Terre², le JDR Renaissance-punk ? Retour d’expérience

Aujourd’hui je vous parle de Terre², ce JDR que j’ai mené sur toute la campagne du livre de base et je me dis qu’il y a des choses à en dire !

L’ouvrage :

Le livre de BLAM! est un joli pavé, avec une belle illustration qui met bien dans l’ambiance, ainsi qu’une maquette que je trouve irréprochable. Le texte est clair, bien aéré, l’organisation du contenu est globalement cohérente. Bref du tout bon.

Terre² le livre de base
Le livre de Terre² est vraiment beau

Je regrette juste de ne pas avoir plus d’illustrations d’ambiance, tant le monde évoqué suscite l’envie de lui donner corps (on en reparle après 😉 )

Assez épais, le livre donne une belle matière pour s’offrir de belles séances de jeu.

Vous y trouverez des PNJ, des opposants, du matériel, des capacités nombreuses et détaillées. La partie sur le BG est peut être un peu légère mais on sent la densité de l’univers.

J’ajoute en supplément ici, que dans l’attente d’une « saison 2 » en préparation, Blam! propose une flopée de contenu supplémentaire gratuitement sur leur site que je vous conseille d’aller étriller. Une vraie mine d’or !

Le Background de Terre²

Alors jvouleditoutsuite, j’adore le pitch de base. de Terre². En gros, c’est notre histoire telle que nous la connaissons, globalement la même, jusqu’à Louis XIV. Mais il a senti le vent tourner et c’est lui qui a convoqué les États Généraux. Je n’en dit pas plus sur l’histoire en elle même qui n’est de toute façon pas le point central du background. Jusque là on a donc une uchronie comme une autre.

En revanche, ce qui nous fait basculer dans une autre dimension est que dans ce monde, il existe aussi des personnes qui sont plus qu’humaines. Parmi elles, 4 grands types (qu’on peut appeler « classes ») que les héros vont être amenés à jouer :

Les personnages

  • Les Mentaux : Humains dotés de pouvoirs psychiques. Ces pouvoirs sont très variés, allant de la télékinésie à la pyromancie. Mais chaque Mental ne possède que peu de pouvoirs. Leur existence est assez mal vue et menacée un peu partout. Traqués, fichés et enfermés, ils mènent une existence marginale.
  • Les Sans ventre : Ce sont des clones à usage principalement utilitaire. Manouvriers, agents de sécurité, terrassiers, etc. Ils sont créés avec des mutations génétiques en lien avec leur fonction : force décuplée, instinct traqueur, etc. Ils ont cependant acquis une certaine liberté au fil du temps pour s’affranchir des cases dans lesquelles ils sont enfermés. Cependant, tous ont une date de péremption plus ou moins longue et vivent donc dans l’attente de leur fin.
  • Les Tatoués : Ce sont des êtres rares et mystérieux dont l’origine se perd dans l’abysse du temps. Le Tatoué peut canaliser les énergies chaotiques de l’univers à travers des tatouages ésotériques et l’usage de sang frais. Farouchement indépendants et violents quand nécessaire, les Tatoués sont un des plus grands mystères de Terre².
  • Les Surdoués : Rien de surnaturel pour eux, ce sont des humains ordinaires qui ont su, à force de travail, d’abnégation et de sacrifices, surpasser le commun des mortels. Sportifs d’exceptions, soldats légendaires, politiciens hors-normes, tous sont probablement des Surdoués.

La toile de fond, Une Terre² pas une Terre 2.0

Terre² nous fait évoluer dans le royaume de France et le Duché de Savoie dans un futur proche, où se mêlent intrigues politiques, complots machiavéliques et magie sournoise.

Carte Terre²
Avouez ça donne envie de parcourir Terre² !

Le monde est séparé entre deux extrêmes. D’un côté, on a des villes ultra-modernes où des calèches antograv’ parcourent les rues animées remplies de badauds dans de beaux atours tech-ingéniérés. De l’autre, on trouve des campagnes restées rurales, presque féodales, où les seuls points d’accès à la technologie sont les machins agricoles et le Kiosque à nouvelles sur la place du village.

L’Unisme, la religion d’état qui a absorbé toutes les croyances préexistantes, lie ces deux extrêmes pour maintenir une poigne de fer sur les citoyens et les travailleurs.

Si le Roi et son gouvernement sont censés régner absolument sur le royaume, en réalité de grandes entreprises (comme des mégacorpos) tirent les ficelles en sous-main avec leurs propres agendas mystérieux.

Au milieu de cela, le peuple est pris entre le marteau et l’enclume, une frange essayant de se rebeller par des révoltes ciblées, des attentats, etc.

Mais la vraie guerre se fait dans les ombres où les personnages vont évoluer au service de la mystérieuse Organisation pour essayer de changer le monde.

Intrigues, complots, technologie et magies (au pluriel !) au programme !

Le Système

Alors, vous le savez peut-être si vous me lisez depuis longtemps, je ne suis pas un très bon fan de systèmes de jeux en général, je préfère me concentrer plutôt sur l’impression générale qu’un système me laisse.

Mais si ça vous intéresse, je crois qu’il s’agit d’un système assez inspiré de C.O.P.S. et qui se joue assez classiquement au D10.

En revanche le système nous donne une vraie impression de puissance. Les personnages sont clairement des surhumains. Aussi j’ai parfois eu du mal à équilibrer les rencontres.

Cependant le système reste fluide, cohérent avec les spécificités et les rôles des personnages. La campagne laisse la possibilité de personnaliser assez finement son perso, ce qui est bien sympa.

J’aurais voulu que le système de progression soit un peu plus détaillé dans le livre, mais on s’en sort globalement.

En bref ça se joue bien, pas besoin de se référer au livre toutes les 5″, le système est souple et agréable. Bon point pour moi !

La Campagne

Garanti sans spoils ou presque, mais passez plutôt directement à la conclusion si vous voulez éviter tout risque !

Alors là je vais tâcher d’expliquer clairement ma pensée. Je ne voudrais pas paraître sévère avec l’équipe de BLAM! qui a fait un gros boulot sur cette campagne. Globalement c’est agréable à parcourir et on a pris notre pied dans le Royaume de France. Mais si mes remarques sur ce qui marche moins bien peut aider l’équipe à proposer une suite améliorée, ça vaut le coup 🙂

En plus chaque MJ et chaque joueur va avoir une vision et une lecture différente de cette campagne. Donc c’est juste mon avis et ma vision des choses.

Une belle entame

J’ai décidé de faire jouer la campagne avec les pré-tirés que j’ai trouvé assez cools et qui d’après le livre sont taillés pour la campagne (on en reparlera …). Celle-ci s’étire sur 5 scénarios qui vont nous faire voyager, tant géographiquement que stylistiquement.

Si on peut reprocher aux 3 premiers scénarios une structure un peu semblable (Convocation par l’Organisation > Enquête > Laboratoire secret > Révélation), globalement les missions sont plaisantes et permettent aux joueurs et joueuses de bien appréhender l’univers. Par leurs settings (urbains, rural, et dans le Duché de Savoie) et on ne sent pas cette redondance.

Un monde de Terr²
Un monde de ficelles tirées dans l’ombre

De plus Terre² nous propose une vraie épaisseur de matériel, PNJ et ambiance pour mener cette campagne en faisant vivre l’univers de façon naturelle et agréable. On sent la menace souterraine (littéralement même) ramper sous la surface des choses et tout se corse au fur et à mesure. Mais …

Une fin de campagne brouillonne

Les deux derniers scénarios ont tout pour plaire : settings très différents et structure inédite. Pourtant quelque-chose cloche et j’ai un peu de mal à mettre le doigt dessus.

Ce n’est pas tant l’écriture de chaque scénario mais l’articulation de la campagne en tant que bloc cohérent qui bloque. L’équilibre entre liberté et encadrement ne fonctionne pas bien.

Moi qui suis pourtant adepte des toboggans plutôt que des bacs à sable, je pense que la fin de la campagne de Terre² sacrifie trop de liberté pour nous mener là où elle le souhaite.

Alors certes, la mise en scène est cool et les évènements impressionnants. Notamment le passage à Londres en mode New York 97 est vraiment quelque chose. Mais on se sent quand même moins maître à bord.

Il naît alors une frustration, tant pour les joueurs qui sentent qu’ils ne sont plus décisionnaires, que pour le MJ qui doit au choix réécrire le scénario ou accepter de faire de la lecture.

Cette première campagne est prévue comme une « saison 1 » faite pour introduire l’univers et finit sur un cliffhanger très cinématographique. C’est peut-être là son péché originel. Je pense qu’une campagne plus concentrée (en 3 scénarios par exemple) sur un rythme plus effréné aurait été plus adaptée. Le livre, déjà épais, n’en aurait probablement pas souffert.

D’autant que les one-shots offerts sur leur site sont bien mieux rythmés et très plaisants.

