Pourquoi vous ne ferez jamais peur à vos joueurs pendant un JDR :

Cet article m’est venu suite à mon expérience de MJ dans des JDR « d’horreur » mais aussi suite à la lecture d’articles de l’excellent Johan Scipion (auteur du tout aussi bon Sombre) sur la peur dans le JDR. Je vais essayer d’apporter ma vision de la peur dans le jeu. Enjoy ! 

Aux origines de la peur :

“The oldest and strongest emotion of mankind is fear, and the oldest and strongest kind of fear is fear of the unknown” H.P. Lovecraft

La peur est une des émotions fondamentales de l’humain, à l’instar de la joie, la colère et la tristesse. Elles sont, de mon point de vue, les plus « brutes » et les moins nuancées, mais aussi les plus fortes.

La peur est une réaction de survie permettant à un animal de sauvegarder son intégrité physique ainsi que celle de sa progéniture. Biologiquement, elle se traduit par une activation de l’amygdale. Cette émotion instinctive et incontrôlable est très ancienne dans le règne animal et est un des facteurs qui nous a permis d’évoluer jusqu’à ce que nous sommes de nos jours.

Elle est parfois associée à une sensation de mort imminente (un bruit terrible à quelques centimètres de vous risque probablement d’être un danger mortel). La peur peut être aussi plus violente et plus profonde : c’est la « terreur », le stade au dessus qui peut paralyser un individu et l’empêcher d’agir. Il n’y a qu’à voir l’incroyable cas des « terreurs noctures »  pour comprendre la terrible brutalité de cette émotion.

De nos jours, il y a plusieurs choses que l’on regroupe sous le terme « peur », notamment la mode des films à « jumpscares » les films d’épouvantes, les « creepy pastas » etc.

Cf la vidéo du Fossoyeur de Film focalisée sur le cinéma, mais qui explique bien ce que je veux dire.

Il y a donc plusieurs « peurs » différentes. Personnellement, j’en dégage deux : la peur immédiate et la peur viscérale, ce que je vais développer juste ici :

La peur immédiate

C’est le sursaut, le jumpscare, cette porte qui claque dans le silence. Celle-ci est immédiate, notre réaction tient du réflexe, on sursaute, on crie ou toute autre réaction épidermique. C’est aussi, pour moi, l’instant de peur fugace qu’on ressent lorsqu’on attend un coup de fil important, cette sensation qui monte et qui se dissipe une fois l’appel pris.

C’est là qu’on voit aussi les réactions « combat-fuite » des individus : lors de ce micro-instant où le corps choisi de fuir ou de se battre, on peut voir ceux qui vont sauter sur le tueur au masque et ceux qui vont courir vers la porte.

Ce type de peur est réalisable en JDR via des effets de manche, en claquant un livre ou avec un complice qui surprend un joueur d’un coup. Mais elle est principalement source de stress et d’inconfort plus qu’un élément de jeu. Nous en reparlerons plus loin.

La peur viscérale

Fear
Ne me dites pas que vous marcheriez pas un peu trop vite dans un couloir comme ça 😉

C’est celle qui prend aux tripes, celle qui dure dans le temps. Mieux encore, c’est celle qui vous renvoie à vos angoisses profondes et enfantines. C’est cette sensation que quelque chose va vous saisir la jambe dans la nuit noire, celle qui vous fait monter les escaliers de la cave un peu plus vite qu’il ne faudrait.

Cela peut aussi être l’état d’angoisse irrationnelle d’un phobique face à sa phobie, ou simplement à l’évocation de l’objet de la phobie. L’exemple de cette peur que je préfère (enfin, que je trouve le plus intéressant hein) est celui de la peur diffuse, constante, comme un danger permanent qui guette dans l’ombre.

Demandez aux personnes qui ont vécu le siège d’une ville, lisez le témoignage d’ex-otages, c’est la peur permanente qu’ils décrivent qui est cette peur viscérale et omniprésente.

La peur en JDR :

La peur n’existe pas en JDR

Voilà, tout est dit merci de m’avoir lu et à bientôt !

Hum, soyons plus précis : à part faire sursauter les joueurs avec des effets hors-jeu (voir plus haut), vous ne ferez jamais ressentir une peur viscérale à vos joueurs. J’ai envie de dire, « encore heureux » ! Car le but est encore de jouer et de passer un bon moment ensemble, pas d’avoir peur pour sa vie. Il est donc contre-productif de chercher à faire peur à ses joueurs pour le simple bon déroulement du jeu.

Je reprend donc plutôt le concept de Johan Scipion, c’est à dire qu’on fera ressentir une « tension horrifique » plutôt qu’une peur. Les joueurs doivent être conscients que ce qu’il y a derrière la porte close est un réel danger pouvant menacer l’intégrité physique et mentale de leur personnage.

Car oui, ce n’est pas les joueurs qui auront peur, mais bel et bien leurs avatars. Il faut donc être en capacité de transmettre cette tension du personnage vers les joueurs afin que ceux-ci vivent pleinement le moment de peur que vous faites vivre aux personnages.

Comment faire sentir cette tension aux joueurs ?

Pour cela plusieurs moyens et mécaniques différentes :

Les personnages : vecteurs d’émotions

C’est pour moi l’un des éléments majeurs pour créer une vraie tension et de vraies sensations de jeu. L’une des solutions pour cela est de passer par une vraie séance de création de personnages (nous reviendrons juste après sur le cas des personnages pré-tirés). Il ne faut pas négliger cette étape, et guider vos joueurs vers des personnages dans lesquels ils peuvent se projeter. L’idée n’est pas d’avoir des personnages clones des joueurs mais des personnages investis par ceux-ci.

Plus les joueurs se seront attachés à leurs personnages en les créant, plus les émotions se transféreront de l’un à l’autre. Lorsque vous avez passé une heure à créer et densifier votre personnage, vous réfléchirez un peu avant d’ouvrir cette porte derrière laquelle d’étranges grattements se font entendre.

Le cas des pré-tirés : Dans ce cas, c’est le rôle du MJ de créer des personnages suffisamment épais pour permettre une identification, mais suffisamment larges pour que n’importe qui puisse s’y projeter. Pour cela, le mieux est de pouvoir écrire une partie « personnelle » du joueur, sa façon de penser, son ressenti, etc.

