signes de ponctuation. Ok très bien, les personnages prennent en plus le temps de l’enseigner à d’autres et par identification, au lecteur. Du coup on se dit « chouette, ça va être utile ! ». Spoiler : non. Pour prendre un exemple du même type où cela fonctionne, penchons nous sur La Belgariade (je vous ai déjà dit que c’était génial voire mieux que Tolkien ?) où le peuple Drasnien pratique une langue des signes secrète pour pouvoir échanger en toute discrétion. Idem le héros de l’histoire apprend la langue (sans qu’elle soit transmise au lecteur) et ce dialecte secret revêt une vraie importance dans le récit plus tard !

Disons que parfois, dans La Horde on sent que l’écriture est rallongée, qu’un souci d’économie aurait pu être fait pour maintenir un rythme global plus cohérent. Bien entendu ce n’est que mon avis 🙂 Je peux parfaitement comprendre qu’on aime se perdre dans ces envolées mystiques, certes jolies, mais longues.

On en parle de la fin ?

Alors autant dire que là on va méchamment spoiler. Genre je vais vous dire la fin. Donc si vous avez raté l’avertissement, ici on est dans le plus gros du SPOILER !

Au bout de l’Extrême-Amont, La Horde s’est dispersée et ne reste que Sov, le Scribe, qui, au bout de ses forces mentales et physiques atteint ce qui semble être le bout du monde. Plongeant dans l’Abîme, il se retrouve … A son point de départ dans la ville d’Aberlaas.

Je vous avoue qu’à la lecture, je l’ai senti venir. Je me suis dit « tiens ils pourraient revenir au départ, ça serait marrant ». En fait non … Je ne sais pas pourquoi mais cette fin m’a beaucoup déçu. Après tout ce qu’on a vécu avec ces personnages, nous revoilà au point de départ.

Pire encore, nous y sommes mais sans élément de réponse un tant soit peu tangible. Je disais plus haut que la quête de la Horde a quelque chose d’absurde. Toute l’absurdité de ce voyage trouve son pinacle ici où un Sov désorienté, tout comme le lecteur se rend compte qu’il a fait tout ça pour revenir au point de départ.

Pour moi, cela découle d’une chose importante :

La difficulté de terminer une telle œuvre : J’ai eu la même sensation après avoir terminé le cycle de Bernard Werber comprenant Les Thanatonautes, L’empire des Anges et la trilogie des Dieux. Finir un tel récit ne peut être que décevant même si tout le reste est extraordinaire. Ici, toute fin aurait forcément une part de déception. Car comme chaque membre de la Horde, le lecteur s’est créé une image de l’Extrême Amont, de son existence ou non et de ce qu’on y trouve.

Donc la fin n’est pas en soi mauvaise, elle est juste décevante au niveau des attentes qu’elle a créées. Comme Sov, le lecteur est laissé dans un état mental dévasté.

FIN DE LA ZONE (du dehors) SPOILER

Qu’en penser ?

Ce que j’essaie de vous transmettre à travers ce (long) article c’est deux choses :

Un roman exceptionnel :

Qu’on ne s’y trompe pas : La Horde du Contrevent est un incontournable. Je ne peux que vous conseiller de le lire, pour sa forme, son fond et son histoire incroyable.

Si vous voulez une expérience unique en tant que lecteur et amateur de Science Fiction/ Fantastique, vous ne pouvez pas passer à coté de La Horde du Contrevent.

L’engagement émotionnel qu’il permet est d’une force incroyable et c’est clairement un des livres qui est entré dans mon Top 10 de mes meilleures expériences de lecture.

La fin de l’innocence :

Vous l’avez compris, c’est un ouvrage culte. Mais je ne pense pas qu’il le sera pour moi. Lire La Horde du Contrevent m’a fait ressentir qu’il y a culte et culte, comme je l’ai détaillé plus tôt.

Je pense que si j’avais lu ce livre à la même époque où j’ai lu mes livres cultes, il en serait devenu un car il en a tout le potentiel.