Parlons enfin des personnage pré-tirés. Ils sont assez cools mais leur complémentarité n’est absolument pas évidente tout comme leur cohésion. Pour des personnages censés être « taillés pour la campagne », c’est un peu dommage. Surtout quand on a à côté des exemples réussis comme Yggrdasil ou Z-corps, qui proposent le même type de présentation de personnages.

Conclusion

Alors au final, j’ai aimé ou pas ?

Et bien oui ! Beaucoup ! Le travail fourni sur Terre² est très intéressant. La proposition est suffisamment originale pour être attractive sans agir comme un repoussoir non plus. Le système est fluide et agréable, le bouquin magnifique et le contenu pléthorique. L’univers est un gros point fort qui donne envie d’en savoir plus, de l’explorer et de le parcourir.

Se pose quand même la question de la saison 2 qui va arriver en foulancement bientôt. Je ne sais pas si je vais craquer honnêtement, mon groupe ne semble pas hyper chaud pour repartir et tant que je n’aurai pas pu voir si la qualité d’écriture a progressé, je ne peux qu’être réservé…

Bref si ce n’est cette campagne en demi-teinte, Terre² a tout bon pour rentrer dans ma catégorie « jeux chouchous » c’est à dire ce que j’aime beaucoup, malgré leurs défauts et malgré leur étrangeté (vous trouverez aussi dans cette catégorie Subabysse, AMI ou Warsaw).

J’aime J’aime moins
L’univers passionnant Quelques trous dans l’univers
Le matériel et contenu riche et dense Une scénarisation à revoir
Le suivi et contenu additionnel La complémentarité des pré-tirés
Le livre superbe  

Si vous avez l’occasion de trouver Terre² je vous le conseille fortement ! D’autant qu’on le trouve parfois sur « Veepee » (ex-vente privée) à prix cassé !

Guillaume COEYMANS

JDR, Confinement et tables virtuelles, retour d’expérience

C’était inévitable, je devais en parler ! La situation sanitaire actuelle à bouleversé nos habitudes de jeu. Personnellement je n’ai jamais aimé les parties virtuelles (avant ce confinement) et j’ai du m’y mettre. Je vous raconte tout ça et vous donne quelques conseils !

 

Mon rapport aux tables virtuelles avant

Avant qu’on y soit obligés, je n’avais fait que deux parties sur table virtuelle dans ma vie, et ce avant que des outils performants type Roll20 soient vraiment au point.

J’avais trouvé l’expérience plaisante bien que demandant beaucoup d’attention et d’énergie, et avec une possible plus-value grâce aux outils disponibles.

J’étais et suis toujours, défenseur du JDR en présentiel pour tout un tas de raison, mais en bon geek j’étais quand même curieux de voir ce que ça donnait et je m’y suis penché un peu, sans plus. Ce qui m’y attire c’est surtout la possibilité de jouer plus facilement avec les camarades que la vie disperse un peu partout.

Alors quand le confinement est arrivé, j’ai pris ça comme l’occasion de m’y mettre plus sérieusement ! Et promis, je ne sort pas l’argument « oui mais on est pas autour de la table avé les copaings ».

Ce qui est chouette avec le JDR en ligne

Il y a beaucoup de bonnes choses dans la pratique du jeu de rôle à distance. Personnellement, j’ai surtout joué sur Roll20 et Discord (en MJ et en PJ), mais je pense que cela peut s’adapter à la plupart des plateformes.

La disponibilité :

C’est le premier truc, le plus pratique. C’est plus facile d’organiser des parties car chacun et chacune n’a qu’à être derrière son PC aux horaires convenus. Pas de transport à prévoir, pas de repas à organiser, pas de salon à ranger, pas de vêtements propres à mettre, etc.

C’est simple et pratique là-dessus, pas de doutes.

Le support au système :

Même si le bruit des dés manque, la possibilité de faire des calculs rapidement dans les outils de Roll20 (ou autre) est très pratique.

Mention spéciale pour les fiches de perso interactives (malheureusement d’une qualité aléatoire et qui semblent être un enfer à coder) qui permettent tout un tas de calculs en temps réel et en prenant en compte bonus et avantages. Top.

L’intégration de musiques est intéressante bien qu’un chouia compliquée mais pas impossible.

L’efficacité :

J’en reparlerai plus loin, mais le JDR en ligne demande une forme de concentration et de focus importante donc on est moins distraits. Les parties sont plus efficaces, on va plus à l’essentiel, on digresse moins, on commente moins les choix de déco de l’hôte, on bavarde moins.

Du coup on est plus impliqué, plus immergé dans la partie. Mais cela a aussi ses mauvais côtés, on en parle plus loin 😉

Ce qui marche moins bien :

Une technique perfectible

Sur les outils que j’ai utilisé, j’ai eu mon lot de bugs, ralentissements, lourdeurs, des « vous m’entendez?  » et autre déconnexions intempestives. Il faut faire avec.

Pourtant ça peut amener à des manipulations complexes à faire pour régler les volumes, préparer des éléments, etc.

Surtout avec des débutants qui en plus de découvrir notre loisir, doivent maîtriser un à deux logiciels en plus. Bref ça peut être relou.

Une grosse demande d’attention

Je l’ai déjà évoqué, je trouve que jouer en ligne me demande plus d’attention et d’énergie que jouer en présentiel. Je ne saurais pas forcément mettre le doigt sur le pourquoi du comment. Je pense que ça vient du fait d’avoir le casque sur les oreilles et d’être complètement dans le truc.

Je sors souvent d’une partie proprement rincé. Mais c’est probablement un ressenti personnel.

Quelques conseils :

De ma petite expérience de JDR en ligne, j’ai tiré quelques conseils et astuces, j’espère que ça vous aidera ! N’hésitez pas à partager les vôtres 🙂

Préparez vous

Quand vous allez organiser une partie, pensez, en amont de la partie, à bien tout préparer. Allez sur Roll20 (ou autre plate forme) créez la partie, installez les documents, le système, la musique, les bots etc. Soyez prêt-e-s pour le jour J.

Ayez tout sous la main

En physique et en numérique, ayez vos bouquins a portée, ça sera toujours utilise. Si vous pouvez jouer avec deux écrans c’est encore mieux comme ça vous aurez la partie, le tchat et vos documents sous les yeux confortablement.

Ne faites pas trop durer

J’ai déjà parlé plusieurs fois de la durée des parties, il faut être encore plus attentif en JDR en ligne où l’énergie peut vite s’épuiser. Calibrez bien vos scénarios et n’hésitez pas à stopper la partie pour la reprendre plus tard.

Dialoguez

Contrairement à la partie en présentiel où l’on peut être attentif aux indices non-verbaux sur l’état de fatigue du groupe, en ligne c’est quasiment impossible. Pour ça, le mieux c’est d’être bien clair avec tout le monde sur :

  • Combien de temps dure la partie
  • Est-ce qu’on arrête là et on reprend plus tard ?
  • Comment vous vous sentez ?

Cela semble idiot mais c’est important, vos joueurs et joueuses ont besoin de s’exprimer sur la partie elle-même pour que ça aille au mieux 🙂

Le JDR en ligne : conclusion

Bien que réticent au début, force est de constater qu’en vrai ça marche bien. J’ai fait plus de parties en distanciel cette année que l’année dernière en vrai, largement.

Une fois les quelques écueils techniques résolus et qu’on a bien pris en compte la spécificité des parties en ligne, c’est très chouette de retrouver les camarades et de passer du temps ensemble, surtout en ce moment.

Bref, foncez 🙂

Guillaume COEYMANS

Boîte de base L’appel de Cthulhu V-Edge: lecture et avis

Après avoir récemment vu la boite d’initiation des Chroniques Oubliées Cthulhu, j’ai mis la main sur celle de l’Appel de Cthulhu éditée désormais chez Edge après le feuilleton Sans Détour, alors qu’est ce que ça donne ? Dans un premier temps je présenterai et critiquerai le produit en tant que tel, et je ferais un petit comparatif en fin d’article concernant les différences avec les productions de « feu » Sans Détour (vu qu’ils ne donnent plus de nouvelles…)

Avant tout n‘hésitez pas si l’envie vous en dit de passer sur notre Utip ou vous pouvez soutenir le site en nous faisant un don ou en regardant quelques publicités ! Ça nous aide beaucoup 🙂 Merci !

Utip Homo Ludis

Présentation de la boite :

Ce kit d’initiation de l’Appel de Cthulhu est proposé à environ 35€ est assez épaisse et faite d’un carton un peu souple.

Première surprise la boite est assez légère, elle présente une belle illustration sur l’avant, même si je ne suis pas fan de la DA de cette nouvelle édition, force est de constater qu’elle est quand même assez cool .

Par contre la boite me semble bien légère vis-à-vis de son épaisseur, cette impression s’avèrera bien réelle car en réalité la boite est composée en grande partie de vide !