Le MJ, maître de l’horreur :

C’est effectivement au MJ d’être en mesure de créer une situation de tension horrifique. Cela passe par une bonne mise en situation et un certain talent de storytelling, d’être capable de bien raconter une histoire. Pour cela, pas de mystère, il faut recourir  à des artifices classiques : musique, ambiance lumineuse, calme et silence.

Il est nécessaire aussi d’avoir pu préparer ses effets et de doser dans le bon timing les bons éléments. C’est pour ça qu’il est important d’être en capacité de diriger les joueurs et de faire de belles descriptions. En effet, pour moi, la tension horrifique dans un jeu est quasiment incompatible avec un jeu très ouvert. Il faut être conscient de cette limite, qui n’est pas « imposer le jeu aux joueurs » mais poser un cadre strict pour créer la tension. Par exemple, dans une maison hantée, personne ne doit être autorisé à avoir des grenades à main sauf cas très particulier, c’est au MJ d’imposer cela. Tout comme imposer le huis clos. Où irait le scénario si les PJ, voyant la maison hantée, se disent « bon bah on va au Formule 1 en fait hein » et que le MJ laisse faire ?

Une bonne technique pour éviter pas mal d’écueils du genre est de faire un démarrage de scénario « In medias res » (littéralement « au milieu des choses »), c’est à dire de lancer directement l’histoire au milieu de celle-ci. Au lieu de « le mystérieux vieillard vous indique le cimetière que vous devez nettoyer, que faites vous ? » partez plutôt sur « Vous êtes dans un vieux cimetière, un commanditaire vous a envoyé ici pour nettoyer le lieu ».

Les joueurs, clés de l’horreur :

Si le MJ est l’architecte de l’horreur, les Joueurs en sont les briques élémentaires. En tant que joueur, il faut savoir « rentrer » dans l’univers projeté par le MJ et s’impliquer dans la situation.

Il est important pour cela que vous vous soyez impliqué dans votre personnage, comme vu auparavant, mais n’hésitez pas à broder votre personnage en cours de partie, à lui inventer histoire et anecdotes pour lui donner de l’épaisseur.

Impliquez vous aussi dans l’horreur et limitez le hors-RP pour être le plus en phase avec l’histoire qui vous est proposée.

Boite à outils :

Voici quelques ficelles que j’utilise pour faire « peur » à mes joueurs. Il n’y a rien de spécialement original ni d’incroyable mais je pense que le partage d’astuces est utile à tous !

Le coup de semonce :

Délicat à utiliser car il peut « chafouiner » les joueurs. Il s’agit de poser brutalement que nous sommes dans une situation dangereuse, où les joueurs peuvent mourir. Ici, ils ne sont pas les boss, pas des héros, pas des niveaux 50 prêts à dézinguer du gnoll.

Typiquement, il s’agit de poser une confrontation (ennemi, piège, etc) dans laquelle les joueurs vont être sérieusement blessés et où le risque de mort du personnage est réel. Le mieux est de placer la confrontation dès le début de la partie pour poser le contexte.

Quand je dis que cela peut gêner les joueurs, c’est que certains n’aiment pas se sentir faibles, ou n’ont pas l’habitude de ce type de danger. Pour la petite histoire, je me rappelle d’une partie de D&D (3,5) où j’étais joueur. Nous explorions un donjon, et d’un coup, le guerrier décide de se mettre à sprinter dans les couloirs. Devant nos airs surpris, le MJ demande « es-tu sûr ? » « Oui » répondit-il. Arriva ce qu’il devait arriver, un piège se déclenche, tuant le personnage, sans possibilité de sauvegarde. En effet, le donjon est une belle situation de tension et la punition immédiate a fait réfléchir les joueurs pour la suite. Par contre, le guerrier a boudé tout du long de la partie. C’est compréhensible et indique bien que le coup de semonce doit être bien dosé et bien ciblé.

La rupture de ton :

Compliquée à mettre en place mais à l’efficacité redoutable, il s’agit ici de ne pas indiquer aux joueurs qu’ils jouent à un jeu spécialement horrifique, de lancer le scénario tranquillement et de faire surgir l’horreur brutalement au sein du scénario.

La rupture de ton demande un gros travail d’écriture pour préparer la rupture mais si celle-ci s’opère bien, le choc peut être réel pour les joueurs et lancer un scénario mémorable.

La bascule

Petite sœur de la rupture de ton, la « bascule » fait, comme son nom l’indique, basculer le scénario dans l’horreur. Il s’agit de créer un moment, un instant ou un scénario ordinaire bascule dans l’horreur.

C’est typiquement le cas dans des Slashers, c’est le moment ou les rednecks cannibales consanguins font leur première victime, ou le tueur frappe pour la première fois, rompant la quiétude et l’insouciance des personnages.

Contrairement à la rupture de ton, la bascule est plus directe et plus « actionnelle ». La rupture de ton est plutôt dans l’ambiance, dans le style de jeu, là ou la bascule est un événement précis.

 Le désamorçage :

J’aime bien celui-là, c’est un classique mais il fait toujours son effet. Il s’agit de faire monter la tension autour d’un élément focus, une porte, un coffre quelque chose comme ça. Il faut appuyer sur cet objet pour faire en sorte que toute l’attention des joueurs soit concentrée sur cet élément, cette boite dont un diable va forcément sortir. Mais au final, c’est le pétard mouillé, juste un rat qui passait par là, un courant d’air… Bref, pas grand chose. Si vous le faites bien, vos joueurs vont pousser un soupir de soulagement, voire un rire nerveux. Idéal pour placer l’effet suivant :

Le contre-pied :

C’est au delà de la surprise que se place cet effet. C’est prendre les joueurs au moment où il s’y attendent le moins, où ils sont sûrs d’être en sécurité. Par exemple, au moment où ils sont sûrs que ce n’était qu’un rat, faire surgir le vrai danger.

Un effet que j’avais fait passer (dans une partie de l’Appel de Cthulhu) et qui avait bien fonctionné : les joueurs ont élaboré un plan solide pour assassiner un grand méchant en Égypte (ils ignoraient qu’il était mage). Arrivés dans son dos, en pleine nuit, alors qu’il était dans son bureau, ils sont parfaitement sûrs de leur coup. Au moment de frapper, le bouclier magique du boss s’est activé, les joueurs, surpris, n’ont su que faire. Double effet kiss cool, son chat était un démon garde du corps.

