L’impossible Cinéma : Chroniques du Maître (3/4)

Suite du dossier sur H.P. Lovecraft ! Aujourd’hui on va parler de comment il est (im)possible d’adapter Lovecraft au cinéma !

Première partie du dossier : La BD

Deuxième partie : en audiobook

En préambule je vous propose de visionner la série assez complète et particulièrement cool de l’excellent Gillus « Cthulhu for President » sur les films lovecraftiens, c’est une de mes bases de travail, en plus d’être super à regarder 🙂

Est il possible d’adapter le Maître au cinéma ?

Question épineuse. Certains serait tentés de vous dire « non pas du tout », d’autres diront que « rien n’est inadaptable ». Bon comme toujours, la réalité est quelque part entre les deux (à mon sens). Comme je l’ai évoqué ici, la peur, notamment au cinéma, se fait selon deux vecteurs principaux : la peur viscérale et la peur immédiate. L’horreur Lovecraftienne est principalement une horreur viscérale, une ambiance, une toile de fond qui vous prend aux tripes et vous plonge au cœur du cauchemar.

Ce type d’approche, au cinéma surtout d’horreur, est clairement marginale bien que certains films ayant recours à ce type d’ambiance aient connu un succès notable (The Mist de Frank Darabont, Alien le 8eme passager, etc. )

Aussi, au cinéma on parlera plus souvent « d’ambiance lovecraftienne » plutôt que d’adaptation littérale d’HPL. Même si certaines adaptations existent (notamment l’excellent « Die Farbe« ), elles sont encore plus marginales que les films relevant d’une ambiance Cthulhuesque.

Mais du coup c’est quoi une ambiance « à la Lovecraft » ? On parle souvent d’ « horreur cosmique » pour parler de son style. C’est assez vrai, bien que ça ne soit pas forcément très explicite comme terme.

TV filming

Pour moi cela consiste en une ambiance générale de mystère et de menace indicibles. J’entends par là, une menace gigantesque qui plane sur le monde ignorant. Les protagonistes découvrent peu à peu que cette menace existe et sont dépassés par elle. Lutter contre elle, c’est mettre à mal son esprit, c’est la certitude de mourir, voire pire, face à cette menace sourde. Il peut s’y ajouter un complot ou une secte à plus ou moins grande échelle qui abondent cette menace. Le fantastique y est central mais à la marge, paradoxal ? Pas vraiment, car dans cette vision de l’horreur on ne peut pas appréhender la menace qui, par définition, nous dépasse.

Bien sûr, c’est mieux avec des exemples.

Exemples réussis :

Je vais vous parler ici de quelques exemples réussis d’œuvres inspirées de Lovecraft, sans redire ce qui a été dit par Gillus dans ses vidéos.

J’ai volontairement cherché des films assez connus pour vous montrer que l’œuvre d’HPL se trouve parfois là où on ne l’attend pas et comment son influence se fait sentir.

La cabane dans les bois (Drew Goddard, 2012)

Je commence avec cet exemple volontairement atypique. Ce film est un projet de Joss Whedon, réalisateur d’Avengers. C’est une sorte de « cadeau » fait par les studios pour remercier l’auteur du succès de ses films.

Aussi avec son ami Drew Goddard, il se lance dans un projet pour lequel il a un budget réduit, mais une liberté totale. Ce film est un hommage aux Slashers des années 90, de type Massacre à la Tronçonneuse, Vendredi 13 et compagnie.

Dès le début on peut (ou du moins on croit pouvoir) deviner qui va mourir en premier, qui va vivre, etc.

[toggle title= »Zone Spoiler »]Mais en vrai le film joue avec les codes du slasher et nous expose que ces meurtres font partie d’un plan d’une administration tentaculaire et mondiale pour empêcher l’éveil des « Anciens ».[/toggle]

Ce qui en fait une belle œuvre d’inspiration lovecraftienne. En effet, ce n’est pas le « canon » de l’horreur cosmique propre à HPL, mais ça fonctionne, c’est drôle et c’est bien fait. On valide !

The Mist (Frank Darabont, 2007)

Adapté de l’autre Maître de l’Horreur : Stephen King, plus précisément de la nouvelle Brume du recueil éponyme. Disponible aussi en noir & blanc (ce qui rajoute pas mal de saveur).

On est ici en présence de quelque chose de plus quotidien, en ce que les protagonistes sont des gens ordinaires dans une situation extra-ordinaire. En gros, suite à une tempête très violente, une petite ville du Maine se trouve plongée dans une brume épaisse dans laquelle la mort rode. Les héros sont enfermés dans un supermarché avec une centaine d’autres personnes.

[toggle title= »Zone Spoiler »]En réalité, la région abrite une base secrète de l’armée qui a ouvert inconsidérément une porte vers une dimension parallèle où vivent des créatures hostiles et cyclopéennes. Même ici je vous réserve la toute fin du film, qui est encore plus hardcore que le livre (c’est rare). En tout cas on est dans du Lovecraft quasi pur. [/toggle]

Ainsi hormis les personnages qui ne sont pas très « typiques » de ce qu’écrit HPL, l’ambiance y est, l’horreur désespérée et l’ambiance prennent aux tripes. Un incontournable.

Pacific Rim (Guillermo Del Toro, 2013)

« Wow, wow wow, la Cabane dans les Bois passe encore mais là, c’est juste des robots et des gros monstres »
Alors… Oui.

But wait, there’s more ! On peut y réfléchir quelques minutes et se dire que les Kaijus représentent finalement une menace cosmique et indicible, planant sur le monde. Monde qui a dû se modeler à leur présence.

Ils viennent d’une dimension parallèle et sont incompréhensibles malgré les efforts des scientifiques. Parmi les protagonistes on retrouve des professeurs, même s’ils sont secondaires. Aussi je vous défie de me dire qu’il n’y a pas une bonne touche de HPL la dedans 😉

Del Toro HPL

Cela se ressent d’autant plus lorsqu’on sait que Del Toro était sur un projet très sérieux d’adaptation de la nouvelle du Maître « Les Montagnes Hallucinées », projet abandonné, puis non puis si, enfin peut être.

Donc regardez ce film, en plus y’a un robot géant qui poutre un Kaiju avec un bateau…

Au final :

Lovecraft est dur à adapter directement, mais pourtant son empreinte est visible dans beaucoup d’œuvres cinématographiques. Ce média s’avère pourtant adapté dans la mesure où il est respecté et compris (oui Alone In The Dark d’Uwe Boll, c’est toi que je regarde).

J’aurai pu aussi citer pêle-mêle, The Thing (John Caprenter), Stranger Things (série TV Netflix), Le Territoire des ombres : Le secret des Valdemar (José Luis Alemán) ou Hellboy I & II (Guillermo Del Toro, encore) et pas mal d’autres.

Lovecraftian movie festival

Et vous quels sont les films que vous trouvez Lovecraftiens ?

Merci de m’avoir lu et pensez à partager l’article !

Guillaume COEYMANS

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