J’ai vraiment été surpris, à l’intérieur il n’y a que des fascicules souples, quelques feuilles de personnage, des indices imprimés, quelques dés et c’est tout ! Le volume de la boite tiens à un gros bout de carton qui lui donne de l’épaisseur. Effet anti-climax garanti, c’est dommage …

boite de base appel de cthulhu

Le tout est, à mon goût, un peu austère mais semble faire le taf, on aurait quand même voulu un peu plus, notamment les fiches des pré-tirés qui auraient mérité d’être en papier glacé plus épais…

D’ailleurs ces pré-tirés sont choisis avec goût, on notera la majorité de PJ féminins et d’origines variées, ce qui n’est pas courant mais agréable ! Par contre… « Nevada Jones » sérieusement ? Tout dans la boite tend a présenter un jeu plutôt sérieux et ce clin d’œil forcé est bien dommage …

Mais à l’intérieur ça donne quoi ?

Une introduction à l’Appel de Cthulhu excellente

En revanche, quand on met le nez dans les magazines (désolé je peux pas appeler ça « livres » c’est trop souple et court pour ça) ça commence a sentir bien meilleur !

Déjà, le premier fascicule prend le pari de faire commencer l’initiation par une histoire dont vous êtes le héros est vraiment une excellente idée, à se demander pourquoi tout le monde ne l’a pas fait comme ça !

En se mettant à la place d’un néophyte, on fait vraiment le tour des concepts principaux, de l’ambiance et des mécaniques. Avec mon expérience cependant, je m’en suis tiré sans trop de soucis et sans me battre ni devenir fou.

J’ai été surpris de voir à quel point cette introduction fonctionnait parfaitement, j’adore !

Ensuite le second livre contenant les règles est un autre exemple de bon travail. Les règles sont clairement expliquées, avec des conseils et des mises en situation nombreuses. On sent clairement qu’on pourrai en avoir plus, mais n’oublions pas qu’il s’agit ici d’un ouvrage d’initiation.

Une profondeur progressive

Après la lecture de ces deux premiers livrets, on attaque celui dédié aux scénarios proprement dits.

Construits comme une progression dans l’apprentissage du meujeutage, on commence avec des petites roulettes et sur du gazon bien tendre grâce à une aventure pour 1 ou deux joueur-se-s et 1 mj.

Truffée de conseils et de guides, cette petite aventure est très plaisante et propose une approche du Mythe de Cthulhu pas si fréquente et bien sympathique.

Ensuite on enlève les roulettes mais on reste sur le gazon pour le second scénario. Plus classique, il en reste pas moins assez rectiligne mais permet de se mettre en confiance. Même si l’entité est un peu particulière dans son genre, ce scénario ne brille pas par son originalité, mais il permet de s’assurer de ses acquis avant voler de ses propres ailes.

Appel de Cthulhu jazz macchabée

Enfin c’est parti ! On roule sans protection, sans aide ou presque dans le grand bain avec le dernier scénario le « Jazz du Macchabée » et j’ai beaucoup aimé. C’est une enquête très intéressante avec des prémices vraiment chouettes et une ambiance top je trouve. Cependant il peut être un poil hardu pour un MJ et des joueurs débutants, mais pas inaccessible loin de là.

En tout cas ces trois aventures sont vraiment un excellent moyen de se mettre à l’Appel de Cthulhu en douceur et avec progressivité. On est vraiment sur du top moumoute initiatif. Du tout bon !

L’aspect visuel :

Je n’en ai pas trop parlé jusque là parce que ça m’a moins sauté aux yeux que dans d’autres jeux. Mais l’aspect visuel est vraiment agréable mais sans être transcendant, c’est presque un peu ordinaire parfois.

La maquette est très lisible et bien fichue bien que les PNJ et monstres soient relégués en fin de scénario et non pas présentés au fil de l’eau. Les aides de jeux sont globalement jolies. J’en parlerai plus en profondeur après, mais je n’ai pu m’empêcher de penser à la V6 de l’Appel de Cthulhu, du moins pour les couvertures des livrets (la maquette interne n’a rien a voir en revanche)

Appel de Cthulhu livrets

Je ne veux pas paraître sévère car on sent ici une orientation claire, l’accent a été mis sur le contenu qui est très qualitatif et moins dans le tape-à-l’œil et l’effet « waouh ».

Un système toujours bien huilé 

Je vais être assez bref sur cet aspect, le BRP fonctionne toujours aussi bien à mon sens. Simple, souple et efficace c’est toujours un plaisir, j’aime beaucoup ce système.

On est ici dans une version simplifiée cependant, je ne peux donc pas aller en profondeur sur ce qui change par rapport aux éditions précédentes. Mais comparé à ce que nous avait proposé la V7 de chez SD, les évolutions semblent mineures à voir quand on aura le système complet !

Pourtant j’ai trouvé certains aspects mieux expliqués dans cette boite (sur la gestion des folies passagères et temporaires notamment) que dans les productions précédentes !

On ne pouvait pas passer à coté : le comparatif :

Cette nouvelle mouture Made In Edge est très proche de ce que nous avait proposé Sans Détour précédemment. Les comparer est donc inévitable ! D’autant que si vous m’avez déjà parlé en vrai vous savez que j’étais un grand fan de ce que proposait Sans Détour.

Cependant ! SD n’a jamais proposé de boite d’initiation, donc je ne peux pas directement comparer les produits, mais suffisamment d’éléments ont étés dévoilés pour pouvoir en parler un peu !

Niveau maquettage et graphisme, SD était un gros cran au dessus, même si la direction artistique de la V7 avait beau être magnifique, j’étais mois fan. Cette DA et notamment ses excellentes illustrations furent possible grâce à un crowdfunding monstre permettant beaucoup de folies visuelles.

Chez Edge, on est dans une démarche différente, le jeu est une traduction, donc la DA semble être la même que la version espagnole, elle même décalque de la version originale (si mes infos sont bonnes, n’hésitez pas à me corriger 🙂 ) .

Pourtant, avec ce qu’on a pour le moment (je mettrais sûrement à jour tout ça quand on aura les livres) je trouve quand même que la fluidité va plutôt du coté de Edge que j’ai trouvé très agréable a lire, très aéré et très compréhensible, là ou SD pouvait parfois virer au pavés textuels.

Au final que vaut cette boite de l’appel de Cthulhu ? :

On a, je trouve, un bon produit mais avec un choix fort, a mon sens, qui est de privilégier le fond à la forme.

On a donc une boite décevante (deux tiers vides, livrets souples et feuilles de perso fragiles) mais au contenu vraiment excellent. La conception des scénarios est excellente, de l’histoire dont vous êtes le héros jusqu’au scénario complexe, c’est du très bon. Mais remettons les choses en perspective, la boite est proposée à un prix plutôt attractif, on peut donc être indulgent à ce sujet.

Pour la suite, Edge prépare déjà du très lourd. Au delà des livres de base (gardien et investigateur), vont s’ajouter deux recueils de scénarios et une extension sur Berlin.

 

J’aime J’aime moins
L’introduction façon histoire dont vous êtes le héros La boite en elle même, souple, au 2/3 vide…
Les scénarios, notamment le Jazz du Macchabée Les illustrations pas toujours très inspirées ni originales
L’ambiance et le ton général … « Nevada Jones »…
La progressivité de l’initiation  

Tout ça me rend enthousiaste ! Si ce n’est la DA que je trouve vraiment discutable, notamment le supplément « Aux portes des ténèbres » dont l’illustration de couverture aurait été parfaite pour un D&D il y a 20 ans, qui pour un Appel de Cthulhu de nos jours est a coté de la plaque (mais ça ne présage pas du contenu). Je pense vraiment que Edge va pouvoir assurer pour garder la flamme de ce monstre sacré du JDR.

 

J’espère que cette lecture vous aura plu ! N’hésitez pas à donner votre avis en commentaire ou d’apporter vos compléments !

0 Partages

 

Et faites un saut sur notre Utip ! C’est important pour nous soutenir et nous aider 🙂

Utip Homo LudisGuillaume COEYMANS

Chroniques oubliés Cthulhu : Lecture et avis

Pour mon anniversaire confiné on m’a offert cette boite d’initiation des Chroniques Oubliées Cthulhu, bien connue maintenant,  c’est pas vraiment une perle rare que je vous ai dégottée mais un produit bien mainstream. Mais alors qu’est ce que ça vaut ? Et bien je vous raconte mon avis après lecture !

Déballage et présentation :

Chroniques oubliées Cthulhu
Oooh la jolie boite

Une chose est sûre quand on voit la boite et qu’on la parcoure un peu, l’effet « waouh » est là, c’est attirant, c’est beau, coloré et pétant.

A l’intérieur on a :

  • 4 Livrets de règles et d’aventures
  • 1 écran de jeu en quatre volets
  • 54 Pions cartonnés représentant les héros et leurs adversaires
  • 1 Bloc de feuilles de personnages vierges
  • 1 Set complet de six dés
  • 8 Feuilles de personnages prétirés et aides de jeu
  • 1 Surface de jeu effaçable à sec
  • 18 cartes de voie pour les personnages

Je vais pas trop détailler le contenu, déjà parce que tout le monde l’a déjà fait un peu partout et parce que c’est du classique. Par contre ça pète, c’est vraiment beau, les illustrations sont de très belle facture, la maquette est excellente et très claire, les textes limpides. Franchement, chapeau.