On a dans ce cas, une bascule ainsi qu’un contre-pied, ce qui s’est avéré dévastateur.

Voilà pour cet article au sujet de la peur. Il n’est pas complet bien entendu et ne représente que mon avis ! N’hésitez pas à mettre en commentaire vos astuces et votre réflexion sur la peur en JDR !

Guillaume COEYMANS.

 

Sporz : Le loup-garou en mieux ?

Une fois n’est pas coutume, on teste un jeu ! Ce n’est pas une nouveauté, loin de là, mais Sporz m’a fait forte impression et après plusieurs parties de test, voici mon avis. 

Contexte :

J’ai eu la chance de découvrir ce jeu avec son auteur Raphael Donzel il y a quelques temps maintenant. Nous avons pu ainsi jouer deux parties, puis j’ai aussi testé Deal! un jeu au concept bien sympa dont je parlerai un peu plus tard.

Cependant, les éditions La Donzelle qui éditaient le jeu ont malheureusement mis la clé sous la porte, le jeu reste donc assez difficile à trouver.

J’ai mené une petite dizaine de parties, dans différents contextes et avec des nombres différent de joueurs, de 7 (le minimum) à 18 et à chaque fois, ce fut une surprise et super intéressant. Bref, passons au cœur du sujet.

Présentation :

Sporz nous plonge dans un monde où une infection, la Spore, a détruit l’humanité et les joueurs sont des astronautes envoyés dans l’espace comme des bouteilles à la mer, afin de trouver une hypothétique terre d’accueil. Or un jour, l’alarme se déclenche, les joueurs sont sortis de Cryostase : la spore a été détectée à bord… Ambiance huis-clos spatial, intrigues et mensonges de rigueur !

Sporz est proposé dans une jolie boite cylindrique, qui donne le ton sur le contenu. On trouve à l’intérieur un livre de règles, des feuilles de référence et … des pogs ? Sur ceux-ci sont inscrits des rôles et des photos.

SporzBox
Du beau matériel

Les règles sont claires et lisibles, les fiches aussi. Bref, sans en faire des tonnes, on a du matériel sympa. Tout cela annonce une première séance bientôt !

En terrain connu :

A la lecture des règles, quelque chose frappe, et ça sera une sortie de fil rouge pendant tout l’article mais aussi pendant vos parties : C’est comme le loup-garou de Thiercelieux …mais en même temps pas pareil du tout. Si vous ne connaissez pas ce jeu, c’est un grand classique des jeux qui se jouent en convention ou en festival, avec un grand nombre de joueurs.

Pour faire simple, le Loup-Garou se déroule en 2 phases : le Jour où tout le monde joue en même temps et la Nuit où chacun dort à son tour selon des rôles prédéfinis. En l’occurrence, des loup-garous vont « tuer » les villageois durant la Nuit, pendant que d’autres personnages auront aussi des actions à faire, et de jour, tout doit être fait pour retrouver et éliminer les loup-garous.

Sporz c’est donc pareil, mais en fait non. On y retrouve le cycle jour/nuit ainsi que des rôles. Pourtant bien des choses divergent et nous allons voir ça.

Une expérience différente :

Là où Sporz joue la différence, c’est qu’au lieu de se placer en jeu communautaire « statique », son approche est presque dans le format de la « soirée enquête ». En effet, lors des phases de jour, les joueurs ont le droit de se déplacer et d’interagir en secret les uns par rapport aux autres. Cela est renforcé par le fait que l’Ordinateur de bord (le MJ) doit veiller à ce qu’aucun groupe de plus de 3 ne se forme (sauf si le capitaine fait partie du groupe) pour éviter que la « spore » ne se répande. Cela encourage les complots et intrigues secrètes.

Mais aussi, autre subtilité qui permet intrigues et coups-fourrés, les votes se font à bulletin secret et non en public ! Cela permet de nouer des alliances, puis des les trahir et ça crée une nouvelle dynamique de jeu tout à fait intéressante.

C’est là que se fait, pour moi, toute l’originalité par rapport au Loup Garou.

Les rôles sont globalement proches de ceux du Loup-Garou, si ce n’est que certains sont vitaux. Par exemple, si les deux médecins meurent, la partie est terminée et les spores ont gagné, etc.

Ambiance et complots :

Lorsque je fais jouer Sporz, j’aime créer une ambiance, poser quelque chose d’un peu lourd façon Alien : le 8eme passage, voyez ? Car c’est là que le jeu prend toute son ampleur : lorsque les joueurs se prennent au jeu.

Les meilleures parties sont celles où justement, les joueurs, pris au jeu de l’enjeu,intriguent, complotent et trahissent. Car dans Sporz, la principale ressource est bien celle-là : l’information. Mentir et jouer avec les identités de chacun est le gage d’une bonne partie.

Sporz est donc une bonne surprise et un très bon jeu. Il est difficile comme ça d’évoquer la richesse et l’intérêt d’un jeu qui ne prend tout son sens qu’en étant joué. Je vous invite donc chaudement à tester ce jeu si vous le trouvez !

J’espère que cette « critique » vous aura plu, n’hésitez pas à me faire part de votre avis et à partager cet article !

Guillaume COEYMANS 

Mes 5 bonnes raisons de faire des conventions JDR

Bonjour à tous, y’avait longtemps hein ? Des obligations professionnelles m’ont tenues éloignées de mon blog mais je suis de retour ! 

Si j’ai voulu écrire à ce sujet c’est parce que je me suis rendu compte que beaucoup de rôlistes ne faisaient pas ou peu de conventions ou à l’inverse, ne faisaient que ça. Après une période de diète de conventions, je suis retourné dans plusieurs d’entre elles récemment, l’occasion de faire le point sur ce type d’évènement. Bien entendu, je ne parle ici que de ma propre expérience, chaque ville, chaque « territoire » ayant ses propres spécificités. 

5 : C’est l’occasion de rencontrer d’autres rôlistes

Bien évidemment, c’est d’abord pour cela qu’on y va, croiser d’autres joueurs que l’on n’a pas vu depuis un moment ou qui viennent de loin. Grâce à cela on peut développer des points de vue intéressants sur les différents jeux proposés, l’actualité rôlistique, trouver des GNistes qui écument en partie ces endroits.

Bien entendu comme tout lieu social c’est aussi une bonne occasion de boire une bière bon marché avec des potes, et ça, c’est précieux.