Mais maintenant que j’ai mon background fait et ancré en moi, je n’ai plus cette ouverture qu’on a plus jeune lorsqu’on est une éponge à culture et qu’on absorbe tout ce qu’on peu lire, voir, écouter et faire.

Si j’avais lu La Horde à 14 ans, j’aurais été aveugle à ses défauts, ou du moins je les aurais pardonnés. Comme pour La Belgariade qui est, dans mon esprit, parfait, alors que je sais qu’il y a des défauts à l’œuvre (très peu, et parfaitement futiles, qui ne font que magnifier le cycle, en toute honnêteté 😉 ). Pourtant aujourd’hui je la défendrais bec et ongles, avec de la mauvaise foi s’il le faut.

En lisant le roman de Damasio j’ai donc réalisé tout ça, que j’aurai plus vraiment de nouvelle œuvre culte, juste des choses qui me marqueront plus ou moins. Pour comprendre ça, il faut un livre au moins aussi puissant que La Horde du Contrevent.

Conclusion :

Lisez la Horde du Contrevent (et la Belgariade ! ). Intéressez vous aux projets qui l’entourent, musique, jeux, adaptations, BD (qui est vraiment bien au passage) etc.

Je ne peux pas vous dire que ça deviendra culte pour vous, mais pour la littérature SFF ça l’est déjà. Plongez vous dans l’oeuvre de Damasio et partagez moi vos avis !

Pour aller plus loin je ne peux que vous conseiller de jeter un oeil au blog de St Epondyle, grand fan du monsieur et de son roman et qui a consacré beaucoup d’articles passionnants sur le sujet !

Merci d’avoir lu ce (trop) long article ! N’hésitez pas à commenter et surtout à partager cet article pour faire vivre le blog !

Guillaume COEYMANS

13 réflexions sur « La Horde du Contrevent : Tempête dans un verre d’eau ou Tornade Révolutionnaire ? »

  1. Bonjour, personnellement je viens tout juste d’émerger du livre, je l’ai fini, la chute du livre m’éberlue aussi … Étonnante, surprenante … Mais je pense cependant que la fin est ce qu’il faut au roman (même si apparemment on est censé peut-être attendre un deuxième volet ?). En fait je pense que le but du livre est de créé un lien entre l’univers du lecteur et celui du livre, et qu’à la fin on est hébété tel Sov.. Car l’absurdité de la quête de l’Extrême-Amont se transvase dans l’absurdité d’avoir lu le livre. Que je m’y sois acharné à aller au bout du livre pour une fin .. absurde … Car ce n’est pas la fin qui compte : c’est le fait que l’auteur a créé un tel attachement pour la quête, que l’on n’était plus seulement simple spectateur du livre, mais acteur : on était devenu la Horde. Et que à la fin du livre, à la fin de la quête : non, on n’a pas lu le livre pour rien, on ne l’a pas lu pour enfin atteindre la page 1, mais pour toutes les autres pages, les 700 pages qu’on a lu et qui nous on fait vibrer (en tout cas pour ma part), et pour le lien qu’on a créé avec la Horde, avec Sov, caracole, Oroshi, Pietro etc., et pour l’univers lui-même. Lire le livre est une aventure digne (et IDENTIQUE) à celle vécue par nos héros … enfin, c’est mon interprétation (et ça me rassure de voir les choses comme ça lol)

  2. Je viens de terminer le roman et je me disais, par rapport à cette fin polémique, qu’on est peut-être confrontés en tant que lecteur à la 9ème forme, et qu’on peut choisir d’affronter ce sentiment de vacuité et de fin qui nous déçoit en la comprenant autrement, CAD comme l’envers de nos attentes, ainsi l’expérience humaine et personnelle perdure par delà l’expérience de lecture, ce qui me semble essentiel en littérature d’ailleurs. Ce sera ma 9eme forme à moi en tout cas. Qui donne du sens, qui fait prendre sens, comme quand Golgoth crée son propre sol..