Je suis juste réservé sur l’utilité de l’espèce de battlemat qui ne représente qu’une seule maison sur un très grand plan très lourd. Pas sûr que ça soit le meilleur choix. Peut être un battlemat plus fin (à l’image de celui de la boite d’initiation de Pathfinder dans le temps) et peut être ajouter des feutres ou des crayons aux couleurs du grand poulpe aurait été plus intéressant ?

Mention spéciale au livret « bestiaire » vraiment magnifique 🙂

unboxing Chroniques oubliées
Tout le contenu

Chroniques oubliées : Du poulpe et du Pulp

Une chose à avoir en tête quand vous lirez ces lignes et les critiques que je vais formuler : je ne suis pas la cible principale de ce produit. J’ai même commencé à avoir mon coté « rôliste grincheux » mais dans cette boîte il y a vraiment des choses intéressantes !

Ce qui m’a frappé dans ce produit, c’est l’approche très « pulp » du mythe, même si des conseils sont disséminés pour rappeler que le jeu est dangereux, le mythe redoutable, etc…

Pourtant on présente des personnages hauts en couleurs, capables d’actions d’envergure et de lancer des sorts à tout va. Cette impression est renforcée pour moi par le système que je trouve globalement permissif. Les ennemis ne me semblent pas très costauds et les héros plutôt forts. D’autant plus qu’avec le système de progression, les PJ deviennent vraiment des surhommes, à mon sens.

Mais force est de constater que ça marche ! La lecture est agréable, didactique et la progression est bien sentie. Je trouve les conseils vraiment pertinents, prennent par la main, mais laissent de plus le MJ débutant prendre les rênes. C’est tout ce qu’on demande à une boite d’initiation des Chroniques Oubliées !

Et les scénarios dans tout ça ?

Dans la boîte il y a deux livrets dédiés à des aventures. Le premier est un court one shot d’introduction, écrit par le fameux koneprézentplu Maxime Chattam, le second une campagne en 4 parties pour débutants.

Autant j’ai beaucoup aimé le one-shot, présenté sur la structure de la « maison hantée », simple, basique (ils n’ont pas les bases) et très efficace. On peut discuter du fait que ça ne soit pas hyper original mais n’oublions pas que c’est une aventure de découverte et en cela ça fonctionne !

Je suis un poil plus réservé sur l’aventure, qui fonctionne bien, notamment dans la façon de « forcer » les PJs qui ne se connaissent pas à jouer ensemble. En revanche le fil général me semble assez mal articulé, et le tout me laisse un petit goût d’inachevé.

Mais si je me mets du point de vue de néophyte, ça fonctionne très bien, la difficulté est bien dosée tout comme l’équilibrage entre toboggan et bac à sable. Et en réalité pour moi qui ne connaît que de très loin le système des chroniques Oubliées ça permet de se mettre dans le bain en douceur avant d’aller voir plus loin dans d’autres ouvrages plus tard 😉

Conclusion :

Je dois dire que j’aime bien cette boîte, c’est d’abord un très bel objet avec énormément d’idées qui fonctionnent très bien.

Ce n’est bien entendu pas un produit qui m’est destiné mais j’ai pris du plaisir à le lire et à le parcourir.

Bien entendu j’ai des réserves, notamment sur le contenu même de la boite comme je l’ai indiqué au début, le reste fait complètement le café . Si ce type de boîte existait quand j’ai commencé à me mettre sérieusement au JDR j’aurai été vraiment comblé par ça, tout y est pour commencer au mieux !

Cela m’a donné envie de jeter un oeil au « vrai » bouquin « Chroniques oubliées contemporain » pour voir plus en profondeur. Mais j’ai aussi hâte de mettre la main sur la boite d’initiation de l’Appel de Cthulhu qui offrira un autre point de vue !

Si cela vous intéresse vous pouvez retrouver les Chroniques Oubliées ici

Au final

J’aimeJ’aime moins
La qualité graphique et le DA (illustrations, maquettes, design, …)Le battlemat lourd et à l’utilité discutable
La première aventure La campagne un peu décousue
L’effet « waouh » globalL’aspect trop « pulp »
Idéal pour débuter J’en veux plus !

Guillaume COEYMANS

Par où commencer le JDR ?

La rentrée suit son cours et pour certains, l’heure est venue de se dire qu’on commencerait bien à faire du JDR alors qu’on ne connaît pas le milieu. Je vais vous parler ici de mon expérience non pas en tant que néophyte mais en tant que celui à qui on vient demander par où commencer 😉

Notons que je ne parle ici que de conseils généraux, pour un aspect plus pratique, voir CET ARTICLE du Thiase qui est très bien fait 🙂

Avant-propos :

Petit préambule dédié plutôt aux rôlistes déjà pratiquants, si vous cherchez mes conseils pour débuter, passez directement à la section suivante 😉

Le jeu de rôle n’est plus à défendre, je pense qu’il faut bien intégrer cela. Il est à promouvoir. Et encore, grâce au nombre d’ « influenceurs » qui parlent de leur passion ou leur pratique du JDR, le nombre de débutants augmente et c’est une bonne chose !

Du coup je suis souvent dans la position du « pote qui fait du JDR » vers qui tout le monde renvoie les gens qui veulent démarrer. C’est de cette expérience que je vous livre donc ces conseils.

Si vous faites partie des vieux d’la vieille qui trouvent qu’il y a trop de débutants que cétémieuavant, baaaah ne lisez pas l’article x) mais partagez le en mode rageux, ça me fera des vues 😉

Ce « pote qui … »

C’est le cas le plus fréquent auquel je suis personnellement confronté.
Si vous vous intéressez depuis peu au JDR et que vous n’avez pas encore franchi le pas, il est plus que possible qu’autour de vous vous ayez un « Pote qui … ». C’est à dire quelqu’un dont vous avez vu la collection de bouquins un peu chelous chez lui, ses dés bizarres ou que vous l’ayez entendu dire « Ouais je fais du JDR un peu genre Donjons et dragons quoi… ».

Le JDR est une petite vilel que l'on bâtit

En tout cas vous lui avez un jour demandé : « Dis tu fais du JDR non ? Tu voudrais pas me/nous faire une partie ? ». C’est une démarche saine car elle vous permet d’éviter l’écueil de « je vais m’enfermer 4h minimum avec une tripotée d’inconnus faire quelque chose que je suis même pas sûr d’aimer ».

Personnellement, j’ai désormais quelques scénarios que je maîtrise bien notamment en terme de timing (alors oui ce sont plutôt des toboggans mais ça marche bien en initiation). Donc je peux assez facilement mettre ce genre de séances en place.

Pourtant il y a un problème majeur avec cette techniques : l’organisation.

Nous avons tous des vies complètes et bien remplies, du coup synchroniser 4 à 6 personnes dans un même lieu à une date coordonnée pour une après midi ou plus peut s’avérer compliqué, voire désespérant. Déjà que pour les tables « régulières » c’est dur, alors les tables d’inconnus …

Mais si ça fonctionne, c’est top. Parce que c’est convivial, la prise de risques est minime et au pire, bah on boit une bière entre potes.

La solution de la partie en ligne existe, mais pour un premier contact avec le JDR, je déconseille sincèrement.

Apparté : « venir voir »

Alors j’ai parfois ça : « Nan mais je veux pas jouer tout de suite je peux juste venir voir une partie d’abord ? » Alors non, non et re-non. Désolé ! Ne faites pas ça, j’ai écrit tout un article sur le sujet : Peut on être public de JDR ?

Tout y est dit 😉

Donc n’hésitez pas à vous signaler auprès de vos amis rolistes, ils vous proposerons sûrement un coup de main ! Je conseillerais juste de faire attention à l’équilibre du groupe entre vieux briscards et tout nouveaux, cela peut créer des dynamiques pas optimales.

Les conventions :

Il y a longtemps, j’ai écrit un article sur les conventions, je maintiens ce que j’y ai dit et vous encourage à le lire.

Le principal problème que vous allez rencontrer si vous cherchez une convention pour débuter dans votre secteur, c’est justement de les trouver.

La plupart des associations étant dotées de moyens modestes, leur communication est forcément limitée, découvrir leur existence est donc parfois assez difficile.

Une convention JDR ordinaire
Une convetion JDR tout ce qu’il y a de plus normal

Si vous avez un ou une « pote qui », peut être peut il-elle vous transmettre des infos. Mais le problème se pose quand vous ne connaissez personne sur place.

Mon « protip » dans cette situation : faites un tour dans la boutique de jeux du coin. Il y a en probablement une, même dans les villes modestes il est possible d’en trouver. Si il n’y en a pas, le cultura ou autre boutique de biens culturels peut faire l’affaire.

Là, vous trouverez sûrement des flyers ou des affiches des assos locales qui vous aiguilleront au mieux. Il arrive même parfois que les boutiques organisent des sessions de JDR mais c’est assez rare, elles préfèrent en général le J2S qui ramène plus de monde et qui est plus raisonnable en termes de durée 😉

Les assos :

Les associations ludiques sont le poumon de la vie rôliste, c’est grâce à elles que le JDR vit, j’en suis convaincu. Si vous avez réussi à identifier une asso près de chez vous (comme vu plus haut), n’hésitez pas à vous y présenter !