4 : C’est l’occasion de rencontrer des professionnels

Rolistiloutre
La Loutre Rôliste, une boutique qu’elle est bien

Par professionnels, j’entends tous les corps de métiers liés au JDR, de l’auteur au graphiste en passant par le vendeur de goodies, etc etc. C’est quelque chose qui s’avère étonnamment riche par plusieurs aspects. Déjà on se rend compte que oui, on peut vivre du JDR (ce n’est pas évident bien entendu, mais c’est possible).

L’une des facettes que je trouve passionnante dans ces rencontres c’est de pouvoir jouer à certains jeux avec leurs auteurs. C’est une expérience assez enrichissante car elle permet une vision « pure » du jeu, telle que l’a vue l’auteur et qui peu différer de  ce qui a été proposé avant. Le cas des Martian Bimbo Awards a été pour moi une belle occasion de jouer à un jeu atypique avec celui qui l’avait conçu.

Cela n’est possible quasiment que dans ce type d’évènement, a moins d’avoir un auteur disponible qui habite dans le secteur. Bien entendu, je ne parle pas ici des jeux amateurs (j’y consacrerais d’ailleurs un article complet très bientôt, si si promis)

3 : Faire vivre le milieu associatif

Je l’ai un peu évoqué dans mes anciens articles mais les associations de JDR font partie de l’univers rôliste de façon essentielle. La plupart d’entre elles dans mon entourage organisent des conventions, une à deux fois l’an. C’est pour elles un point d’orgue, tant pour la vie culturelle que pour leurs finances. Ces conventions sont de réels moteurs de visibilité et de volonté pour l’année. Y aller, payer un droit d’entrée et dépenser à la buvette, en plus de simplement être présent, est un excellent moyen de les soutenir, y compris celles dont vous ne faites pas partie. Comme le point 5, c’est un bon moyen de rencontrer les différentes assos et faire vivre le paysage rôlistique.

2 : Les nouveaux

Lorsqu’on souhaite initier quelqu’un au JDR, cela passe souvent par un passage en convention. En effet, loin de la soirée chez un inconnu, enfermés avec d’autres inconnus pour des heures et des heures sans connaître rien à l’univers, la convention permet dans un cadre ouvert et propice à la découverte, de s’initier en douceur.

Les quelques fois ou j’ai masterisé en convention, ça a été pour moi un réel bonheur de voir arriver des gens qui n’avaient jamais touché à un JDR de leur vie, pour qui un dé à plus de 6 faces était inconnu et qui ne savaient même pas qu’on pouvait avoir peur en jouant et aimer ça (teaser d’un prochain article ? Peut être 😉 ).

J2S
C’est du J2S mais l’idée y est !

Mais surtout c’est la fraîcheur de ces joueurs qui est un vrai plaisir. Ils n’ont pas les automatismes prévisibles d’un joueur expérimenté et sont aptes à vous surprendre et à surprendre le groupe de façon totalement inattendue.

Si vous n’avez jamais joué à un JDR, guettez les conventions autour de vous ! C’est, je pense, le meilleur moyen de vous initier.

1 : Sortir de sa zone de confort

C’est LE point que je trouve essentiel dans le fait d’aller dans des conventions. Lorsqu’on est rôliste, on a tendance à rester dans sa zone d’habitude, on fait tourner les mêmes jeux, on joue avec les mêmes gens et au final on ne prend pas beaucoup de risques. Les conventions sont l’occasion majeure de faire voler ces habitudes en éclats.

Avec mes deux comparses rôlistes (qui se reconnaîtront, big up) réguliers en convention, on joue peu souvent ensemble pour, justement, découvrir d’autres horizons. On peut vraiment avoir de belles surprises en tentant un autre système de fonctionnement, d’autres MJ et d’autres jeux qu’on n’aurait jamais tenté.
Il m’est ainsi arrivé de jouer à un JDR sur les Chevaliers du Zodiaque (univers qui m’est totalement inconnu et indifférent) et d’adorer ! Je n’y serais jamais allé spontanément, mais la convention a été un moyen de tenter quelque chose d’inconnu.

Tout aussi important aussi : jouer avec des gens qu’on ne connaît pas. Cela permet, déjà, d’être plus immergé dans le RP et l’univers. Pourquoi ? Parce qu’on connait pas ou peu les autres joueurs, du coup pas de private jokes, pas de choses à raconter, rien, si ce n’est le jeu qu’on est en train de jouer.  C’est donc plus simple de s’immerger dans le jeu.

Voilà pour ces quelques points, et il y en a bien d’autres ! Dédicace aux copains de Troll Me Tender, l’EDIL et l’ASCPA les Griffons pour leurs super convs’ cette année ! Je ferais peut être des comptes-rendus de convention de temps en temps.

N’hésitez pas à commenter avec ce que vous avez trouvé en convention et partager cet article ! Et je vous dis à très bientôt 🙂

Guillaume COEYMANS 

Suite et Fin : Etude : Les rôlistes et les nouvelles technologies

Bonjour à tous,

Dur de reprendre la plume après tant de temps, mais rassurez vous, ça va reprendre à un meilleur rythme !

Je vous ai pas mal parlé de cette étude sur le JDR et notamment sur le fait que j’allais la publier ici. Bon et bien pour être direct, cela ne se fera pas. Pourquoi ? Pour faire faire bref et surtout car l’affaire est compliquée, à cause d’un désaccord majeur avec ma directrice de mémoire. Ce désaccord est strictement professionnel (c’est une personne que j’apprécie et estime) et je ne souhaite pas m’étendre dessus.

J’en suis le premier désolé et j’espère trouver un moyen de contourner le problème dans les temps à venir. En attendant n’hésitez pas à venir parler du sujet sur les réseaux ou en vrai pour ceux qui le souhaitent  😉

A très (très) bientôt pour de nouvelles aventures et de nouveaux contenus !

Guillaume Coeymans 

Etude : Les rôlistes et les nouvelles technologies 2

Bonjour à tous !

Suite à l’étude lancée ICI, je ne peux que vous remercier de l’engouement autour de cette étude ! Vous avez été nombreux à y participer ce qui fait que l’échantillon de l’étude est très représentatif et apporte du crédit à mes recherches. Vous pouvez d’ailleurs toujours y participer !

Cependant, ce n’est que la première partie. Certains participants vont être contactés pour participer à des entretiens plus longs et approfondis pour aller plus loin. L’objectif est d’avoir une dizaine d’entretiens, représentatifs des tendances dégagées par le questionnaire.