  3. Merci pour cette article, je viens de finir le bouquin et la fin… Mah je sais du tout quoi pensé, si l’intérêt est que on force et force, que la lecture est volontairement difficile, casse tête, lourde etc… Pour que comme les personnages ont soit désorienté et déçu de la fin bah c’est reussis mais je ne sais pas quoi retenir, c’est quoi que l’auteur voulait nous dire ?

    1. Bonjour Ritano,
      Merci pour le commentaire 🙂
      Je suis plutôt d’accord, cette fin est logique. Je pense que ce qu’il faut retenir c’est la quête, le voyage, plus que la finalité. Quant à ce que l’auteur veut nous dire, je n’aurai pas la prétention de lire son esprit ^^ Je t’invite à lire ce que Saint Epondyle à écrit ici : ou il explore bien plus le fond de l’affaire 🙂

  4. C’est intéressant parce que moi, j’ai trouvé la fin particulièrement réussie et loin d’être absurde. Avant de découvrir que la terre était ronde, le monde occidentale s’est perdu, pendant des siècles, dans des conjectures tout à fait comparables, avec des falaises donnant sur le vide, un point de départ et un point d’arrivée, des hypothèses scientifiques, philosophiques, métaphysiques… Exactement comme dans le roman, les éléments de science fiction en moins.
    J’ai beau habiter sur un planète ronde, l’intrigue est menée de telle façon que je ne m’attendais pas du tout à cette fin là et jusqu’à la dernière ligne, j’étais suspendue à la curiosité de savoir ce qu’il y avait au « commencement ».
    Cette fin est à la fois totalement surprenante et pourtant d’une logique implacable, me faisant me sentir à la fois idiote et satisfaite.
    Pour un fois que la fin d’un livre « boucle la boucle » sans tomber dans l’absurde ou le sentiment de « tout ça pour ça »…
    Cette allégorie fictive de la découverte de la rotondité de la terre est pour moi assez géniale.

    1. Bonjour Emma,
      Merci pour ce commentaire 🙂
      Je pense, dans mon cas, que c’est ce coté « trop » inattendu qui m’a surpris voire déçu, cette fin est si particulière qu’elle touche chacun à sa façon je pense. Avec le recul (l’article date un peu) je trouve une forme de logique dans l’absurde de cette quête qui ne pouvait pas finir sur autre chose en réalité.

  5. Spoiler :
    La phrase : La Terre est bleue comme une orange, au delà de la citation à René Char représente pour moi bien cette fin qui est à la fois surprenante et attendue.
    Au delà de la beauté stylistique, de l’incongruité, je pense que cela prefigurait la Terre ronde : la Terre est bleue, et ronde comme une orange (mon interprétation en tout cas haha).
    Tout cela pour dire que cette découverte par Sov, dans le mysticisme du roman, est assez belle et renvoie sans doute aussi aux découvertes des premiers explorateurs partis affronter le gigantisme de l’océan.
    Bref j’ai adoré et suis toujours scotché par certains passages et par l’émotion émanant de ce magnifique ouvrage.

    1. Bonjour Cynok !
      Oui en effet tu résumes bien ce que j’ai pensé,c’est un ouvrage qui nous remue tout en nous surprenant 😉

  6. On me l’a prêté. Ce n’est pas mon genre de lecture. J’ai commencé à lire et personne dans mon entourage ne pensait que j’irai au delà des dix premières pages. Je ne sais pas comment ça s’est passé je ne lâchais plus le livre. Je ne comprenais pas tout mais je m’accrochais en attendant l’explication éclairante. Elle n’a pas eu lieu mais quelle imagination et quel talent et quel style!
    J’ai recopié sur mon carnet quelques paragraphes notamment celui relatif à la source pour mieux les étudier et j’ai découvert que le vent pouvait être un continent à part et je ne sais quoi penser de la fin: l’absurde me déstabilise toujours.