La plupart proposent des tables ouvertes régulièrement ou des soirées d’initiation pour savoir par où commencer.

Comme beaucoup d’assos, la rentrée est une période de recrutement privilégiée pour intégrer de nouvelles tables. Mais n’hésitez pas cependant à vous y rendre toute l’année.

Le mieux reste d’abord quand même de leur envoyer un message (sur leur FB, leur forum ou autre) pour se renseigner d’abord car si vous arrivez à une soirée où toutes les tables sont fermées (n’accueillant aucun PJ supplémentaire), eh bien vous risquez de voir votre soirée tourner court et ça serait bien dommage !

« M’sieur/M’dame pour commencer le JDR j’achète quoi ? »

Ce fut un peu mon cas, du moins quand j’ai décidé de faire un JDR « sérieusement ». En gros je suis allé en boutique et j’ai fait du shopping.

Dans ce cas, deux options s’ouvrent à vous :

Gloire au camarade vendeur !

Si vous vous approchez d’un vendeur ou d’une vendeuse pour lui demander conseil, c’est une démarche saine, qui en gros s’approche de celle de demander à un pote.

L’avantage, c’est que le JDR étant lié au prix du livre, les boutiques font très peu de marge dessus, aussi le vendeur va vraiment vous conseiller, pas seulement chercher à faire du chiffre 😉 (je charrie un peu)

Du coup pour le remercier, prenez des goodies ou un T-shirt Game Of Thrones, avec ça, ils font des sous !

Maître de mon destin, capitaine de mon âme !

Si votre approche est de tout faire vous-même parce que vous savez exactement tout… Bah, désolé que vous ayez lu l’article jusqu’ici, il ne vous est pas utile 😉

Plus sérieusement, le JDR est un monde assez touffu et s’y présenter sans vraiment savoir où l’on met les pieds et sans se faire conseiller est un peu risqué, mais après tout pourquoi pas !

C’étaient donc mes conseils pour démarrer le JDR ! Ou du moins pour savoir par quel bout le prendre !

J’espère que ça vous a plu, et n’hésitez pas à partager cet article autour de vous afin d’orienter au mieux tout les petit-e-s nouveaux-elles rôlistes !

Enfin mettez en commentaire vos idées pour aiguiller les nouveaux ou juste raconter comment vous, vous avez rencontré le JDR !

Guillaume COEYMANS

Toboggan et Bac à sable

Aujourd’hui, comme c’est les vacances, je vous propose de parler de ces deux attractions 😀 Non en vrai on va parler de deux façons de voir le JDR et les jeux narratifs en général !

Préambule :

Avant de commencer, je voudrai clarifier quelque chose dès le départ.

Comme souvent, il ne s’agit pas ici de deux pôles absolus, uniques et binaires mais plutôt d’un curseur que l’on place entre ces deux extrêmes. Comme aucun jeu n’est 100% narrativiste, ludiste ou gamiste, aucun jeu n’est 100% toboggan ou bac à sable.

Il faut voir ces différences comme une forme de carte de positionnement 3D avec en X, en Y et en Z ces différents axes.

Au cours de la même partie on peut très bien osciller de l’un à l’autre en fonction du contexte.

Enfin bien sûr : la haine primaire d’un pôle ou d’un autre n’a aucun intérêt…

Toboggans, on embarque !

Un JDR toboggan est un jeu où l’on fonce dans une aventure assez linéaire dont on ne peut pas (ou alors assez peu) s’écarter. C’est un peu le principe du train fantôme. On embarque et c’est parti.

Le MJ dans ce genre de parties est seul maître à bord et opère un contrôle assez fort sur les évènements. Il ou elle veut que vous fassiez quelque chose, il vous amène d’un point A à un point B.

Un bon toboggan est mené par un MJ solide qui a préparé ses effets, ses rencontres et chaque possibilité avec soin et précision. Généralement, il ou elle a tout préparé à froid (musiques, illustrations, dialogues) avec minutie, a bêta-testé son scénario, l’a revu et corrigé.

Toboggan de JDR !
Alors oui y’a des sensations fortes, des revirements, de la vitesse, mais pas de déviation 😉

Il a aussi été borné temporellement et scénaristiquement. Le scénario commence ici et finit là, pour une durée prédéfinie. Il a une fin définitive après laquelle rien n’est prévu.

Ainsi, un tel scénario vous fera vivre (normalement) une belle histoire maîtrisée et intense. Vous y serez, en tant que joueurs, moins sollicités, mais vous avez pour vous de vivre à fond la proposition qui vous est faite.

Avantages et Inconvénients :

Avantages :

  • Une histoire forte et maîtrisée
  • Une cohérence à toute épreuve
  • Une ambiance assurée

Inconvénients :

  • Un côté « couloir » , de manque de liberté
  • Le risque d’avoir un MJ insuffisamment préparé ou au contraire démiurgique et tyrannique
  • Une implication moins forte si on ne rentre pas dans le délire

Tu viens jouer dans le bac à sable ?

Tiens d’ailleurs vous pouvez aller voir un article connexe sur les mondes ouverts 😉

Vous êtes probablement bien plus familier avec le principe des bacs à sable qu’avec les toboggans. L’idée du bac à sable est relativement transparente : le maître du jeu vous propose un bac à sable, un espace ouvert (plus ou moins délimité) dans lequel vous êtes libres de vous déplacer, de construire et de créer.

Il faut un peu de travail en amont de la part du MJ pour préparer le setting et maîtriser le système de jeu. Puis une fois la partie lancée, le MJ n’a pas grand chose à préparer et à faire.

Il est désormais dans le pur rôle d’interface entre le monde et les joueurs. Cela demande de la part des joueurs un talent de proactivité certain, qui doit être explicité au début de la partie. Le MJ est aussi animateur, dans le sens où il doit stimuler les joueurs si ceux-ci perdent un peu d’énergie ou ne rentrent pas rapidement dans le jeu.

L’immersion passe ici par la capacité des joueurs à sentir l’univers et à celle du MJ à le rendre tangible, à la capacité qu’ils ont de faire quelque chose qui influe sur l’univers de façon réelle.

Ce type de jeux repose aussi sur une certaine part d’improvisation. Les histoires, d’un point de vue purement narratif, peuvent être un peu plus fragiles. Forcément, le scénario, l’histoire ou le donjon sont parfois inventés à la volée à l’aide de tables aléatoires et de discussion avec le groupe.

Alors oui c’est pas hyper joli ni hyper fignolé, mais c’est MON château et on va y vivre une belle aventure inventée 😀

De fait, un bac à sable n’a pas de durée, pas de bornes (ou alors elles sont très très larges) autres que l’imagination et les objectifs que se fixe le groupe.

La puissance des parties et de l’histoire vient donc de l’implication des joueurs et de leur capacité à se projeter.

Avantages et inconvénients

Avantages :

  • Un grand sentiment de liberté pour le groupe
  • Une souplesse à toute épreuve
  • La sensation d’avoir une prise sur le monde

Inconvénients :

  • Des « scénarios » plus fragiles narrativement
  • Certains groupes peuvent ne pas être proactifs
  • Demande une certaine préparation en amont pouvant être rébarbative

Conclusion :

Il y a beaucoup à dire encore sur ces deux systèmes que je vous propose ici succinctement. N’hésitez pas du coup à me dire en commentaire ce que vous, vous pensez de cette approche.

J’espère aussi que cet article vous aura plu ! Partagez le sans modération 🙂 C’est aussi ça qui fait vivre le blog 😉

Guillaume COEYMANS

Le contrat de table : une révolution ?

Article qui me traîne en tête depuis longtemps, mais comme vous l’avez vu, on est peu actifs ces temps-ci par manque de temps principalement. Mais nous revoilà ! Avec peut être ce qui peut clouer le bec à tous et toutes, en toute modestie bien entendu.

Un concept simple :

Comme son nom l’indique, le contrat de table est un accord que vous mettez en place entre les gens qui participent à votre table de jeu.

Cet accord vise simplement à expliciter le style de jeu et les conditions dans lesquelles vous souhaitez que la partie se déroule. Cela avant même le début de la partie.

Ainsi chacun et chacune sait où l’on va, et l’on est sûr d’avoir un groupe en phase avec l’ambiance et le style de la partie.

A quoi ça sert ?

Avoir un contrat de table explicite s’inscrit dans la mouvance actuelle qui remet le joueur au centre du loisir. A l’instar des PBTA, des jeux à fonction de MJ diluée, sans dés, etc., le MJ n’est plus forcément le seul maître à bord (après Gary) : la responsabilité est partagée entre les participants et participantes.

Avec un contrat de table, vous ne prenez pas vos joueurs et joueuses par surprise.

L’idée bien sûr n’est pas de « spoiler » votre scénario mais simplement de parler de votre vision de la partie à venir.