Lorsque l’étude sera terminée je la publierai ici et la mettrai à votre disposition.

D’ici là, je vous remercie encore pour votre participation et je vous dis à très bientôt pour la reprise d’articles plus « classiques » !

Guillaume Coeymans 

Etude : les rôlistes et les nouvelles technologies

Il est temps de parler serious business maintenant. J’ai créé ce  blog d’abord par plaisir, mais aussi pour mes études. Je prépare un mémoire de recherche sur les rôlistes et les nouvelles technologies. C’est donc le moment d’attaquer sérieusement les choses.

Je vous présente donc l’étude en quelques mots : je m’intéresse à l’arrivée des nouvelles technologies dans l’univers du jeu de rôles.

Une étude originale :

Il s’agit, à ma connaissance, d’une des seules études qui s’intéressent à ce que font les rôlistes et non à ce qu’ils sont. Cette différence est fondamentale : il ne s’agit pas de savoir le fameux « Mais qui sont les rôlistes ? » (rabâché depuis des années) mais bien de prendre pour fait établi que les rôlistes existent et qu’ils sont un groupe social à part entière.

La question est donc de savoir maintenant que font-ils ? comment évoluent-ils ? quelles sont les perspectives face aux nouvelles technologies ? etc. …

Une étude participative

Et oui ! J’ai besoin de vous, je vais vous faire travailler 🙂 En effet, la documentation sur les rôlistes reste assez faible en Europe. De toute façon, je ne conçois pas un travail comme celui là sans faire appel à vous pour avoir les données les plus fiables possibles. Pour participer, plusieurs façons de faire :

  • Un questionnaire. Cela me permet d’avoir une vue d’ensemble de la population rôliste.
  • Des rencontres plus approfondies avec des rôlistes de tout bords.
  • Enfin, une enquête de terrain avec une observation en direct des habitudes des rôlistes.

N’hésitez pas à remplir le questionnaire juste : ICI

Ainsi l’étude se veut la plus complète possible. Pour la rendre encore plus solide et légitime, j’ai besoin de vous pour répondre au questionnaire et surtout le partager et le diffuser autour de vous ! Je vous en serais très reconnaissant, et vous aurez ma gratitude éternelle (c’est plus pratique et moins cher que de vous offrir un verre à tous 😉 ) !

Guillaume Coeymans 

Life Is Strange – Ados, narration & feel good

Dans ces temps troublés, je vous offre une bonne dose de feel good et de bon sentiments ! Avec en plus cette fois-ci une collaboration !  Enjoy ! 

 (à écouter pendant la lecture de l’article) 

Présentation

Life Is Strange est le dernier né du studio français DONTNOD, qui avait déjà créé le très chouette Remember Me, qui nous présentait les aventures d’une héroïne dans un Paris « cyber-romantique » où les souvenirs sont devenus une monnaie d’échange. Le jeu était très beau, très esthétique mais avait quelques défauts : monde peu ouvert et scénario sans trop de surprises.

Peu après, le studio annonce l’arrivée de Life Is Strange, histoire mettant en scène des adolescents dans une petite ville des USA, sous la forme d’un Point’n Click. Le jeu nous promettait un chef d’oeuvre de narration et une direction artistique aux petits oignons.

Le jeu est sorti en 5 épisodes, dont le dernier date d’un mois environ. Au debut sceptique vis à vis de ce mode de distribution, j’ai joué au premier épisode…Puis j’ai pré-acheté tous les autres immédiatement. Je vais donc vous expliquer pourquoi :

Synopsis : La jeune Max Caulfield est une étudiante en photographie qui revient dans sa ville natale, Arcadia Bay, dans l’Oregon. Alors qu’elle vient de découvrir qu’elle possède le pouvoir de remonter dans le temps, elle enquête rapidement sur la disparition d’une adolescente de la ville.

Des points à améliorer :

Je commence directement par ce qui ne va pas, car cela va être rapide et me permettra de m’étendre sur ce qui va.

Des graphismes beaux mais …

Dans Life Is Strange, on est face à un dilemme intéressant que l’on retrouve souvent. La direction artistique est très belle, les couleurs chaudes sont magnifiques, les décors (en partie peints à la main) ont un rendu très très intéressant. Bref la direction artistique pète la classe.

Cependant, sur un point de vue purement technique.. Et bien, peut mieux faire. Les personnages ont des détails un peu anguleux (mains, pieds, etc.), les environnements ne sont pas immenses et on est vite limité dans l’espace. Les déplacements peuvent être un peu rigides. Bref, techniquement, on est assez loins du top de ce qu’il se fait.

Pour moi, c’est un faux problème puisque la direction artistique prime sur la technique (exemple typiques : Minecraft, Papers Please, etc. )

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Un scénario pas si non-linéaire

L’une des promesses de DONTNOD était que nos choix influenceraient vraiment l’histoire. Car le jeu nous propose régulièrement des choix cruciaux, parfois terribles et aux conséquences lourdes. Mais au final, ces conséquences restent périphériques et le cœur du scénario se déroule quoi qu’il arrive selon sa ligne directrice.

C’est dommage car on peut être un peu déçu. Or, c’est vite oublié car la narration nous emporte totalement dans l’histoire, nous faisant oublier ces détails.

Mais tout le reste

Une narration exemplaire :

Parlons maintenant de tout ce qui va bien.

La narration est en effet est un des points forts de Life Is Strange. On le sait bien, étant donné que les Point’n Clicks sont de toute façon d’excellents vecteurs d’histoire. Grâce à cela, on suit les pérégrinations de nos 2 héroïnes. Mais ce n’est pas ça qui fait le succès de cette narration, même si cela y contribue.

Il y a dans ce jeu une gestion du timing et du rythme brillante. Le rythme du jeu est assez lent, contemplatif, car il se passe dans un monde très réaliste, donc on n’y court pas dans  tout les sens en permanence. Les équipes de DONTNOD ont même poussé la démarche jusqu’à inclure des phases de pure cinématique, où l’on suit Max et ses pensées à travers une séquence, le tout sur des musiques résolument feel good.

Cela peut paraître étrange au premier abord d’avoir un jeu au rythme aussi lent alors que la mode n’est pas à ça. Mais cela fonctionne diablement bien !