  7. Une fin qui manque de fun et de piment mais le voyage est extra.
    Ce qui m’a manqué c’est de pouvoir imaginer à quoi ressemblait le départ de la quête, à quoi ressemble cette falaise infinie plogeant dans le brouillard gris vu du point de départ, d’en bas.
    La horde apprend pleins de choses dans son voyage, mais on a l’impression qu’elle ne découvre jamais rien qui n’avait pas été déjà étudié par le passé.
    Je reste mitigé sur pleins de choses, ce qui est sur c’est qu’on est vraiment dans l’immersion totale de cette quête qui, on le sent depuis le début, est absurde mais on rentre dans les croyances et les espoirs de ce groupe. Jusqu’a la derniere page on essaye de se convaincre que la fin ne sera pas si prévisible.

  8. En fait, cette fin estune ficelle assez classique de la littérature : « revenir au point de départ ».
    A ceci pret : ici ce qui compte c’est le chemin, chemin qui est absurde et qui ne trouve de sens que dans la valeur des actes qui font évoluer les personnages. Et là on ne peut s’empêcher de voir dans cette oeuvre une transposition du mythe de sysiphe très camusienne. Vu la fascination de Damasio pour les philosophes, je serais tentée de faire le rapprochement.

  9. Un bon roman globalement, mais oui, clairement imparfait. Je ne le trouve pas aussi abouti qu’un Asimov, un Arthur C Clarke, un Herbert ou un Dan Simmons (Hyperion). Je suis physicien, donc j’ai toujours du mal avec des écrivains qui usent d’un jargon abondant pour perdre le lecteur et faire « croire » que leur univers a du sens. Quand je lis Clarke, Smmons ou Herbert, il y a parfois du lourdingue, mais jamais un jargon abusif comme écran du fumée. Là avec La Horde Du Contrevent j’ai parfois l’impression d’entendre les Bogdanov (ce n’est pas un compliment…). Quant à la fin, elle est troublante. Troublante car elle est identique à la fin de la Tour Sombre de Stephen King, paru la même année ! Et il s’agit d’un retour au point de départ, après un voyage épique dont on ne s’attend pas à une conclusion satisfaisante. Créer un univers qui dépasse l’écrivain et qui ne peut se finir de manière satisfaisante est assez monnaie courante dans la fiction (littéraire ou visuelle). Lost et Matrix en sont deux exemples connus : un premier film ou une première saison avec un concept fascinant, et un succès qui pousse à finir la saga, avant de décevoir. D’autres se contentent de ne jamais se terminer : Dune, Game of Thrones… Est-ce que La Horde vaut le coup alors ? Je ne sais pas, le style est vraiment lourd. Il y a aussi un cruel manque de description de certains moments, certains lieux, certaines technologies. La façon dont certains bâtiments « volent », ou l’équipement de la horde, vraiment survolé (on ne se rend pas du tout compte de ce qu’il transporte), ou les distances, mal décrites (parfois il faut 10 pages pour faire une petite distance, puis la page d’après 2 ans ont sauté !). Ces sauts dans le temps sont pénibles, surtout quand il revient en flashbacks pour expliquer ce qu’on a raté. On pense à l’épreuve de Caracole et Sov, et ensuite à la perte de 3 membres dans le tunnel de vent. On saute de 2 ans, puis on explique en petits flashbacks comment ils sont morts ? Mouais… Il y a aussi ces personnages morts tôt dans le récit, qui ne sont jamais vraiment décrits. Du coup on anticipe qui va mourir par son « temps de parole ». Tel personnage n’a jamais eu son paragraphe ? OK il va mourir très vite. Bref, impressionnant d’imaginatif, mais dur à lire et à accepter. J’ai un ami qui n’a toujours pas réussi à le finir. On se demande aussi comment une civilisation avec une telle technologie, et de tels phénomènes comme les chrones déjà compris, a été incapable de comprendre que la Terre (ou leur planète) est ronde. N’ont-ils pas vu les étoiles qui bougent ? Le soleil ? La façon de faire mourir toute la horde est aussi assez détestable… Mais il y a des éclairs de génie. Cette mythologie de la horde et du contre, les chrones, la force des mots et de la voix, la découverte finale qu’une autre horde est arrivée là avant eux…

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