Ainsi vous serez à même d’attirer ceux qui sont intéressés par vos thématiques et celles et ceux qui ne sont pas du tout « dedans » passeront leur chemin. Idéal pour avoir un bon groupe.

Tous d'accord pour le contrat
La vie est simple comme des gens d’accord

Là où ça peut être très utile, par exemple, c’est lors d’une convention. On a souvent le descriptif d’une partie, avec le nom du jeu et un synopsis. C’est chouette mais souvent peu suffisant. Car vous le savez, avec le JDR on peut tout faire. Du coup quand on vous dit :

« Tridents et Wyrms, MJ : Jean-Miche, Synopsis : Vous êtes des aventuriers qui vont à la recherche d’un trésor perdu. »

Bon, pourquoi pas, mais en vrai on ne sait rien de la partie qui va se dérouler. C’est là qu’intervient le contrat de table. Rajoutez à cette description simplement : « Aventure, simulation, combats violents. Attention : on joue by the book »

On a déjà une meilleure vision de ce qui nous attend. On peut même aller plus loin en ajoutant « Univers medfan classique, possibilité de violences psychologiques fortes ».

Là on est bien. Si cela vous est égal, vous pouvez aller jouer sans inquiétude. Si vous êtes sensible à l’une des thématiques (perso du medfan By the Book, je fuis), vous passez votre chemin. Enfin si vous n’êtes pas encore décidé, vous pouvez toujours aller en parler avec le MJ.

Notons qu’ici il n’y a pas de spoiler !

C’est donc ça qui est pratique avec un contrat « écrit », c’est un filtre pour vous permettre de constituer une équipe qui sait où elle va.

Un outil flexible :

Une multitude d’usages

Juste avant, je vous ai montré un exemple de contrat de table. Mais vous pouvez faire bien plus simple ! Une fois vos camarades attablés il vous suffit de dire « Alors on va parler de ça et ça, les règles je m’en sers un peu mais je privilégie l’histoire à l’application stricte. A priori il n’y a pas de sujets graves, mais si quelque chose vous gêne, dites le » et hop on sait où on va.

Vous pouvez imaginer toutes sortes de mise en place pour expliciter ce que vous voulez faire. J’ai souvenir par exemple d’un MJ qui nous a proposé une partie avec le livre de scénario ouvert devant lui, sans écran et qui nous a dit directement ce qu’on allait faire, dans le détail.

Il nous a laissé le choix du scénario, nous indiquant que l’un d’eux pouvait être assez choquant car il s’inspirait du film « Délivrance ». Après discussion, nous avons décidé de faire celui-là en étant tous d’accord dessus.

On pourrait hurler au spoiler, au sensibilisme et à la fragilité (je vois pas trop pourquoi mais bon…). Pourtant ça a été une des meilleures parties de JDR que j’ai jamais faite. Le contrat était clair, on était tous d’accord et du coup ça a matché parfaitement !

C’est de la communication humaine basique, somme toute ! Quand vous êtes MJ vous avez une idée précise de ce que vous voulez. Pensez juste à la partager, tout le monde n’est pas dans votre tête ou ne vous connaît pas très bien 😉

C’est un outil qui peut être moins « intimidant » que la X-card et qui ne repose sur aucun « matériel » mais simplement sur la confiance et la transparence.

Si vous voulez surprendre vos joueurs, dites leur. Cela paraît paradoxal mais si vous annoncez « JDR surprise ! », seuls ceux qui sont prêts à se faire surprendre viendront. Encore une fois, c’est le meilleur moyen d’avoir une belle table !

Un outil pour aller plus loin :

Grâce à un contrat clair, on peut en réalité faire beaucoup plus de choses que sans. Pourquoi ? Parce qu’on s’enlève la pression de « plaire à tout le monde ». Vous avez envie d’une table où vous jouez des blobs cotonneux qui parlent yiddish ? Vous pouvez ! Vous êtes sûr-e que les PJ qui viendront à votre table sauront à quoi s’attendre.

Bien entendu, et c’est là que c’est important, il en va de même pour les tables mettant en scène de la violence brute, des sévices psychologiques ou des settings dérangeants. En étant clair sur ce que vous proposez vous réduisez drastiquement le risque de joueurs ou joueuses qui quittent la table, qui vivent mal la partie ou qui juste ne passent pas un bon moment.

Ainsi, vous et vos joueurs seront aptes à se débrider et aller vraiment très loin dans l’horreur, la violence ou autre car ils savent qu’ils auront l’aval du groupe qui est d’accord pour aller dans ce sens.

Enfin, vous pouvez aussi partir dans des concepts beaucoup plus perchés et philosophiques. Par exemple, ne lancez pas une partie de Sens : Hexalogie sans avertir un minimum votre groupe des thématiques et du style de jeu. Sinon le risque de vous retrouver avec un groupe qui pensait faire un Tales Of Equestria-like peut venir vous gâcher la partie.

Conclusion :

Le contrat de table n’est donc pas une révolution, c’est juste la formalisation de quelque chose que beaucoup d’entre vous pratiquez déjà ! Par contre sa généralisation est une bonne chose et cela permet de clouer le bec à « moi je fais pas comme ça ». Bah ouais, chaque table a son contrat, si celui-ci est explicite et accepté, y’a rien à dire 🙂

Pour finir le « take home message », ce que vous devez retenir c’est : en tant que MJ pensez à partager votre vision et en tant que joueur, essayez d’en savoir plus que le simple synopsis ! Vous irez sûrement dans des parties que vous ne seriez pas allé voir spontanément !

Et inversement vous éviterez toute mauvaise surprise. C’est gagnant gagnant !

 

Guillaume COEYMANS

 

Critique: Degenesis, le meilleur du pire

Trigger warning : cet article est écrit à chaud peu après le visionnage d’un Q&A des créateurs du jeu début avril 2019.


Les développeurs : «  On gagne pas d’argent avec Degenesis, on a tout essayé mais on perd de l’argent et ça va être difficile de continuer la production des livres ».

En les entendant mon cœur se brise. Pour l’instant ils ont obtenus des contrats pour le traduire en espagnol et en italien mais pas de garanties que ça suffise. Le jeu est mourant.

J’exagère mais c’est toujours moche de voir un jeu dépérir, pour les joueurs et pour les créateurs mais là j’ai compris, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux.

Mais d’abord revenons au jeu en lui-même. Certain(es) d’entre vous connaissent peut être déjà Degenesis.

Peut-être même que parmi les lecteurs et lectrices, certains auront acheté le magnifique coffret blanc de 2 tomes débordant d’illustrations (en couleurs et pleine page s’il vous plait) et à la mise en page exemplaire.

Mais combien ont eu l’occasion d’y jouer ? C’est simple je ne connais personne.

Alors je me suis posé des questions, comment un jeu si complet, qui parle de tout le bassin méditerranéen, si riche de personnages, de cultures, etc peut se rater ?

Et j’ai eu la réponse en écoutant le Q&A du créateur :

Citation traduite à la volée du créateur du jeu «  Degenesis c’est vraiment un jeu dans lequel il faut s’investir, prendre le temps de comprendre les interactions politiques, économiques, biologiques qui régissent l’univers pour en profiter, après c’est vraiment génial mais il faut s’investir »

C’est vrai que c’est un jeu très riche, avec une quantité monstrueuse de détails mais c’est avant tout son jeu, sa création, son bébé, c’est lui qui a tout en tête, le jeu porte sa marque, c’est le fruit de sa vision. Il y a mis tout ce qu’il avait, tout ce qu’il pouvait.

Oui mais voilà quand je joue à quelque chose j’aime bien me l’approprier et rapidement si possible. Comme ça je peux tenter de convaincre d’autres joueurs de prendre une soirée régulièrement pour y jouer avec moi.

Certains jeux sont complexes mais il est facile de monter/lancer une partie, soit parce que les règles sont simples, soit parce que l’univers est déjà connu / générique soit parce qu’il y a des portes d’entrées (scénarios, quick start guide) bien définies.

Pas Degenesis.

Les règles sont classiques mais rafraichies, carac + comp, les rolistes ne devraient pas être trop perturbés. Je les ai par contre trouvées imprécises et incompatibles avec les scénarios proposés. J’y reviendrai.

L’univers ensuite:  : il foisonne d’éléments géniaux et c’est un plaisir de le lire, d’autant qu’il y a un coté enquête avec des indices cachés dans le livre. Le problème c’est que je ne peux pas demander à 4 personne de lire les 300 pages. 

A l’heure actuelle il n’y a pas de réel point névralgique au jeu, pas de bac à sable bien défini dans lequel promener ses joueurs. Il faut donc que le MJ forge son coin d’univers à partir des livres de base en refaisant des cartes des PNJs etc. 

Enfin les portes d’entrée et c’est là où ça coince

Toujours dans le même Q&A les développeurs ont sorti ça  » On ne fera pas de scénario d’introduction parce qu’on prendra les joueurs par la main et on les emmène un peu plus loin et ensuite quoi il faut les reprendre par la main, ça aurait pas de fin »

Avant de s’agacer, regardons déjà ce qu’ils proposent

Au-delà du scénario d’introduction dans le livre de règles de base, il y a trois livres de campagnes sortis à ce jour : « En Ton Sang », « Jeu de Massacre » et « Black Atlantic ».