L’histoire en elle même est intéressante, sans être très originale. Les rebondissements sont nombreux et bien sentis. Ainsi on est bien tenus en haleine. De plus, le jeu étant calqué sur le modèle d’une série épisodique, chaque épisode finit sur un cliffhanger bien senti.

Enfin le jeu nous met en face de choix, parfois très difficiles, car l’on s’attache très fortement aux personnages et à ce qu’ils sont, et certains choix influent directement sur eux de façon parfois définitive. Ces choix sont toujours bien mis en scène et se font sans manichéisme, ce qui les rend encore plus difficiles. Souvent, vous aurez cette pensée « Mais… Laisse mes sentiments tranquilles ! Jeu méchant ! », avant de sécher vos larmes et vous y replonger de plus belle. C’est, pour moi, une des meilleures pensées que l’ont peut avoir en jouant. Car si un jeu vous fait ressentir des choses aussi fortes voire vous fait du « mal », avoir envie de s’y replonger est signe de grande qualité.

Des personnages justes :

L’univers des jeunes adultes et des ados est propice à l’excentricité et aux personnages décalés. Cependant, on voit trop souvent des caricatures d’ados, avec des comportements tout à fait à côté de la plaque. Mais ça c’était avant Life Is Strange !

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La vision de l’adolescence des créateurs y est l’une des plus justes que j’ai pu voir, tous supports confondus, et rien que pour cela, ce jeu en vaut la peine.

Dans ce jeu, tous les personnages sont écrits avec justesse, réalisme et profondeur. Aucun ne fait cliché ni n’est unidimensionnel. L’exemple qui me vient en tête est celui de Frank. Sans dévoiler l’histoire, il peut paraître comme un simple marginal, mais il est traité avec suffisamment de clairvoyance pour montrer qu’ils est aussi un être humain avec ses bons et ses mauvais côtés. La seule ombre que je verrai sur ce tableau serait Warren que je trouve un peu stéréotypé, mais c’est vraiment léger.

Plus encore que les personnages, c’est leur interaction qui fait le plus sens. Les relations qu’entretiennent tous les personnages sonnent toutes très justes à tel point qu’on s’y identifie facilement. Mieux encore, on s’implique dans ce que pensent les personnages ! La relation entre Max et Chloé (les deux personnages principaux) est très touchante et chaque choix, chaque action fait évoluer cette relation et lorsqu’on doit prendre des décisions fortes, on se sent presque autant déchiré que les personnages, tout comme les moment d’amitié entre ces jeunes femmes vont vous faire sentir vraiment bien.

Un ambiance excellente :

Comme je l’ai déjà évoqué plus haut, le jeu baigne dans une ambiance de couleurs chaudes et tracées à la main (pour partie, selon le moment cela peu changer), et des musiques qui savent toutes vous immerger dans Arcadia Bay, la ville du jeu. Ville qui d’ailleurs est très vivante, et encore une fois très réaliste. Il y a de l’activité mais sans être une grande ville et les PNJ y évoluent avec naturel et banalité (dans le bon sens du terme).

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Mais, à mon sens, ce qui booste vraiment l’ambiance de ce jeu, c’est le sound design et la bande-son. Tout nous plonge dans la réalité banale d’Arcadia Bay, les pensées de Max ou simplement l’humeur du moment. Les morceaux (originaux ou repris) sont tous à propos et ne surgissent pas de nulle part, ce qui change aussi de certains jeux où la musique nous saute dessus (Oui Battlefield, c’est à toi que je pense).

Bref le jeu respire son ambiance et transpire la réalité.

Pour finir, je donne la parole à Marie-Flore, collègue joueuse,  qui va nous donner son ressenti sur le jeu !

Une expérience à part. Proposant une aventure aux lenteurs captivantes. Il est rare que ceux-ci me procurent autant d’émotions !

Je considère Life Is Strange comme une véritable révolution dans le concept des jeux narratifs avec les choix/conséquences. Au-delà de donner une toute autre dimension à la trame, le jeu nous permet de remonter dans le temps afin d’intervenir dans le passé, le présent et l’avenir. Et il faut avouer que c’est plutôt bien pratique ! L’histoire est bien ficelée, et ce « pouvoir » d’influencer l’espace/temps n’est pas perçu comme appartenant à de la science-fiction. L’histoire est si bien menée que oui, cela semblerait presque naturel. On est transporté dans une sorte de réalité parallèle. 

Je rejoins Guillaume sur la lenteur du jeu, qui ne gêne absolument pas. Au contraire dirais-je même, car cela nous permet de bien saisir les nuances de chacun des personnages et la subtilité des histoires personnelles. Guillaume parle d’identification, le pari est réussi !

J’ai découvert ce jeu à la sortie de l’ultime chapitre 5. J’ai ainsi pu jouer sans attendre dans l’horreur de l’incertitude tous les chapitres lorsque je terminais ceux-ci. Il m’a fallu 5 jours : une après-midi, un chapitre – vive les vacances – . On est tenu en haleine du début à la fin. Je devais hésiter une bonne dizaine de minutes à chaque choix crucial. Quitte à revenir en arrière pour changer ce choix, pour finalement le regretter après ! Ce jeu est envoûtant, à l’exact opposé des productions actuelles multipliant les scènes d’action spectaculaires. Et il faut dire que ça fait du bien. Lorsque Life is Strange s’est terminé, la tristesse et la frustration se sont emparées de moi. Non pas que j’ai trouvé le jeu trop court, mais je voulais une suite immédiatement !

Réalisme, humanisme, envoûtement… Bref, mon coup de cœur 2015. 

Je reprends la plume pour conclure sur le fait que Life Is Strange est, vous l’aurez compris, un immanquable et un plaisir qui se savoure à fond !Merci d’avoir pris le temps de nous lire, merci à Marie-Flore pour sa participation ! Et à très vite 🙂

Guillaume Coeymans & Marie-Flore Burguet

Carton Rouge : Sans Détour, Mais où va-t-on ?

Ok alors aujourd’hui, je ne suis pas content. Sans Détour, éditeur de jeux de rôles ayant déjà fait sensation avec son crowdfunding pour la 7 édition de son jeu de rôles phare l’Appel de Cthulhu, lance un nouveau financement participatif pour une campagne inédite, les 5 supplices. Mais il y des choses qui me gênent méchamment ce coup-ci, je m’explique :

Précisions pour cet article, je pars du principe que vous avez lu mon article sur le CrowdFunding ou sur Sans Détour et son « succès surprise« , si ce n’est pas le cas, allez y jeter un œil =) 

Le « foulancement », comme on devrait dire en français, est un moyen de financer un projet qui n’existe pas et qui n’existerait pas sans ce système. Il permet ainsi de créer du contenu grâce à des fans.

