Peut-on être public de JDR ?

Une phrase entendue souvent par les amateurs de JDR souhaitant initier des amie-e-s : « Nan mais je vais venir voir d’abord ! comme ça si ça me plaît je peut tenter après » . Du coup petit article sur pourquoi ça n’est pas possible : 

La barrière de l’imaginaire :

C’est un facteur important, parce que concrètement, en JDR on ne fait pas grand chose de très physique: on est assis autour d’une table avec des crayons, des dés et on parle.

Du coup objectivement, c’est pas vraiment passionnant à regarder. Tout se passe dans nos têtes et dans la représentation collective que nous arrivons à mettre en place par l’addition de nos imaginaires. C’est l’essentiel : l’implication, le JDR demande beaucoup d’implication pour profiter a fond du plaisir du jeu.

Une grosse partie de l’implication vient aussi de l’explication et l’application du système et de l’univers de jeu. C’est à dire qu’en jouant, on participe à l’immersion dans l’univers. Un jeu très orienté action par ses règles donnera un scénario totalement différent que le même scénar’ avec des règles beaucoup plus orientées investigation. Si vous n’êtes pas impliqué dans le jeu, au final vous ne voyez qu’une part de ce qui se passe.

Aussi, rester à coté d’un tel groupe est forcément une forme de mise à l’écart et en vrai, vous risquez de vous ennuyer ferme à regarder des gens papoter pendant 4h.

Argument de plus car une partie de JDR étant toujours assez longue comparée aux loisirs ludiques classiques, l’ennui pour un spectateur non-impliqué peut se faire plus grand encore.

La barrière sociale :

Plus subtile, c’est aussi une barrière intrinsèque au JDR qui est bien plus proche du social que du jeu. En effet, si on se met à la place de quelqu’un qui n’y connait rien à l’univers JDR, il faut avouer que ça ne fait pas envie au premier abord. Plantons le décor :

  • « Hey, ça te dis de tester du JDR avec Jean-Michel et Jacky ?
  • Ouais ça consiste en quoi ?
  • Et bien en gros c’est un jeu ou on vit des aventures, par exemple dans le monde du seigneur des anneaux
  • Ah, pourquoi pas, on fait ça quand ?
  • Samedi prochain, de 14 à 23h ?
  • … »

Avouez, c’est du vécu non ?

Voilà l’un des premiers éléments : découvrir un loisir en commençant par s’enfermer 8h dans une pièce avec 3 inconnus pour jouer à un jeu qu’on ne connait pas et qui ne nous plaira peut être pas.

Et je ne parle même pas du cas des femmes qui sont au mieux sous-représentées, au pire carrément discriminées (si si, regardez ICI, LA ou LA). On peut donc comprendre que venir s’asseoir à une table de mecs inconnus pendant toute une nuit, ça peut rebuter.

Mais alors, que faire ?

Oui, que faire ? Après tout le JDR, nous, on le sait que c’est bien ! Que c’est même génial ! Alors voici quelques pistes de réflexion pour aller plus loin :

Les conventions : incontournables

Je l’ai déjà évoqué dans mon article sur les conventions : pour amener vos amis dans le monde du JDR, les conventions sont les MEILLEURES SOLUTIONS tout simplement. Le cadre public est beaucoup plus sécurisant, il y a des stands à explorer, de la bière à boire, des gens à rencontrer etc. Du point de vue ludique, les parties sont souvent courtes et comprennent la présentation de l’univers et des règles, ce qui permet à tout le monde de partir du même niveau.

C’est à mon avis le meilleur moyen de mettre un pied dans l’univers du JDR avant de se mettre aux formats plus « classiques » dans un cadre privé.

Adapter les parties :

Ça me paraît une évidence mais de ce que j’ai vu et entendu, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Lorsqu’on accueille un nouveau joueur, il est nécessaire d’avoir prévu un scénario pour l’occasion (j’ai personnellement 2-3 scénarios d’initiations issus du commerce ou de ma plume pour ces situations).

Typiquement, il ne faut surtout pas inclure un débutant en cours de partie ou de campagne. C’est le meilleur moyen de perdre le néophyte et de lui laisser une mauvaise image de ce loisir. Oui, pour vos vieux briscards de potes, c’est peut être un peu relou mais ils sauront faire avec, et leur faire réviser les bases ne leur fera peut être pas de mal.

De même, un débutant demande plus d’attention de la part du MJ. Il est important de solliciter le joueur plus souvent que les rôlistes expérimentés. Pourquoi ? Car le débutant n’aura pas forcément les automatisme, aura peur de « mal faire » ou sera intimidé par les joueurs avec de la bouteille qui monopoliseront le jeu. C’est au MJ de gérer cela pour que tout se passe au mieux.

Je ne suis pas forcément pour une simplification des règles à cette occasion mais ça peut être une variable à ajuster pour que tout se passe au mieux.

 Présenter le loisir :

Souvent, on a un souci de définition du JDR. Certains parlent de jeu de société amélioré, d’autres de théâtre… et il y’a encore d’autres appellations. Je n’ai pas vraiment de définition précise, même si j’ai tenté dans cet article. Il revient aussi parfois la formule « le meilleur moyen de comprendre c’est d’essayer ! », mais on voit bien que cette explication se mord la queue.

Comment faire donc ? Ce qui marche bien en général c’est les analogies « Oui tu sais façon Donjons & Dragons » car c’est relativement connu, mais ça suppose que la personne connaisse déjà. Tout comme faire référence aux émissions du Joueur du Grenier « Aventures » qui permettent de se faire une idée.

Et bien c’est là que le bât blesse et où je me dois de vous avouer que je sèche. Aussi je fais appel à vous pour me donner vos astuces en commentaire !

Merci de m’avoir lu et à très bientôt !

Guillaume COEYMANS

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2 réflexions sur « Peut-on être public de JDR ? »

  1. J’ai regardé quelques vidéos de Dark Heresy (jdr dans l’univers de warhammer40k) sur youtube, c’était sympa mais c’est plus le truc qui tourne en fond qu’un visionnage actif. Du coup j’ai du mal à imaginer faire ça en vrai.

    Sinon pour introduire des gens au jdr, les jeux style loup garou m’ont toujours semblé très biens. C’est dans le domaine quasi mainstream depuis un moment et c’est un premier pas qui à l’air de plaire à beaucoup de monde

  2. Totalement d’accord.
    On ne regarde pas. Refus systématique. Par contre, joue qui veut ! 🙂

    J’initie souvent, honnêtement il n’y a que ça de vrai car même les conventions n’attirent qu’un public déjà assez sensibilisé. Par contre avec des amis et des amis d’amis, les petits Sombre en 1h30 ou un Cthulhu un peu plus long peuvent réellement donner de très bons moments pour tout le monde. Bref : pour faire découvrir il n’y a que ça de vrai, jouer.

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