En ton sang est une aventure dans un endroit reculé mais crucial, ça a l’air génial mais ça nécessite déjà de pas mal comprendre les enjeux. Ça à l’air génial, mais ce n’est pas une campagne d’intro.

Jeu de massacre et Black Atlantic (pas encore sorti) poussent les joueurs à se prendre confrontation après confrontation, mais les règles ne sont pas faites pour ça. Les personnages sont mortels, vulnérables. Je vois mal comment un personnage peut espérer survivre aux campagnes quand des scènes risquent de tuer l’ensemble du groupe.

Comment résoudre le problème et « sauver » Degenesis ?

Laisser la communauté développer plus de choses :

Ça c’est déjà fait, des fans qui participaient beaucoup sur les forums se sont vu confiés la rédaction/ compilation de Artefacts, un livre à venir qui vise à compiler tout le matériel créé par les fans et à en rajouter.

Quelqu’un de cynique y verrait une tentative de garder le contrôle sur tout ce qui sort mais ce n’est pas mon genre. Disons que c’est une belle reconnaissance du travail de la communauté.

changer Le niveau de puissance:

Faites en des héros, arrêtez de jouer des survivants perdus, faites en des champions, des élus, des spécialistes décongelés avec des compétences transhumaines. Ou alors faites  en des hybrides avec les monstres laissez les PJs manger le cœur des psychonautes, devenir fous mais devenir forts, laissez les avoir de l’impact autrement qu’en leur donnant des responsabilités que les règles ne permettent pas de gérer.

changer les règles:

Vous pouvez tester le renforcement positif en récompensant les joueurs, +1D pour du bon roleplay et +1D pour utiliser les connaissances sur l’univers, ça change la donne. Ça pousse les joueurs dans le bon sens, celui de s’impliquer.

Les combats sont (à mon avis) trop mortels pour un jeu qui propose des campagnes si longues. Vous pouvez par contre ajouter des règles de traumatismes voir laisser les joueurs décider quand leurs personnages meurent. Au lieu de trépasser, ils subissent de graves blessures qui laisseront des traces, auront un impact sur leur caractéristiques (pensez Jaime Lannister, épéiste manchot). Ainsi les personnages survivent à l’enfer pour en parler, et les joueurs décident de continuer ou non le parcours d’un héro brisé.

Les règles peuvent aussi déterminer le type de parties, voir de campagnes en les englobant dans un « méta-jeu ». Le jeu post-apocalyptique Mutant-Année zéro propose par exemple un système d’exploration de carte semi aléatoire en mode map-crawler. Le jeu Aventures du Monde Intérieur propose quand à lui un système de gestion de colonie en territoire hostile.

Changer le métaplot :

Rappelez-vous du monde de Faerun pour Donjons et dragons, un atlas gigantesque, précis, fourmillant de détails et d’accroches. Un équivalent pour Degenesis arrive (Justinien) mais des années après la publication.

En attendant, à ma connaissance, il n’y a pas de bac à sable jouable. C’est dommage.

Le soucis que j’ai aussi avec Degenesis, c’est que certains cultes sont incompatibles. Il faudra donc chercher des raisons plus ou moins artificielles pour expliquer pourquoi ces personnages travaillent ensemble.

Ajouter une structure au-delà des cultes ou au moins transversale, une excuse facile pour réunir les concepts des joueurs sans se demander ce qu’ils foutent ensemble. Eclipse phase et son Firewall fait ça très bien. En plus ça permet de connecter facilement les joueurs au Métaplot. C’est un peu artificiel, c’est vrai, mais c’est pratique.

PS : Controverse : les développeurs ont fait le choix de situer l’univers du jeu autour du bassin méditerranéen et de volontairement faire l’impasse sur les États-Unis comme terrain de jeu. Il n’y a pas un forum sur lequel les joueurs potentiels nord-américains demandent ce qui est arrivé aux États-Unis, la réponse du créateur se résume ainsi « on s’en fout c’est pas là que ça se passe ».

Honnêtement, j’adore cette réponse, le bassin méditerranéen est un monde qui se suffit à lui-même, mais d’un point de vue de business je trouve que c’est un poids qu’ils se sont traîne depuis le début, au détriment de l’ensemble des joueurs.

PPS : Pour un jeu qui met en position de force les puissances africaines, le matériel qui permet de jouer en Afrique est ridiculement faible.  Lancer un os au public américain, lui faire du pied, le draguer, c’est bas mais si ça permet aux développeurs de sortir un livre pour rendre le jeu jouable en Afrique, soyons clairs, ça vaudra le coup.

PPPS de Guillaume : Cet article me fait penser au jeu de Romaric Briand « Sens Hexalogie » qui m’intrigue pas mal, sauf que l’idée de devoir lire 6 bouquins et les heures de podcast pour saisir l’entièreté du monde me refroidissent un peu pour le moment ^^

Conclusion:

N’oubliez jamais cette règle de game design / écriture : « ce n’est pas parfait quand vous n’avez rien à ajouter mais quand vous n’avez rien à enlever ».

Maintenant on ne peut qu’espérer que les choses aillent dans le bon sens pour Degenesis, ses créateurs et ses fans. En espérant que ça serve de leçon pour les autres créateurs de jeux.

En attendant, on peut débattre de l’investissement raisonnable que peux demander un jeu.

Si vous me cherchez je serai en train de jouer à Fiasco (dont je vous parlerais surement bientôt)

P.M.

Lâchez-nous la grappe avec vos mondes ouverts SVP merci

Aujourd’hui ça balance ! On parle JV ou du moins création d’univers ludique, et …. Et bah on balance parce qu’à un moment voilà quoi, y’a des pratiques qui m’épuisent et notamment les mondes « ouverts ».

Open world = open flemme

Je vais pas vous faire l’affront de vous rappeler ce qu’on appelle un jeu (ou une œuvre) à « monde ouvert« . Je vais cependant revenir sur la mode récente, permise par les avancées techniques, de proposer un univers de jeu immense, riche et fouillé. Au delà de l’argument marketing (OUI ON A CRÉÉ 183571358123752935723459273529068 éléments donc forcément notre jeu est bon !) et de la performance réelle de code et game design, on a là une vraie problématique : ces jeux sont injouables.

Repensez aux dernières grosses sorties « mondes ouverts » depuis The Witcher 3, Red Dead Redemption, GTA V et compagnie. En vrai, quand je vois un jeu qui se gausse de ses « 238519357236923467 heures (ouais j’ai un sens de la mesure aujourd’hui) pour finir le jeu ! » très honnêtement je soupire et je me dis « ça a l’air chouette mais flemme quoi ».

Open world - monde ouvert
Trop grand, beaucoup trop grand !

Un tel contenu, si qualitatif soit-il, est un vrai problème. Son seul but est de vous garder captif de son univers et pas forcément pour de bonnes raisons (ouais y’a des DLC à acheter et des micro-transactions à rentabiliser).

Du coup quand le futur jeu Triple A sort avec son immense monde ouvert et qui me fait baver d’envie, je sais aussi que, au final, j’aurai pas envie d’y jouer. Parce que flemme quoi.

Alors ouais, j’ai pas parcouru ces grands univers ouverts, tant pis pour moi. Mais est-ce que ça doit être une gloire d’avoir poncé les trouze milliards de quêtes annexes à l’intérêt plus que limité ? J’en doute…

Game ouverts

Récemment, j’ai mis la main sur Fallout 4. Bon ok plusieurs années après la guerre (nucléaire). C’est un monde ouvert somme toute classique, dans un univers que j’apprécie particulièrement.

Le jeu démarre sur les chapeaux de roues, guerre, panique, protéger sa famille. Puis notre fils est kidnappé ! Misère ! Je dois aller le chercher le plus vite possible !

La porte de l’abri s’ouvre. Et là, plus rien à faire de l’histoire.

Je peux littéralement jouer des dizaines d’heures sans me préoccuper de la quête principale. Certains me diront ‘MAIS T’AS RIEN COMPRIS C’EST CA QU’EST GÉNIAL »

Ouais non. Le jeu nous fait comprendre et met en scène notre objectif, dans ce cas là : retrouver mon fils. Si le jeu veut que je me balade librement, faites ce choix. Comme Minecraft, ou l’excellent Mount and Blade (monde ouverts les deux !) de nous laisser maître de nos destins.

Un monde ouvert oui, mais pas sans histoire
Un monde ouvert oui, mais pas sans histoire

Quand on fait le choix de me raconter une histoire, svp faites-le. Les quêtes annexes je veux bien, j’en redemande même ! Certaines sont même très sympas. Mais elles doivent avoir un impact sur le monde qui m’entoure et en particulier la quête principale qui doit pâtir de mon retard.