Or l’éditeur est tombé dans un écueil qui est le suivant : le produit existe et le financement participatif n’est qu’un argument marketing. Explications :

Le produit est déjà financé, comme Sans Détour l’avait indiqué pendant la campagne de la V7, par l’argent de la précédente souscription. L’angle choisi est donc que si les joueurs souhaitent avoir tout le matériel, ils doivent souscrire. Tout le matériel existe déjà pourtant ! Les scénarios sont écrits, les partenaires trouvés, etc.

Qui plus est, l’objectif fixé est encore une fois terriblement bas ! Le premier palier était à 10 000 euros, sachant que la version la plus vendue (et non la plus financée, puisqu’on ne parle plus de financement ici mais de vente) est à 150€. Au vu des précédents succès, Sans Détour savait pertinemment que sa base de fans ferait tomber ce palier très vite (soit moins de 100 financements). A l’heure où j’écris ces lignes, on a dépassé les 80 000€ et le financement est à 823%. Ce qui est, soyons honnêtes, totalement absurde. La prise de risque est nulle, c’est donc à des années lumières de ce qu’est le financement participatif.

On n’est plus dans le financement d’un projet mais dans l’édition limitée déguisée. Je n’ai rien contre une édition limitée, j’en ai pas mal et je pleure celles que j’ai ratées, mais c’était des produits vendus clairement comme tels. Ici, je ne peux pas m’empêcher d’avoir l’impression de me faire avoir quelque part. Je n’ai plus l’impression d’aider une structure, vu que les produits existent. J’ai l’impression que l’on me « force » à payer pour avoir un produit complet, et que si je ne paye pas j’aurai une édition au rabais.

De plus Sans Détour profite de l’écho marketing qu’est « un financement participatif record ! » alors que l’on distord le concept pour en faire un outil marketing. Alors je pense qu’ils vont essayer de faire bonne impression à base de « on ne s’y attendait pas » et « on a pensé aux boutiques, des offres leur sont spécialement destinées ».

Comme le dit très bien Le Thiase, on n’aide pas une petite maison d’édition sur un JDR avant-gardiste mais l’un des JDR les plus populaires et les plus diffusés. Autant vendre les produits directement au prix fort, on aura l’impression que c’est honnête, même si c’est cher.

Bref pour conclure, je ne cautionne pas cette démarche et je prédis que si ce genre d’initiatives se multiplient, le monde du JDR va droit dans le mur, sans détour.

Guillaume Coeymans 

Bimbo, ou le JDR qui casse les codes

Cet article fait suite à ma participation aux Martian Bimbo Awards à Bordeaux ce week-end, organisé par les copains de Cent Balles et Un Mars. J’ai eu l’occasion de jouer avec son auteur et de tester ce JDR atypique.

Bimbo, c’est quoi ?

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Bimbo est l’oeuvre de Grégory Privat, produit par Sans Détour. C’est un jeu de rôle un peu atypique. En effet, sur le modèle d’Oltréé!! le maître du jeu n’a que peu d’informations sur le déroulé du jeu : juste une ligne directrice, le système de jeu et c’est parti ! L’univers est celui des films « grindhouse« , ces films de séries B, populaires dans les années 70-90, avec des actrices charmantes défouraillant du méchant à tour de bras en petite tenue.

La particularité de Bimbo est qu’il est un jeu au système qui en fait un jeu… compétitif. Quoi ? Comment ça ? Un JDR ou l’on doit battre les autres ? Mais c’est contre l’esprit du jeu !

Et bien, en effet, mais ce n’est pas si mal !  Dans Bimbo, vous jouez donc une starlette qui souhaite avoir le premier rôle dans le film du Réalisateur (MJ). Je ne vais pas m’appesantir sur le système de jeu pour en faire une critique exhaustive, d’autres l’on fait bien mieux que moi (ici, , où là ). Ce qui m’intéresse le plus dans ce jeu c’est la façon de jouer et de narrer l’histoire, plus que les règles elles-mêmes. Les rôles habituels du MJ et du joueur sont bouleversés ! Voyons ça en détails :

Un MJ fainéant (ou pas)

Lorsqu’on regarde un peu les livres de scénarios, il y a de quoi être décontenancé. Il faut compter 3-4 heures de jeu environ. Le système de jeu fait que les parties ne sont pas plus longues et ne s’y prêtent de toute façon pas. Le scénario tient sur une page et demi, deux pages maximum. Ce scénario (ou film) est découpé en 3 à 8 scènes, tenant en quelques lignes avec un objectif à remplir. Autant dire que si, comme moi, vous aimez avoir un gros livre exhaustif et complet, ça peut surprendre.

Cependant, comme je vais en parler après, ce sont les joueurs qui créent le scénario au fil de l’aventure. Le réalisateur tient les principaux éléments du scénario (qui sont les ennemis, leur valeur et les jalons scénaristiques), ainsi que les parties « compétition », à savoir les points « star système » (que l’ont peut assimiler à des points de victoire) et les points de réussite/échec du film. Il doit aussi gérer l’argent que lui donnent les joueurs et les effets que cela aura dans le film (augmenter les effets spéciaux, arrivée d’une star, etc. ).

Mais, là où son rôle se corse c’est qu’il doit gérer chaque vedette, chacune ayant son égo, ses envies et ses objectifs secrets, les « clichés ». Le MJ a donc bien un rôle de réalisateur, décidant où braquer la caméra et jouant sur la fluidité du jeu. C’est cet aspect qui en fait un jeu exigeant pour le réalisateur, obligé de jongler de star en star, d’idée en idée tout en gérant les points, l’argent, etc. Un vrai défi !

Des joueurs proactifs

Après avoir créé leur avatar starlette (on peut tout à fait jouer un homme, mais jouer une femme est bien plus dans l’esprit du jeu) la partie peut commencer sur les chapeaux de roues avec la première scène !

Vous l’avez compris, c’est aux joueurs de créer l’histoire dans laquelle ils évoluent en fonction du peu que leur donne le réalisateur. Pour cela, il y a quelques astuces. D’abord, tout ce que vous dites se fait, sauf opposition. Ne dites pas « je vais prendre mon fusil et viser le type » mais « j’épaule mon fusil et je tue ce type » si personne n’y voit d’inconvénient, cela se fait. Si il y a besoin d’un jet, celui-ci se fait. Si une autre vedette estime que c’est elle qui aurait dû avoir cette scène, elle peut tenter un « Coupez! On la refait ! » qui permet de refaire une scène avec un nouvel angle. Ainsi les joueurs doivent compléter leurs objectifs, engranger un maximum de points de victoire tout en étant sous le feu des projecteurs. Leur intérêt est que le film sorte pour toucher un maximum d’argent.

Car en effet, il y a des sousous en jeu. Chaque vedette a un pécule de départ qu’elle peut investir dans le film et récupérer à la fin de la partie, avec un bonus si le film est sorti et un autre bonus si elle est la tête d’affiche. A quoi sert cet argent ? A payer des doublures par exemple pour éviter de vous mettre en danger sur une action dont vous n’avez pas la compétence, à engager de meilleurs figurants, de meilleurs effets spéciaux, etc…. C’est grâce à cela que vous pourrez transformer un film de série B en super-production ! Le but étant d’en mettre plein la vue et d’être LA star !

J’ai évoqué les compétences, je reviens dessus car le système de ces compétences est particulièrement sympathique. En effet, vous avez autant de compétences qu’il y a de mots dans votre « rêve de star », chaque mot étant une compétence (3 au choix vous donnent des bonus supplémentaires). Par exemple, si dans votre BG vous avez le mot « pied », vous pourrez vous en servir pour donner un coup de pied, faire du pied, ou encore bouturer une planque ou n’importe quoi d’autre ! Il suffit que le réalisateur soit d’accord, mais le principe est de tordre chaque mot pour être la plus polyvalente possible ! C’est très très drôle, parole de linguiste !

Les Martian Bimbo Awards

Un mot sur cette convention : organisée par les copains de Cents Balles et Un Mars, comme dit dans l’introduction. Cette association de GN a su reconnaître le potentiel compétitif de ce JDR afin de faire un « vrai » tournoi de Jeu de Rôle. Mais comme ils aiment bien faire les choses, il y avait tout un décorum, tel une soirée mondaine, valets en tenue offrant rafraîchissements et coc… farine aux participants. Cérémonie en bonne et due forme donc, avec maître de cérémonie, projections et interruptions par des vedettes en mal de gloire. Les joueurs et joueuses se sont pour la plupart pris au jeu et ont revêtu des costumes de stars et créé de fausses affiches de films de série B pour compléter le tableau. Puis, bien entendu les prix remis aux réalisateurs et aux meilleurs rôles féminins. Tout cela fort bien organisé, très drôle et comme toujours convivial ! Vous pourrez retrouver les photos de la journée ICI.

AfficheBA1Mon affiche de personnage-joueur … j’ai un peu honte mais c’était drôle ! 

Un grand merci donc à toute l’équipe pour m’avoir fait découvrir ce jeu dans de telles conditions ! C’était idéal !

12182563_930715823643304_7477363116303487503_o(défi : me retrouver dans cette photo 😉 )

Bimbo et les filles :

Dernier point, et je marche un peu sur des œufs, mais je pense que c’est intéressant de le noter. J’ai constaté pendant cette journée des Martian Bimbo Awards, une surreprésentation des joueuses. En général, on tourne à environ 30% de joueuses dans ce type de convention. Ici, nous avions presque la parité. Cela m’a vraiment étonné alors que le jeu, pris au premier degré, est plutôt macho (en vrai il ne l’est pas, bien au contraire, mais ce n’est pas l’objet ici). Cela viendrait-il de l’organisation ? (En effet, l’association organisatrice est à la base créatrice de GN, plus paritaires). Du jeu en lui même, car la thématique parlerait plus aux femmes ? Ou tout simplement le début d’un mouvement de fond qui verrait les femmes arriver en JDR en même nombre que les hommes ?

C’est en tout cas quelque chose à creuser et à surveiller dans les années à venir !

Pour conclure, Bimbo est un très bon jeu, très particulier et je ne peux que vous recommander de le tester de ce pas ! J’espère que cet article vous aura plu ! N’hésitez pas à le partager sur les réseaux et commenter si vous le souhaitez 🙂

Guillaume Coeymans

Imaginaire Ludique se transforme !

Un an d’Imaginaire Ludique maintenant, il est temps de faire peau neuve !

Cela fait presque un an que j’ai lancé ce blog. Beaucoup de choses ont évolué dans ma façon de voir les choses au travers du prisme du jeu sous toutes ses formes, de culture geek et de communication.

Il était donc temps de faire un grand ménage et un renouvellement du blog à l’aube de cet hiver 2015. De plus j’ai gagné en compétences, en expérience et en maturité (si si j’vous jure, c’est vrai m’sieur !) et ce changement se doit d’être le reflet de ces nouvelles capacités.

Imaginaire Ludique est devenu Homo Ludis  » Les jeux de l’Homme ». Pourquoi ce  changement ?

Pour plusieurs raisons :

  • Soyons honnêtes : « imaginaire ludique » n’était pas très vendeur comme titre. Il était trop général, voire un peu maladroit. Homo Ludis, lui, est plus accrocheur. La sonorité, proche du « ludique », est propre à parler à tout le monde. Tout comme la forme, parce que finalement l’homo luden, l’homme qui joue, est une évolution d’homo sapiens qui me plaît énormément !
  • C’était un carcan qui me contenait dans un secteur très orienté Jeu de Société et Jeu de rôle avec une approche très classique. Certes je suis seul maître de ma ligne éditoriale mais un titre doit refléter d’une certaine façon le contenu. Avec ce titre je suis bien plus à l’aise pour écrire sur les sujets que je veux.
  • Parce que ce blog est aussi un outil professionnel pour moi, et ce titre, cette forme et quelques détails dans son architecture sont bien plus pertinents d’un point de vue pro.

Voilà ! J’espère que cette nouvelle forme vous plaît, n’hésitez pas à me faire part de vos avis ! Tous les articles sont toujours disponibles dans les archives donc n’hésitez pas à y rejeter un œil !  A très vite pour de nouvelles aventures ! (ludiques bien entendu 😉 )

Guillaume Coeymans