Un monde ouvert ne doit pas se faire au détriment du storytelling et de l’expérience de jeu. Racontez moi des histoires ! Surtout dans des univers aussi passionnants 🙂

Mais alors, en fait tu veux que des jeux couloir c’est ça ?

Non.

Je vais prendre quelques exemples de jeux qui vous proposent des choix, forts et importants mais dans un univers clos.

J’aime beaucoup par exemple, Along The Edge (C’est un jeu indé, peu connu, mais tip top méga groove). Dans ce jeu, vous allez avoir des choix. Pleins. Graves et importants. Or pour maitriser la narration, le jeu va vous cadrer. Mais grâce à ce cadrage, vos choix auront une vraie importance dans l’histoire. Le simple fait de prendre du retard sur certains choix influera sur le déroulé du scénario. Pour vous dire, certaines décisions m’ont littéralement paralysé pendant plusieurs minutes avant de pouvoir choisir.

Autre exemple, Life Is Strange (dont j’ai parlé et et dont je vais reparler bientôt parce que j’aime bien). L’univers vous laisse aussi une certaine liberté d’évolution. Vos choix restent très importants et les sensations que va vous proposer le jeu ne sont possibles que grâce à ces limites qu’il vous pose.

Les choix dans un monde ouvert
Faites des choix, et par pitié faites les compter

Dans les JDR :

Ouais parce qu’à un moment faut bien revenir au fond de l’affaire !

L’idée est la même en gros. Si dans votre JDR, l’idée est de me raconter une histoire, merci de le faire. Je sais que le JDR c’est top parce que le monde est ouvert et qu’on peut faire « tout ce qu’on veut ».

Mais si votre but est de raconter une belle histoire, cadrez ce monde ! Si votre but c’est de faire de l’exploration ou du gameplay émergent, faites-le, mais ne venez pas me vendre un scénario ! (« Oltréé ! » fait ça très bien par exemple, en nous proposant des « terrains de jeu » plus que des scénarios).

L’idée reste d’être cohérent dans votre approche et de ne pas avoir peur d’imposer des choses à vos joueurs pour les amener dans le chemin que vous voulez leur faire emprunter.

Alors les mondes ouverts oui, mais gérez votre approche 🙂

Tout est contrat

Maintenant que j’ai (beaucoup) pesté, il est temps de réfléchir un peu.

En fait, ce que révèle ce que je viens de raconter, c’est qu’il est important lorsqu’on propose un divertissement d’être clair sur le contrat qu’on pose.

Quand vous ouvrez une partie ou un jeu, clarifiez le contrat que vous souhaitez. Si vous me dites « ouais on fait du Warhammer ». Ce n’est pas suffisant. Je veux savoir si on va faire beaucoup d’action, de l’horreur, du PMT, etc.

Avec ce type d’initiatives, je pense que les parties gagneront en cohérence. De même, le risque d’avoir un joueur ou une joueuse qui s’ennuie en partie ou qui ne retrouve pas ce qu’il ou elle voulait en est réduit.

Contrat d'agrément au jeu ouvert
C’est quand même la base de partir sur l’accord de tout le monde

Quid de la surprise ?

Surprendre un joueur n’est pas forcément idéal à mon sens. Les quelques fois où je l’ai (bien) été c’est soit quand j’ai décidé de faire un « JDR mystère » donc je ne savais clairement pas ce que je voulais faire et du coup je suis ouvert à tout. Soit quand j’ai décidé de me faire surprendre. Typiquement « tiens ce jeu, je connais pas, son approche a l’air originale, je tente » ou « tiens j’ai pas fait de PMT depuis longtemps, je tente celui là ! ».

Si vous voulez être surpris, vous le serez 🙂 Si vous voulez plutôt savoir où vous mettez les pieds, vous pouvez. La liberté, à mon sens, est là.

Enfin pour des raisons de sécurité émotionnelle, être transparent sur ce qu’on propose est nécessaire. J’ai par exemple récemment joué à un jeu excellent (Summerland) et le MJ a clairement indiqué dès le début la couleur. « Ce monde est violent, réaliste et brutal. Les traumatismes psy y ont une place prépondérante ».

Clairement ce jeu n’est pas pour tout le monde. Mais le fait de la savoir permet de prendre une décision en toute connaissance de cause. S’il avait juste été présenté comme un « jeu post apo d’exploration ». Bah pardon mais ça aurait été malhonnête pour les participant et participantes. Certaines auraient pu ne pas du tout apprécier l’ambiance.

Pourtant est-ce que le premier descriptif gâche la découverte, la surprise ou le scénario ? Clairement pas.

 

Au final ce (très/trop, au choix) long article pour dire quoi ? Déjà les jeux ouverts, on se calme. Ensuite soyez transparents avec ce que vous proposez à vos joueurs (de JDR, jeu vidéo ou quoique ce soit d’autre) et votre expérience de jeu (ainsi que la leur !) sera bien plus intéressante et immersive 🙂

Guillaume COEYMANS

 

Et si la résurrection de vieux JDR c’était finalement cool ?

Réflexion qui m’est venue après l’article du Fix (ex di6dent) sur les rééditions à venir de « vieux » jeux de rôles qui pullulent cette année. On pourrait râler en se disant « c’est nul ça joue sur la nostalgie, pas de créativité, patati patata » etc. Pourtant, je pense qu’il y a un truc super intéressant derrière. Alors on y va ! 

Un peu de contexte :

Une tendance … discutable :

On le voit depuis quelques années maintenant, une certaine mode des « remastered », des « on fait comme aux origines » et des « remake à l’identique » dans le monde culturel.

Dans la plupart des situations, je trouve ça plutôt faible créativement parlant, on va dire. Mais surtout, c’est une stratégie qui surfe sur la vague du « cétémieuxavantisme » qui est vraiment une mauvaise vague.

D’autant que par sa nature de sous-culture dans une sous-culture, l’univers des rôlistes a tendance à être très conservateur et à voir d’un mauvais œil tout ce qui pourrait déranger ses habitudes ancrées depuis des années.

Les rolistes sont donc friands de tout ce qui peut flatter leur conservatisme, et donc les rééditions de vieux JDR flattent leur pratique et font recette (en témoignent les Crowdfunding records).

Moi un « vieux » roliste ?

Je ne me considère pas comme un « vieux » rôliste. J’ai environ 15 ans de pratique plus ou moins régulière (j’ai commencé autour de 12 ans et je m’y suis mis très sérieusement vers 19 ans. J’en ai 28, faites le calcul). Pour certains vieux d’la vieille, je suis un p’tit jeune. J’ai pas connu la chasse aux sorcières, les paniques morales, Mireille Dumas et consorts.

Quand j’ai vraiment commencé à me dire « maintenant je fais du JDR sérieusement » on en était déjà à la V6 de Cthulhu, 3.5 de D&D, 3 de Warhammer et compagnie. Le JDR était, à défaut d’être répandu, accessible et varié.

Mais aussi, plein de vieux jeux dont on me parlait parfois étaient tout bonnement inaccessibles ! C’est là que les Herbert West du JDR interviennent !

Dr Franken-jdr

Ils sont éditeurs (Raise Dead), ou indépendants qui passent par des CF ou les rentrent dans leurs gammes classique. Leur point commun ? Ils rééditent de vieux JDR.

De tête je citerai Vermine, Bitume, Rêves de Dragon, Pavillon noir, et bien bien d’autres. Ces jeux, je ne les ai pas connus, alors qu’ils semblent avoir eu un impact certain. C’est donc idéal pour moi de découvrir ces jeux via ces nouvelles éditions. Même pour des jeux plus récents comme Knight, que j’ai raté à sa première sortie, j’ai pu le découvrir grâce à sa superbe réédition.

Frankenstein du JDR
It’s alive !

Parce qu’en plus, ces nouvelles moutures sont enrichies (c’est le cas de le dire) par des financements participatifs records ! Du coup on a souvent droit à des ouvrages de bonne qualité, avec un contenu solide et une édition tiptop.

En théorie bien sûr. Y’a toujours des contre-exemples 😉 Des rééditions paresseuses, pas inspirées ou mauvaises. Mais bon globalement je trouve que c’est, dans mon cas, une excellente porte ouverte sur des JDR que je n’aurais pu connaître que par leur légende !

Alors certes, c’est aussi là pour flatter les vieux rolistes et faire des sorties à peu de risques en étant sûr que le public restera présent. Parfois la créativité est tout juste acceptable. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, ça peut être intéressant.

Mais je vous en CONJURE : n’oubliez pas de regarder les jeux récents et ultra-novateurs qui sortent souvent, de l’essor du PBTA jusqu’aux fameux trucs qui ne sont « pas du JDR« , je suis sûr que vous trouverez votre compte 😉

En tout cas, vous soufflerez un vent de fraîcheur sur votre pratique !

Voilà un article un peu court, mais l’actualité s’y prêtait et je voulais parler de ce sujet depuis un moment ! N’hésitez pas à me partager en commentaire ce que vous pensez de ces résurrections et quels sont vos tops/flops parmi ces dinosaures ramenés à la vie 🙂

 

Guillaume COEYMANS